Man of Steel ou quand les Américains nous apprennent à massacrer leurs icônes en 2h20
Cinéma / Critique - écrit par Nhu-lan et OuRs256, le 17/06/2013 (Tags : clark man superman steel film cinema snyder
*MEGA SPOILER ALERT : Cet article révèle de nombreux passages du film. Si vous ne voulez rien savoir, allez directement au dernier paragraphe.*
Au Royaume-Uni, on a un peu de chance, les films sortent un peu avant, ce qui nous a permis, à Nhu-Lan et moi (OuRs256) d'aller jeter un petit coup d'oeil (si seulement ça n'avait été qu'un coup d'oeil...) à Man of Steel. Tout de suite, les avis croisés d'un fan de l'homme de fer et d'une novice.
Des faiblesses qui font un scénario en papier maché ? Nooooooooonnnnn !!
Ours256 : Alors si on voulait résumer le scénario, on pourrait le faire assez facilement, un peu comme un film de Michael Bay : Boom - Pif Paf - Boom (x5) - Pif Paf (x3) - Pif Paf Final - BOOOM Final. Ne cherchez pas vraiment un scénario en fait. Le film est une succession d'explosions et de combats en images de synthèses (voir plus loin pour les détails) qui ne mènent pas à grand-chose si ce n'est Henry Cavill qui hurle...
Niveau incohérences, il y en a la pelle. Prenons celle qui paraît la plus flagrante : pourquoi les sages de Krypton décident-ils d'envoyer l'ennemi public n°1 (et ses suivants) dans une dimension parallèle quand leur planète va être détruite et qu'ils vont tous mourir tout en sachant qu'il a une formation d'ingénieur militaire ? Ils lui donnent donc eux-mêmes l'opportunité de survivre alors qu'ils courent à leur perte, génial...
Comme faiblesses, on peut aussi citer les morts des deux pères de Kal-el/Clark Kent. Le premier qui ne fait pas attention et ne se défend pas alors qu'il a un mec surentrainé et prêt à tout en face de lui. Le second qui cherche à défendre un principe qui n'a pas vraiment lieu d'être puisqu'en termes de visibilité, Clark aurait pu se rendre à la voiture sans vraiment être vu et récupérer le chien sans qu'il n'y ait de problèmes...
À certains moments, je me suis aussi dit que Zack Snyder aurait préféré réaliser X-men plutôt que Man of Steel. Non ? Vous ne voyez pas pourquoi ? Tout le délire avec l'ADN et le fait que les habitants de Krypton (enfin, surtout Clark pour le coup) soient considérés comme des parias à cause de leurs pouvoirs, le fait de devoir les cacher... Difficile de ne pas penser aux mutants qui sont dans le même cas. La cerise sur le gâteau, c'est lorsque le Général Zod fait son "Cyclope" vers la fin du film et nous sort un rayon laser uni de ses deux yeux dans une pose à genoux, le regard levé au ciel (une des postures les plus célèbres du personnage).
Nhu-lan : N’étant pas une grande amatrice du genre, j’avais flairé que ce film ne me plairait pas. Attention, je ne suis pas une de ces personnes allergiques aux films d’actions américains mais, à mes yeux, ce film est surtout une succession de banalités. C’est comme si le réalisateur avait sélectionné les éléments les plus clichés et tape à l’œil des blockbusters de ces dix dernières années pour les faire fusionner dans un même film. Je ne suis pas une experte de Superman mais, comme la plupart des gens, j’ai vu assez de bandes-dessinées, affiches, films et séries sur le sujet pour pouvoir me faire un avis sur Man of Steel. Ce film peut être considéré comme un bon film d’action par certains mais pas comme un bon Superman.
Des acteurs qui, tout à coup ne savent plus jouer ? Nooooooooonnnnn !!
Ours256 : Pour le coup, la palme revient à Laurence Fishburne (ex-Morphéus dan The Matrix) qui est réduit à un rôle secondaire qui fait un peu écho à son passage dans les Experts (où il avait en fait... Un rôle central). Ce que l'on retient de lui dans Man of Steel ? Une réplique incroyable à la fin quand l'une de ses collaboratrices au Daily Planet lui demande si Zod et ses sbires sont partis (on ne comprend d'ailleurs pas pourquoi elle pose la question tellement c'est évident). C'est alors qu'il répond d'un ton sérieux et en mode poseur 'I think so.' ("Je crois."). Voilà à quoi Morphéus en est réduit... Dites donc bonjour à Captain Obvious (Capitain "évident") !
Nhu-lan : Cette fois, c’est moi qui vais faire dans le cliché en confessant que les deux seules raisons qui m’ont poussée à me déplacer sont la curiosité et Henry Cavill (je m’attends à recevoir des tomates d’une minute à l’autre !). Cet acteur, nous l’avons découvert dans le rôle du Duke of Suffolk, le meilleur ami du roi Henry VII, dans l’excellente série historique The Tudors. Pendant toute la durée de la série, l’acteur anglais nous avait offert une prestation de qualité. Or, dans Man of Steel, son jeu d’acteur semble en avoir pris un coup. Physiquement tout est là : le regard bleu, le visage carré et des muscles en veux-tu en voilà ! C’est du côté des émotions que tout se gâte. Est-ce la faute de l’acteur ? Est-ce la faute du réalisateur ? Au regard de la prestation des autres comédiens de Man of Steel, (Amy Adams, Kevin Costner, Laurence Fishburne), je pencherais plutôt pour la deuxième solution. Il ne semble pas y avoir une grande cohésion entre les acteurs. Il est clair qu’ils ne sont pas à leur maximum ! Seul Russell Crowe s’en sort sans trop de séquelles dans son rôle de guerrier/grand sage. Mais peut-être mon discernement est-il alteré par d’autres considérations… à vous de juger !
