Batman, le défi
Cinéma / Critique - écrit par Kassad, le 02/09/2005 (Tags : batman film burton pingouin defi gotham tim
Le meilleur de la saga
Deux ans après Batman, Tim Burton et Michael Keaton remettent ça dans Batman, le défi. Une fois n'est pas coutume dans le monde impitoyable des suites hollywoodiennes, c'est le meilleur épisode de la saga Batman. Je ne sais pas si
c'est le succès du premier épisode qui a dû donner de l'air, et des producteurs plus conciliants, mais force est de constater que Le défi possède une atmosphère Burtonienne première époque (ceux qui auront vu L'étrange Noël de monsieur Jack ou Edward aux mains d'argent comprendront bien de quoi je veux parler) plus marquée que jamais.
Tout allait plutôt tranquillement de son petit bonhomme de chemin à Gotham City. Bruce Wayne dans son château et le maire qui inaugure le sapin de Noël sur la place centrale. Seulement voilà, le Pingouin (Danny DeVito), une espèce d'être humanoïde génétiquement modifiée et rejetée par ses parents a soif de revanche. Il lance son gang du cirque semer la pagaille et la folie sur la ville. Batman est appelé à la rescousse, mais il doit bientôt faire face à un nouvel ennemi aussi inattendu que séduisant : Catwoman (Michelle Pfeiffer)...
On le voit dès les premières minutes du film : il s'agit d'un conte Burtonien avec tout ce que ça peut sous-entendre, en bien. L'action se passe à Noël, le repère du Pingouin est un zoo gelé inquiétant, le bateau du Pingouin est un canard de bain géant tout terrain, et le gang du cirque (du joueur de piano-mécanique/mitrailleuse lourde au caniche dressé avec une grenade à la bouche en passant par le cracheur de feu pyromane) sont typiques. On se croirait devant un spectacle à la Philippe Découflé qui dégénère. Le contraste avec un Batman plus austère que jamais n'en est que plus prononcé. Le ressort dramatique tranche lui aussi avec les films de super-héros standard : le Pingouin est un enfant renié qui veut juste être reconnu. De même Max Shreck (Christopher Walken), qui est un magnat sans scrupules (le parrain de la ville), veut construire une centrale électrique inutile (la ville a largement assez d'énergie) pour passer à la postérité. Les "méchants" ne le sont pas au sens usuel du terme, leurs motivations sont quelque part touchantes.
L'habituelle dichotomie des films de super-héros, bon/méchant, est encore brouillée d'avantage avec l'apparition de Catwoman. Une Catwoman un peu sur la tangeante, imprévisible, qui peut transformer une caresse en un coup de griffe
sans signe annonciateur. Ce personnage est une vraie réussite, mille lieues au-dessus de la "chose" (Catwoman) qu'en a fait Pitof (on s'apercevra d'ailleurs qu'il a piqué une scène à Batman le défi : le face à face entre Catwoman et des gardiens de nuit dans une joaillerie). Cependant, la seule remarque négative que je ferais de ce film la concerne : la transformation de Séléna en Catwoman est ratée. C'est dommage car Catwoman est elle, je le répète et le souligne, vraiment un personnage excellent.
Batman, le défi est un film hors du temps, hors de la réalité. Mais dans ce monde imaginaire, Tim Burton aborde des questions fondamentales sur la société (à noter la fabuleuse scène entre le Pingouin et Max Shrek sur les déchets), le besoin de reconnaissance (le désespoir du Pingouin, et dans une moindre mesure de Max Shreck), l'ambivalence qu'il y a en chacun de nous (Batman bien sûr mais aussi Catwoman), la différence et la tolérance. Le tout dans un monde merveilleux et cauchemardesque (l'attaque des pingouins télécommandés vous donnera un aperçu disons alternatif à celui de La marche de l'empereur) qui fait perdre les repères. Ce film est bien plus qu'un simple film d'action avec des héros masqués : ce sont en fait les masques de la vie de tous les jours qui y sont enlevés et on y voit l'ambition, la peur, l'envie, la recherche de l'identité sous leurs vraies couleurs. Le meilleur de tous les Batman assurément, de tous les films de super-héros sans doutes, et loin devant bon nombre d'autres.