Les fils du vent
Cinéma / Critique - écrit par weirdkorn, le 25/06/2004 (
On ne le pensait pas, ils l'ont fait. Oui, les Yamakasi sont de retour dans un nouveau film dénommé Les fils du vent. Le premier atteignait des sommets de nullité à tous les niveaux, le second est dans la même lignée. Il fallait d'abord se démarquer de Yamakasi, faire une histoire plus prompte à apparaître dans un film et que chaque plan soit un massacre audiovisuel. Les fils du vent ne réussit que dans la première phase. On change de registre, passant d'un film de banlieue avec un peu d'action à un film de baston pur et dur (en théorie seulement). Alors on s'attend à ce que ça se castagne sec dans ce film qui n'est pas une suite de Yamakasi puisque ceux-ci n'interprètent pas leur propre rôle (encore faudrait-il qu'ils sachent jouer pour dire ce nom) cette fois-ci. Au final, on a plutôt une démonstration de tout ce qu'il ne faut pas faire cinématographiquement.
A la base, chaque Yamakasi est donc isolé, l'un vivant à Londres, l'autre à New York, etc. Et tous parlent français, c'est merveilleux ! Ils se retrouvent à Londres pour promouvoir leur sport, l'art du déplacement, pour finalement tous se retrouver à Bangkok parce que l'un d'entre eux y a ouvert un gymnase afin que les enfants puissent s'y entraîner. Mais une fois sur place, ils ont vite des problèmes entre les Triades et les Yakuzas dont font partie deux franco-chinois. Mais de toute façon, tout le monde se comprend puisque le français a l'air d'être la langue officielle des bandes mafieuses asiatiques.
Alors, qu'est-ce que donnent les Yamakasi, sept pros de l'acrobatie et autres pirouettes physiques, au pays d'Ong Bak? Et bien vraiment pas grand-chose, si ce n'est rien. L'idée de base était bonne, faire un film de baston avec les Yamakasi dans un pays étranger. Mais après, il faut avoir le talent pour le réaliser et en France, dans ce genre, on ne l'a pas. Julien Seri fait ce qu'il peut mais il peut peu, vraiment peu. Les fils du vent se plante dans tous les domaines. On a l'impression de voir à chaque instant tout ce que l'on peut faire de plus mauvais au niveau des acteurs (désolé les Yamakasis, mais à part deux ou trois, vous êtes à pleurer) ainsi que des dialogues d'une pauvreté et d'une simplicité affligeantes. Mais bon, le film pourrait encore passer si tout le reste n'était pas aussi nul. Le scénario est classique, souvent mauvais et pourrait être encore pire. Mais on retient vraiment une chose, toutes les invraisemblances qui se produisent. Le type saute du haut d'un immeuble et atterrit le plan suivant sur ses deux pieds ou autres du même style. Pour résumer, le public rigolait beaucoup, plus par dépit devant ces idioties que pour une situation cocasse puisque le sérieux est un des maîtres mots du film. Du second degré n'aurait pas fait de mal. Le rythme est également monstrueusement lent, le réalisateur n'arrivant pas enchaîner entre deux scènes de baston. Mais que vaut la castagne ? C'est quand même pour ça que l'on a fait le déplacement. Je trouve que ça alterne le passable et le médiocre. J'admire les Yamakasi pour leurs qualités physiques mais ce ne sont pas des maîtres en arts martiaux. Ils ont tout de suite tendance à sauter, grimper, s'accrocher sur tout ce qui passe. Ils filent quelques bons coups mais ça ne vaut pas les films asiatiques sur ce point. C'est dommage, bien dirigé et avec de l'imagination, je suis sûr qu'on pourrait en tirer quelque chose. Et puis certains Yamakasi ont l'air meilleurs que d'autres (Chau Belle Dinh, Willam Belle) tant dans le jeu que dans le combat. D'ailleurs, question arts martiaux, Elodie Yung se débrouille au moins aussi bien que ses partenaires masculins. Quoi qu'il en soit, ce film est aussi décevant question action, ce qui est le plus dommageable. C'est filmé souvent d'un peu trop près et de manière confuse.
Au final, on retiendra le côté humour involontaire des fils du vent. Certaines scènes sont tellement mauvaises et ridicules qu'elles en deviennent comiques. Au moins, le film aura eu le mérite de me faire rire. Mais bon, avant de faire un nouveau film avec les Yamakasi, il faudra d'abord leur apprendre à jouer, écrire des dialogues potables et engager un bon réalisateur qui saurait régler les cascades et bien amener l'action. Vraiment, la France n'est pas bonne pour nous offrir de bons films de baston. Retournons plutôt voir une nouvelle fois Ong Bak.