Alien : la résurrection
Cinéma / Critique - écrit par nazonfly, le 22/01/2010 (Tags : alien ripley film resurrection jeunet aliens pierre
Le réalisateur français s'exporte difficilement à l'étranger. Alien resurrection, avec Jean-Pierre Jeunet à la baguette, en est une preuve.
Cocorico ! C'est un Français qui se voit confier le dernier opus de la Saga Alien, Jean-Pierre Jeunet. Ses précédents films, La cité des enfants perdus et surtout Delicatessen, ont été remarqués outre-Atlantique et il remplace Danny Boyle initialement présenté pour ce quatrième numéro. On se demande d'ailleurs comment le réalisateur français parviendra à imprimer sa touche à l'univers déjà bien fourni d'Alien.
Deux cents ans plus tard
Grrrr Grrrr,
Sigourney Weaver en mode actor's studio Reprenons tout d'abord la chronologie des précédents épisodes. L'équipage du Nostromo découvre Alien, le huitième passager sur la planète LV-426 en 2122. Ripley dérive en vaisseau de secours pendant 57 ans et est donc rapatriée sur la station spatiale en 2179 avant de se frotter une nouvelle fois aux Aliens. Quasiment dans la foulée, elle s'échoue sur la planète Fiorina 161 (Alien3). Ce quatrième Alien baptisé Alien: resurrection (Alien la résurrection chez nous) se déroule 200 ans après Alien3. Les principaux personnages de ce nouvel opus sont cinq contrebandiers de l'espace qui débarquent sur un vaisseau avec un chargement secret très important. Le spectateur découvre, dans le même temps, que le vaisseau détient plusieurs spécimens d'Aliens. Evidemment ceux-ci vont rapidement s'enfuir et terroriser l'équipage.
Le crawl de l'Alien
Il a pas un peu grossi Alain Bernard ? Même si Alien resurrection est réalisé par un magicien du cinéma à l'univers marqué, on peine à reconnaître la patte de Jean-Pierre Jeunet dans ce film, sans doute le moins personnel. Dans Delicatessen comme dans La cité des enfants perdus, et plus tard dans Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, les personnages sont la substance du film, ils donnent forme à un monde désuet et véhiculent souvent une pincée de poésie ou de merveilleux. Dans Alien resurrection, les différents personnages sont caricaturaux au possible. On retrouve ainsi deux des acteurs fétiches du Français, Dominique Pinon et Ron Perlman, le premier joue un handicapé mécanicien de génie très énervant avec son accent français assez affreux, le deuxième n'est qu'une brute épaisse, une montagne de muscles tout juste bonne à flinguer ce qui bouge et à faire des blagues salaces. On les a connu franchement mieux utilisés par Jeunet. La patte du réalisateur ne semble se montrer finalement que dans les scènes aquatiques, une nouveauté dans l'univers d'Alien qui semble, au contraire, trouver sa source dans les précédents films de Jeunet.
L'Alien est un homme comme les autres
Oh myyyy love, myyyyy darling Encore une fois la nouveauté et l'intérêt du film (vraiment minime) résident dans l'évolution des Aliens. De l'Alien inquiétant et oppresseur du premier film, de l'Alien symbole de maternité du deuxième, de l'Alien animal du troisième, on passe ici à un Alien terriblement humain, dévoilant une intelligence réelle. Dans une scène marquante, des Aliens s'enfuient de leur prison en faisant preuve d'une ingéniosité certaine, tout en conservant une sauvagerie propre. Ce côté humain et violent atteint son summum dans une dernière scène où le ridicule se mêle à l'amour et à la haine. En parallèle de cette évolution, le personnage de Ripley change lui aussi du tout au tout. On la découvre ainsi cynique et désabusée, revenue de tout, loin de la survivante du premier numéro. Ripley est, de cette façon, la seule qui tire vraiment son épingle du jeu dans ce dernier épisode en date, le seul personnage qui reste intéressant.
Après la fin christique de Alien3 qui semblait annoncer la fin de la Saga, c'est vraiment une résurrection qui s'opère dans Alien resurrection, celle de Aliens, un film sous-intraveineuse de testostérone où le nombre de punchlines et d'armes est inversement proportionnel à la qualité du film. Les Aliens se multiplient tandis que le spectateur baille empreint d'un ennui profond. Pourtant on pouvait attendre beaucoup de la rencontre de deux univers aussi différents que celui d'Alien et celui de Jeunet qui aime à donner un côté humain à ses « monstres ». Force est de constater que le réalisateur français se fait bouffer par l'extraterrestre. A notre plus grande tristesse.