Insomnia
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 15/11/2002 (Tags : insomnia film nolan christopher pacino dormer williams
La nouvelle marotte d'Hollywood, c'est de proposer un remake tout beau tout ricain de films qui n'ont même pas 10 ans, juste histoire d'américaniser le tableau pour le rendre moins hermétique aux yeux du plus large public. C'est le cas notamment du Ouvre Les Yeux d'Alejandro Amenabar, qui s'est transformé sous l'oeil bienveillant de Tom Cruise en Vanilla Sky. Pas un mal à bien y regarder, même si l'original reste meilleur dans sa singularité. Tout ça pour dire qu'Insomnia fait partie de cette famille copie ricaine, qui a posé son regard cette fois sur un film norvégien du même titre, produit en 1997...
Vieux flic blasé de Los Angeles, dont le service est noyé sous les assauts de la police des polices, Will Dormer (Al Pacino) et son partenaire Hap s'envole pour l'Alaska afin d'élucider un crime comme il en a tellement résolu, le meurtre singulier d'une adolescente. Doucement, il remonte la piste et établit une embuscade au tueur, qui repère la flicaille et s'enfuit à toutes jambes. Dans l'épais brouillard, Will le prend en chasse et tire par mégarde sur son co-équipier. Au lieu d'avouer son erreur, il maquille les pistes et accable le meurtrier. Mais celui-ci, ayant assisté à la scène, contacte Will et propose un échange de bons procédés. S'ensuit une relation plus qu'ambiguë entre les deux ennemis....
Lorsque l'on parle Thriller, on pense de suite à un univers glauque, sombre, inquiétant dans sa noirceur, comme pourrait nous le peindre un Seven. Insomnia balaye ce préjugé, en construisant une intrigue en plein milieu de l'Alaska dans un bled où la lumière du jour s'installe pour plusieurs mois sans interruption. La photographie prend alors de suite un autre aspect, plus éclairé, une ville souvent déserte comme si le matin n'en finissait jamais. Conséquences directes pour le héros : la lumière persistante, et ses remords, lui causent de graves insomnies, ce qui l'empêche d'avoir les idées bien claires. Un trait commun avec le tueur, semble-t-il. Un tueur qui prend les traits de Robin Williams, peu habitué à ce genre de rôle, qui offre une composition peut-être trop classique du meurtrier un brin timbré, alors que Pacino s'en sort (une nouvelle fois) à merveille avec son insomniaque de flic. Dommage notamment que l'influence des insomnies de Will n'ait pas été mise en valeur plus démonstrativement, vite expédiée en regards lancinants et deux-trois hallucinations. On pourrait également grogner (très légèrement) sur le rôle un peu creux d'Hilary Swank (et son enquête un peu annexe), les longueurs ici et là, et la fin relativement classique.
Insomnia propose une variation ingénieuse aux environnements habituellement sombres des thriller, plutôt bien mise en valeur visuellement, mais pas suffisamment ancrée dans la psychologie des personnages. Quelques regrets entament à peine une réelle réussite, bien écrite, bien réalisée, et pas mal interprétée.