Dans les griffes du dragon rouge
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 14/08/2010 (Tags : dans film dragon griffes rouge cinema films
Dolph Lundgren et Brandon Lee font équipe pour le réalisateur de Commando. Ils affrontent des Yakusas et fricotent avec Tia Carrere. Que demande le peuple ?!
Dans les griffes du dragon rouge fait partie de ces oubliés du cinéma d'action, que l'on redécouvre avec plaisir malgré leur bêtise assumée et leurs clichés omniprésents. Si le titre français présente une parenté avec le film de John Carpenter Les aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin, on peut en dire autant du titre original Showdown in Little Tokyo, qui renvoie directement à Big Trouble in Little China... Les deux n'ont pourtant que peu de choses en commun,
Tagawa en a une petite (arme)hormis leur nature de film d'action américain trempé dans la culture asiatique. Ici, point de surnaturel ni de kung-fu, on est dans l'intrigue policière et le karaté... En tout cas, rien à voir avec Hannibal Lecter, ni avec Buck Danny qui a pourtant vécu une aventure titrée Dans les griffes du dragon noir.
Comme dans tout bon buddy movie, le pitch tient dans la poche : les flics Chris Kenner (Dolph Lundgren) et Johnny Murata (Brandon Lee) sont aux antipodes l'un de l'autre, car le premier est un Américain élevé dans la culture japonaise, tandis que le deuxième est un demi-Japonais qui a grandi aux USA. Ils doivent cependant faire équipe pour vaincre une bande de yakusas qui font régner la terreur dans le quartier japonais, sous le commandement de l'ignoble Funekei Yoshida (Cary-Hiroyuki Tagawa). Récompenses à la clé : accomplissement d'une vengeance personnelle et emballage de bonasse (Tia Carrere, quelques années avant la série Sydney Fox l'aventurière). Manque de bol pour l'équilibre du film, ces enjeux dramatiques concernent tous les deux le personnage de Lundgren, qui n'avait pourtant pas besoin d'une telle aide pour tirer la couverture à lui : l'acteur est plus grand et plus charismatique que Brandon Lee, et ce dernier peine à faire oublier qu'il est le fils de Bruce. Tandis que Dolph attire la sympathie avec son trauma
Lundgren en a
une grosse (épée)d'enfant et ses lubies japonisantes (malgré ses deux mètres et sa tignasse blonde, il respecte le bushido avec le même entrain incongru que le samouraï joué par Forest Whitaker dans Ghost Dog), Brandon se contente de jouer les sidekicks fadasses et de servir quelques répliques manufacturées pour l'occasion (« Vous avez le droit de garder le silence... et d'être mort »).
Délivrant son quota de bastons et de bastos, le film ne lésine pas non plus sur le racolage à base de femmes nues : les héros visitent un restaurant où les gens consomment leur repas sur les corps soumis de donzelles que l'on espère bien payées, tandis que Tia Carrere fait appel pour sa scène de sexe à un body double aux tétons crânement dressés. Calibré selon une formule éprouvée, Dans les griffes du dragon rouge possède toutefois ce côté réjouissant des années 80 (on en sort tout juste, puisque nous sommes en 1991), où les vannes rigolardes et l'action brutale ne se laissaient pas grignoter par les effets spéciaux ripolinés et le politiquement correct.
A la réalisation, on trouve le sympathique Mark L. Lester, à qui l'on devait déjà Class of 1984 et Class of 1999, mais aussi Commando avec Schwarzie ; depuis, il a sombré dans le purgatoire de la vidéo, dirigeant mollement des mecs comme Coolio dans des productions cheap à bases de flingues ou de dinosaures numériques. Dolph Lundgren s'est lui aussi enfermé dans le direct-to-video à la chaîne, et Brandon Lee est mort bien jeune sur le tournage de The Crow. Heureusement que le cinéma, y compris la série B débilos, rend immortel.