Dossier Ciné : Qui est vraiment Batman ? - Partie 2
Cinéma / Dossier - écrit par Hugo Ruher, le 12/09/2013Tags : batman film bruce joker knight dark cinema
Salut à tous et bienvenue dans ce dossier consacré aux différentes incarnations de Batman au cinéma. Dans l’épisode précédent, nous avions déjà pu profiter de Michael Keaton et de Val Kilmer en super-héros masqué, et nous nous étions arrêtés au moment où Batman perdait sa tonalité sombre pour se lancer dans la comédie familiale signée Schumacher.
Comme je l’avais dit, Batman Forever a radicalement supprimé tout ce qui a rendu les films de Burton mémorables mais a tout de même connu un succès retentissant qui a logiquement appelé à une suite. Schumacher, qui vient de réaliser un drame judiciaire sur fond de Ku Klux Klan plutôt bien accueilli, Le droit de tuer, est pourtant toujours partant. Mais Val Kilmer étant pris par le tournage de Le Saint qui lui vaudra un Razzie Award il faut lui trouver un remplaçant.
Georges Clooney : le plus je-m’en-foutiste (1997)
Georges Clooney laisse donc légèrement Urgences de côté pour se lancer dans le monde du cinéma. Il faut dire qu’en 1996, lors du tournage du film, Clooney n’a fait que des incursions relativement confidentielles sur le grand écran. Les puristes se souviennent de lui dans Le retour des tomates tueuses et Une nuit en enfer mais il est avant tout et pour la majorité connu comme le docteur Ross dans Urgences.
Cela n’enlève rien au fait que Clooney est l’acteur star d’une des série les plus populaires du moment et que même s’il n’est pas un talent confirmé, il reste suffisamment bankable pour incarner Batman. Et puis vu qu’on a totalement gommé ce qui faisait le côté dark du super-héros, en faire un beau gosse décontracté et souriant ne choque personne.
On a donc le docteur Ross en Batman, et Schumacher rajoute Schwarzy en Mister Freeze et Uma Thurman encore auréolée de Pulp Fiction en Poison Ivy. Et aussi Chris O’Donnell en Robin mais on s’en fout. Ah oui, le titre est Batman et Robin même si c’est difficile de dire qu’ils sont au centre du film tellement celui-ci est foutraque.
Vous croyez qu'ils ont gardé cette photo pour leur cheminée?
Maintenant, voici la partie la plus difficile pour le rédacteur de ce dossier : rester poli en parlant de Batman et Robin. Pour faire court, disons qu’il s’agit d’un bordel inconsistant avec des dizaines d’histoires secondaires inintéressantes, des blagues qui tombent à l’eau et des acteurs qui en font des tonnes. Pour plus d’informations je vous conseille la lecture de la critique de Nicolas.
Le Batman qui a su se reconvertir
Pour ce qui est de la performance de Clooney, c’est un peu difficile de juger tellement il parait transparent. Il faut dire que pour contrebalancer l’exubérance de Jim Carrey dans Batman Forever on nous a mis deux méchants qui surjouent ! Arnold en fait des caisses et fait passer le docteur Denfer dans Austin Powers pour un modèle de subtilité, tandis que d’un autre côté, Uma Thurman est juste navrante.
Et dans tout ça, notre cher George passe comme un fantôme en récitant quelques répliques par-ci par-là. On le verrait presque jeter un coup d’œil sur le côté pour voir si son agent a récupéré le chèque. Il est encore plus flegmatique que lorsqu’il vend du café.
Ce serait un bon scénario sur la retraite des super-héros.
Du coup, on pourrait croire qu’après une première entrée ratée à ce point dans le monde des blockbusters, la carrière de Clooney se serait empâtée dans des séries télé ou des direct-to-DVD. Il faut dire que huit ans après le premier Batman, Keaton n’est pas devenu le plus demandé des acteurs.
Pourtant, Clooney persiste et l’année suivante, il quitte son rôle dans Urgences pour se consacrer davantage au cinéma. Un choix qui paie puisqu’il tourne en 1998 dans La ligne rouge de Terrence Malick et en 2000 dans O’brother des frères Coen. Une reconversion réussie qui continue tranquillement aujourd’hui.
