La marche de l'Empereur
Cinéma / Critique - écrit par Vincent.L, le 27/01/2005 (
Avec une bande annonce inoubliable de beauté et d'émotion, portée par la musique profonde d'Emilie Simon, La Marche de L'Empereur pouvait laisser présager un film tout aussi surprenant. A la vue des 85 minutes du long métrage, force est de constater que cette B.A résumait tout le film à l'exception de la narration.
La narration est le point le plus noir de La Marche de L'Empereur. Avec trois voix, celles de Romane Bohringer, Charles Berling et Jules Sitruk, les humains parlent à la place des animaux, le plus souvent pour dire ce que pensent un couple de manchots et leur petit et plus globalement pour s'exprimer au nom de tous les males, toutes les femelles et tous les petits. Ce choix de narration a largement de quoi dégoûter à lui seul de tout le film car entraîne, dès les premièrs dialogues, du ridicule, de la niaiserie et de l'inutile. Ainsi, on entend souvent Romane et Charles répéter stupidement les mêmes phrases sur des tons poussifs et théâtraux qui sont mal appropriés à la plénitude des manchots. Les dialogues et commentaires sont très enfantins et apparaissent la plupart du temps comme superflus. La nature, au travers des images du réalisateur Luc Jacquet, des cris, des craquements, des gémissements et des plaintes des manchots aurait largement suffit à décrire le propos extrêmement léger du film.
En effet, côté scénario, il n'y a pas de message écologique, pas de révélations fracassantes sur la vie de ces animaux grandioses, pas de moments vraiment marquants. L'histoire est simple: les manchots marchent, s'accouplent, marchent; les males gardent les oeufs des petits pendant que les femelles vont chercher de la nourriture dans la mer avant de revenir; les males partent à leur tour se nourrir puis reviennent et enfin tout le monde s'en reva dans la mer. A la limite, on pourrait ne pas être trop regardant sur la lenteur et le vide du film puisque c'est un documentaire. Mais, il faut tout de même se rappeller que c'est un documentaire sur grand écran, donc que l'on attend plus qu'une petite histoire qui pourrait se résumer en 20 minutes sur un documentaire de Planète ou de France 5.
Même les dangers et les difficultés que rencontrent les manchots sont montrés de manière grossière et ont donc du mal à toucher.
Ce qu'a de plus La Marche de L'Empereur, au délà de belles images de grandes étendues de glace et de neige, de manchots impressionnants et mignons qui se cassent souvent la figure, c'est la musique d'Emilie Simon. Pleine de vibraphones joyeux, de violons intenses, de bidouillages électroniques originaux, de voix subtiles et douces, de cliquetis et de rythmes variés, elle charme plus que les images sans arriver néanmoins à les transcender. En effet, parfois la musique reste trop en décalage avec les manchots comme ce moment où une composition limite Techno accompagne les animaux.
Au final, la légitimité au cinéma de La Marche de L'Empereur est loin d'être évidente. La simplification humaine des dialogues au travers des manchots est plus que ratée et inutile, la performance technique (tourner à -40° avec le vent, le froid...), les belles images et la musique d'Emilie Simon ne changeant rien aux impressions de vide et de longueur.