Ong-Bak
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 21/02/2004 (Tags : film bak ong jaa tony thai dvd
Il y a des films qui, sans crier gare, arrivent sur nos écrans sous la forme de bande-annonce et qui persistent pourtant dans nos esprits des semaines et des semaines (jusqu'à la sortie, en général). Ong Bak en fait partie. Et je réclame de l'indulgence, car il ne s'agit guère d'intellect ici. Juste des pulsions primaires, qui nous ramènent souvent devant un film d'arts martiaux chinois. La Thaïlande contre-attaque...
Le petit village reculé de Nong Pradu se fait dérober la tête de la statue de leur divinité locale, Ong Bak. Les habitants, en plein préparatifs cérémoniales, craignent les foudres de leur dieux et se lamentent de ce crime honteux. Ting, un jeune homme entraîné au Muay Thaï depuis sa plus tendre enfance, se propose alors pour ramener la relique volée, a priori entreposée à Bangkok...
Soyons sérieux : on se tape du scénario comme on pourrait se taper de l'évolution du serpent à clochette pendant les saintes croisades. Le guerrier maître en arts martiaux à la recherche de sa statue/talisman/brosse à dents/amulette volée, effectivement, ce n'est pas nouveau, et encore moins gorgé d'intérêt. Que pourrait un sombre inconnu thaïlandais contre les figures emblématiques du genre que sont Jackie Chan, Jet Li, ou Chuck Norris (je plaisante, là) ? Ceci est l'erreur que pourrait commettre n'importe quel personne sans avoir vu la bande-annonce. Car sous-estimer Tony Jaa, nouvelle tête du bourre-pif oriental, serait comme décider de changer une ampoule dans son bain : suicidaire. Le gus n'est en effet pas du genre à se moucher du coude ; bien qu'il préfère directement le mettre dans le nez de son adversaire. Vous ne connaissez pas le Muay Thaï ? Dans les grandes lignes, une ancienne discipline martiale ancêtre de la boxe thaïlandaise, raffolant des coups de coude, de genou, et de tout ce qui pourrait faire mal. Violent, certes. Et c'est exactement ce que Ong Bak souhaite montrer. Pas de câbles, pas d'artifice apparent. Si le scénario prévoit le pied dans la figure, le pied ira effectivement dans la figure de la victime. A partir de là, toutes les excentricités sont permises : double coup de genou sauté (mémorable), coup de tibias enflammés, pulvérisation de casque de moto, etc. Ils vont loin, très loin dans le côté spectaculaire de la violence. Mais n'en oublie pas ce qui fait du film d'arts martiaux un film d'art. Tony Jaa n'a probablement rien à envier à Jackie ou Jet, sur le plan de la technique. A de nombreuses reprises, il démontre une vigueur, une dextérité qui impose le respect et l'admiration, au niveau des clowneries de Chan le côté comique en moins. Un vrai phénomène. On comprend alors aisément les principaux objectifs du film, et, de fait, les raisons d'une telle niaiserie dans la quasi-totalité de ses aspects (jeu des acteurs, péripéties, l'humour, l'histoire, etc.). La caméra sait exactement ce qu'elle doit démontrer, suit parfaitement l'action pour mieux en montrer sa crédibilité, et ose même parfois de le faire en multi-angles (la même scène montrée au ralenti sous plusieurs angles différents, successivement) !
Un film d'arts martiaux qui, sur bien des aspects, et notamment son scénario, ne vaudrait même pas que l'on prononce son nom dans un délire comatique. Ca, c'est sans compter Tony Jaa, l'« acteur principal », ou devrais-je plutôt dire la nouvelle référence du film de coups de tatanes dans la tronche, d'une technicité tellement irréprochable qu'il en devenait indispensable d'en faire un film pour le montrer. Et pas de chiqué s'il vous plait, ni de câbles, tout a été réalisé jusqu'au moindre coup de coude. On tire son chapeau (et on compatit pour tout ses figurants qui ont du s'en prendre plein la figure pendant des semaines).