3.5/10Paycheck

/ Critique - écrit par Nicolas, le 25/02/2004
Notre verdict : 3.5/10 - Check en bois (Fiche technique)

Tags : john paycheck film woo science fiction michael

Check en bois

Je vous ferai pas l'affront de re-présenter Philip K. Dick, romancier américain spécialisé dans la science fiction et les intrigues alambiquées, John Woo, le réalisateur chinois installé aux Etats-Unis pour le meilleur (Volte face) comme le moins meilleur (Windtalkers), Ben Affleck (Armageddon, Dogma, Daredevil, que du bon), et Uma Thurman (Kill Bill, Pulp Fiction, ...). Autant de noms prestigieux, et pour la plupart bourrés de talent (y s'y cache un vilain petit canard !), ne pouvait que gonfler l'intérêt d'un film qui serait facilement passé inaperçu. Et son synopsis avait également de quoi mettre le cerveau aux aguets (la forme passée, du grand art pour exprimer une déception). Blague facile, mais néanmoins pas inappropriée, Paycheck rimait avec échec (et là je suis content de moi)...

Pour respecter sa clause de confidentialité, Mickael Jennings (Ben Affleck), ingénieur talentueux, a mis une méthode infaillible au point : sitôt le boulot terminé, son pote Shorty (Paul Giamatti) lui efface de sa mémoire tous les détails de sa précédente opération. Plus qu'à prendre le chèque et à le dépenser comme bon lui semble, sans aucun souvenir. Après une nouvelle mission menée à bien, Rethrick (Aaron Eckhart), connaissance de longue date, lui propose un nouveau contrat potentiellement capable de lui rapporter de quoi flâner jusqu'à la fin de ses jours. Un investissement de 3 ans, à oublier une fois le travail terminé. Mais une fois le contrat rempli, et la mémoire effacée, Jennings s'aperçoit que pendant le laps de temps passé sous les ordres de Rethrick, il prit la décision de renoncer à son argent au profit d'une enveloppe contenant un certain nombre d'objets anodins...

Comment ? C'est un film de John Woo ? Pendant près d'une heure et quart, on est en droit de douter, le réalisateur se tenant assis dans une position qui ne lui ressemble (vraiment) pas et monte son thriller avec l'imagination d'un scénariste de série Z. Pas un mauvais thriller, reconnaissons, ou tout du moins à la base. Sous la coupe des scénaristes Made In America, une nouvelle un tant soit peu intéressante de K. Dick peut tout à fait devenir un ramassis de courses-poursuites et morceaux de faux suspense comme chaque acteur célèbre en a déjà vécu cent. Affleck y compris, ce qui ne l'a vraisemblablement pas aidé dans l'évolution de son « jeu ». Mais je ne m'attarderais pas sur la composition de cher Ben qui ne rehaussera certainement pas mon opinion personnelle sur son « talent » et sa crédibilité. Une fois le cap des 1h15 franchit, John Woo fait son come-back à la caméra, comme si le contrat prévoyait de lui laisser les mains libres à cet instant précis du film. Et là, pas d'erreur, toutes les images chères au réalisateur chinois se retrouvent : des motos qui dérapent, des voitures qui volent en éclats, des colombes, des ralentis, des mecs qui se menacent réciproquement avec des flingues, des explosions en veux-tu en reprendras-tu, des douilles à en pleuvoir, etc etc etc. Même ici, le malaise se fait ressentir : produit marketing, encadré à tel point que Woo se voit enchaîné aux figures classiques de son style et ne parvient jamais à s'en détacher.

Une histoire alléchante préparée à nous semer dans un vaste dédale labyrinthique de faux-semblants, qui se voit rétrécie en un petit jeu de piste préfigurant une grande course-poursuite bien loin de celle de Minority Report. A sa tête, un John Woo tenu par je ne sais quelle force maléfique qui l'empêche de bout en bout de faire son travail de réalisateur survolté, et qui finit de plomber un film pourtant prometteur (si on occulte la présence de Ben Affleck, je sais, j'en rajoute).