George Clooney est parvenu à quitter son image de Batman est à se faire reconnaître comme un acteur et un réalisateur de talent. Une chance que n’ont pas eue ses prédécesseurs qui ont portés le costume du chevalier noir. Clooney n’a peut-être pas profité de ce rôle, mais au moins, ça n’a pas détruit sa carrière. En tout cas, Batman et Robin a réussi à mettre à mal momentanément la franchise Batman, puisqu’il faut attendre 2005 pour voir son retour au cinéma.
Christian Bale : le plus torturé (2005, 2008 et 2012)
La franchise Batman a donc pris un sacré coup et il lui est difficile de s’en relever. Et à l’aube des années 2000, le bilan est clair. On se souvient parfaitement des films de Burton et des séries télé assez exigeantes tandis que les farces d’Adam West et de Schumacher sont tombées en désuétude. La direction à prendre est donc facile à choisir : Batman doit redevenir la chauve-souris sombre et torturée qu’il était.
Le choix se porte alors sur un jeune réalisateur que certains n’hésitent pas à qualifier de génie : Christopher Nolan. Déjà auteur des succès Memento et Insomnia, Nolan a tout pour faire renaître Batman. Un imaginaire brut, une filmographie sérieuse qui n’hésite pas à flirter avec le tragique et à malmener ses héros et un univers sombre et réaliste.
Je suis torturé, Mothafucka!
Et pour faire les choses bien, Nolan décide de faire table rase et de reprendre l’histoire de Batman à zéro. Difficile de piétiner encore plus ce qu’a accompli Schumacher… Nolan impose un style extrêmement réaliste en donnant (surtout dans Batman Begins) une large place aux personnages et à leur psychologie.
Enfin, pour la première fois, Batman va être incarné par un anglais, Christian Bale. Déjà acteur reconnu par ses rôles dans L’empire du soleil de Spielberg, mais aussi American Psycho et Equilibrium (roooh ça va il était marrant ce film !). Il propose une performance aux antipodes des précédentes, même de Keaton.
Pas aussi bien que Keaton... mais différent
La différence se fait particulièrement sur la partie Bruce Wayne du personnage. Keaton, dans les films de Burton, était Batman depuis un bon moment et avait appris à rester absolument impassible en tant que Bruce Wayne. Mais celui de Bale est beaucoup plus inconstant, torturé entre ses deux personnalités. On a donc un Batman plein de doutes et de faiblesse. En somme, un Batman plus humain.
Là il va mieux. On le voit à l'absence de barbe.
Un cocktail assez novateur dans l’univers des super-héros même si aujourd’hui, c’est devenu quasiment obligatoire d’avoir un héros qui doit vivre avec ses failles. En tout cas, Batman est sauvé. Même moi qui ne suis absolument pas fan de cette trilogie, je suis prêt à reconnaitre que Nolan a apporté un aspect moderne et réaliste inédit dans la carrière du personnage… Par contre je ne vois pas bien comment on peut trouver Gotham si vraisemblable étant donné qu’on y a construit un asile d’aliénés en plein cœur du centre-ville. Bref.
Et pour Christian Bale, tout va bien merci. Après avoir incarné la chauve-souris dans l’ensemble de la trilogie à succès, il tourne dans le prochain Terrence Malick et sa carrière semble bien lancée.
Toujours dans la même tendance, Man of steel 2 : Superman VS Batman semble vouloir montrer un Batman plus dur, plus réaliste et plus sérieux. Comme quasiment tous les films actuels qui veulent du sombre, du réel etc… Tout ça pour dire que crier à l’hérésie quand on nomme Ben Affleck est grandement exagéré. Pour les fans du comic, bien sûr que Batman est le super-héros sombre par excellence, mais ça n’a pas toujours été le cas au cinéma ou à la télévision. Rendre Batman dépressif et torturé n’est pas une vérité absolue à laquelle on ne devrait pas déroger. Le chevalier noir a eu autant de personnalités que de visages différents, une de plus ne changera rien. Et puis pour les irréductibles qui ne supportent pas la moindre incartade au matériau d’origine, rappelez-vous que tout reprendre et tout modifier, c’est un peu le propre des comics. Alors estimez-vous heureux qu’une telle liberté soit possible, elle évite à une série de tourner en rond en s’imposant un corpus de règles vieillissantes.
Et puis même si Ben Affleck est mauvais, on est quasiment sûr qu’il n’aura pas de Bat-tétons. Déjà fait, ça n’a pas marché.