Mais c'est pas un jeu vidéo ça ? Nooooooooonnnnn !!
Ours256 : Généralement, quand quelqu'un va au cinéma, c'est pour voir un film (jusque là, je ne pense pas trop me tromper...). Le souci, c'est qu'en allant voir Man of Steel, vous aurez plutôt l'impression d'être devant la cinématique d'un jeu nouvelle génération (du genre Titanfall sur Xbox One, jeu présenté la semaine dernière à l'E3). Quel intérêt de payer des acteurs si c'est pour nous pondre un truc pareil ? Les scènes s'enchaînent et les effets spéciaux aussi, tantôt sur les personnages, tantôt sur les décors. La pléiade de technologies extra-terrestres (comme les armures ou encore les vaisseaux) donne lieu à moults effets d'ouverture et de fermeture design qui feront plaisir à tous les aficionados du genre. Autre détail visuel complètement aberrant : l'utilisation de la 3D (lunettes) n'a strictement aucun intérêt puisqu'aucune scène n'est vraiment calculée pour un effet de ce genre.
Après moins de vingt minutes de film, j'en arrive à me demander ce que je fiche ici. Après tout, j'ai une PS3 dans mon salon et des jeux qui me permettent de jouer un peu plutôt que d'être simple spectateur d'une lutte acharnée en trois dimensions... J'ai l'impression que Zack Snyder n'arrive pas à voir la limite entre film et séquence animée en 3D. C'est encore plus flagrant qu'avec Sucker Punch où les héroïnes évoluaient dans un monde complètement fantasmé et qui était réalisé en 3D. Ici, ce n'est plus un monde de rêve mais le monde qui devient rêve puisque New York devient Metropolis et se retrouve détruite à coups de rayons laser... Difficile quand même de garder de la crédibilité dans la mesure où les images de synthèses sont omniprésentes.
Oh mon Dieu, mais Iron Man se bat contre des Transformers ? Nooooooooonnnnn !!
Ours256 : Au départ, on voit ce qui se passe sur Krypton et la tenue de combat officielle est une sorte d'armure qui peut se modifier sur certaines zones. Bon jusque là, on se dit "Ok... Pourquoi pas...". Là où ça commence à être difficile, c'est quand on voit les véhicules qui commencent à s'auto-changer en prenant des formes toujours plus insolites. On n'arrive pas au niveau de Transformers mais on se dit que l'inspiration est là.
Les otaku un peu allumés verraient presque une référence à Shiryu de Saint Seiya lorsque le Général Zod se décide à enlever son armure comme le chevalier du dragon fait 99% du temps en fin de combat pour montrer qu'il peut gagner comme un homme ! De là à dire que Snyder l'a fait exprès... Je ne suis pas convaincu.
Nhu-Lan : La première réflexion qui m'est venue à l'esprit est simple : « Mais pourquoi les Américains s’acharnent-ils à détruire leur propre culture ? » A l’époque, pas si lointaine, où la version hollywoodienne des Misérables était diffusée sur les grands écrans du monde entier, ma fierté franchouillarde s’en était pris un sacré coup ! Ce sacrilège me semblait impardonnable jusqu’au jour où je vis Man of Steel. Je réalisai alors que les américains n’avaient pas consciemment détruit une œuvre française mais, qu’en plus, ils étaient tout à fait disposés à le faire pour leur propre culture. Dommage… Superman est un symbole fort de la culture américaine. Clairement, Zack Snyder a voulu dépoussiérer le personnage et lui donner une dimension plus accessible pour le spectateur de 2013 habitué aux grands shows dont seul Hollywood a le secret. Mais Snyder ne serait-il pas allé trop loin ? A vouloir trop innover, n’aurait-il pas perdu de vue jusqu’à son personnage principal lui-même ? J’ai bien peur que le mélange Iron Man, La Guerre des Mondes et Transformers ne finisse par devenir indigeste !
Avis / Conclusion.
Nhu-Lan : Man of Steel est un film sans identité. Le réalisateur nous assomme de comparaisons lourdingues à grand renfort de croix et de drapeaux américains : Superman est le Christ et le monde se résume aux États-Unis (sympa pour les autres !). L’ultra égocentrisme américain a encore frappé !
Ours256 : Difficile pour moi d'apprécier ce film qui n'a... Vraiment rien d'attrayant pour un fan de la franchise ou pour quiconque aime voir un film avec un scénario qui appelle autre chose que des explosions toutes les dix secondes. Je me demande comment Nolan a pu donner son accord pour un truc pareil... Ceux qui s'attendent à un film type The Dark Knight risquent d'être sacrément déçus en tout cas tout comme ceux qui ont été attirés par la bande-annonce, mensongère au possible... Pour conclure, je ne ferais que citer Nhu-Lan dans le train du retour alors qu'une petite bagarre entre alcooliques a failli éclater : "Ah non, je veux pas un deuxième drame après Superman !". Comme quoi...