The Faculty
Cinéma / Critique - écrit par knackimax, le 30/11/2010 (Un film qui offrira tout un éventail de légèretés et de références obscures ainsi qu'un goût de la scène d'action débile certain entre nos lèvres crispées. Belle atmosphère et jolie direction de la photo pour parfaire le tout.
Robert Rodriguez nous l'a déjà prouvé plus d'une fois, il est capable de s'adapter. Ainsi il peut passer allègrement de El Mariachi à Sin City en s'arrêtant au passage sur Spy Kids. Alors qu'il s'apprête à nous éblouir dans quelques maigres heures avec Machete, retournons un peu en arrière dans sa carrière en passant par la nébuleuse qu'est ce film de 1998 du nom de The Faculty.
Delilah, Stokes, MaryBeth, Zeke, Stan et Casey partagent le même lycée chacun
dans des rôles clichés bien différents allant de la petite nouvelle qui vient d'être transférée de son Texas natal au quarterback de l'équipe de foot et sa copine pimbêche. Et puis un jour, les mutants attaquent le corps professoral qui à son tour contamine les élèves. Les seuls à s'en sortir sont nos jeunes héros peu glorieux. Et malgré les abus de leur société scolaire qui les oblige à endosser chaque jour des costumes inconfortables, ils n'ont pas d'autre choix que d'essayer de sauver l'innocence de leur Amérique WASP.
L'introduction des personnages est rapide et alléchante, tout comme cette histoire
guignolesque et clichée elle aussi d'Aliens qui prennent le corps de leur victime tel de simples hôtes. Si le pitch n'est pas des plus savoureux pour tout le monde, on trouvera par contre de quoi faire plaisir à chacun dans cette comédie gorounette en constant décalage avec ses propos. Ainsi le teen movie tourne au cauchemar (un peu comme dans La main qui tue), et plus personne n'est à sa place. La lesbienne enragée de service veut alors se taper le footballeur tandis que le geek qui deux minutes plus tôt se faisait exploser les parties génitales contre le poteau du drapeau de l'école se transforme en semi héros. Pareil pour le dealer de drogue rebelle qui veut récupérer ses clients au plus vite et continuer à narguer sa prof de math au teint prude. Autant vous le dire tout de suite : ce mélimélo est délicieux et on se perd assez facilement au divertissement. Les situations débiles se suivent sans hésitation et s'accompagnent de répliques cultissimes pour l'amateur avisé.
Ainsi, notre groupe de sauveurs de l'humanité recomposé de personnages rejetés
se retrouve à se droguer à plusieurs reprises pour vérifier si l'un d'entre eux est une créature venue d'ailleurs. Les élèves en profitent pour donner des gros coups dans la tronche à leurs professeurs infectés. L'équipe de foot américaine au grand complet prend des douches au jet d'arrosage sur le terrain pour épancher la soif de la créature amphibie qui les habite et j'en passe. C'est très fun et on ne regrette pas le quart de la moitié d'un moment. Pour rajouter au plaisir de ce déluge de moments hésitant entre comique et tragique horrifique, on nous propose toute une truffée de cameos du meilleur goût. Ainsi Famke Jansen, telle le Phénix, se transforme de jeune prof timide et lunetteuse en sale garce à la langue bien pendue. Jugez en vous-même à la teneur de cette phrase fabuleuse qu'elle adresse à Zeke le Badboy revendeur de came et détenteur de la formule antidote à toute cette situation science-fictive :
« Je vais te botter le cul si fort que tu va pouvoir sucer mes doigts de pieds jusqu'à la remise des diplômes. »
On retrouvera aussi Salma Hayek en prof de chimie, Piper Laurie (Carrie), le grand
Daniel Van Bargen mieux connu sous le nom du Commandant borgne et manchot Spangler dans la série Malcolm, Robert "T-1000" Patrick dans le rôle du Coach, un très grand Jon Stewart (présentateur mythique du Daily Show aux US) et même Usher Raymond avant son succès interplanétaire U remind me of. On croisera même Hyde de That 70's Show sans ses lunettes. Les acteurs principaux ne sont pas en reste et semblent s'en donner à coeur joie dans la déconstruction du teen movie par l'excès, Josh Hartnett et Elijah Wood en tête de file. On apprécie également la bonne composition de Laura Harris (future Daisy Adair dans la série Dead like me) dans son rôle de la nouvelle fille du lycée mignonne mais pénible.
Un film qui offrira tout un éventail de légèretés et de références obscures ainsi qu'un goût de la scène d'action débile certain entre nos lèvres crispées. L'atmosphère des scènes de SF n'en est pas moins travaillée et efficace, de même que la photo est agréable. Quelques scènes sont même assez brillantes en plus d'être drôles ou mélangées d'effroi et de frissons. Bref un excellent divertissement même douze ans après, présage que Mr Rodriguez sait ce qu'il fait quoi qu'il arrive.