8/10Machete

/ Critique - écrit par riffhifi, le 17/11/2010
Notre verdict : 8/10 - Mexpendables (Fiche technique)

Tags : machete rodriguez film robert trejo films danny

La fausse bande-annonce jubilatoire présentée en exergue de Planète Terreur devient un vrai long-métrage. Autour de Danny Trejo, Robert Rodriguez invite rien moins que Steven Seagal, Robert De Niro, Jessica Alba et Don Johnson.

THEY FUCKED WITH THE WRONG MEXICAN

En 2007, Robert Rodriguez mettait la misère à Tarantino en proposant un Planète Terreur dix fois plus drôle, gore et inventif que son jumeau Boulevard de la mort. En avant-programme, on découvrait la géniale bande-annonce d'un film fictif appelé Machete, dans lequel Danny Trejo jouait un Mexicain viril et porté sur la vengeance. Trois ans plus tard, succombant à l'appel des fans, Rodriguez livre
le film complet qu'il fomente depuis près de vingt ans : Danny "très chaud", avec sa gueule d'accident de la route, tient enfin le premier rôle après plusieurs décennies passées dans l'ombre, et il se voit offrir un casting de seconds couteaux (ahah, oui, euh, désolé) digne de ce nom : à ma gauche, les demoiselles Jessica Alba, Michelle Rodriguez et Lindsay Lohan ; à ma droite, les vilains Jeff Fahey, Don Johnson, Robert De Niro et Steven Seagal. Une distribution hétéroclite, complètement improbable, qui met sur un pied d'égalité une légende du cinéma (De Niro), une star décadente de films d'action direct-to-video (Seagal), une ex-vedette de séries télé (Johnson)... Rodriguez n'obéit à aucune règle, il est mû par un seul désir : jeter dans un saladier tous les ingrédients du cinéma d'exploitation des années 70, y ajouter sa sauce, touiller violemment et en tirer Machete. Après la blaxploitation et la sexploitation, voici venir la mexploitation.

« C'est quoi ce truc long et dur ?
- Ma machette. »

Danny Trejo a toujours eu des noms de lames chez Rodriguez : Cuchillo, Navajas,
Razor Charlie... et dans la trilogie Spy Kids, il s'appelait déjà Machete ! Ici, il est un ex-policier fédéral mexicain au CV bien fourni (« FBI, CIA, DEA... tout ça dans un même burrito ! »). Tête brûlée, il tombe dans un piège tendu par Torrez (Steven Seagal, doté d'un accent hispanique tordant), un baron de la drogue qui tue sa femme et sa fille avant de le laisser pour mort. Trois ans plus tard, Machete est devenu un immigrant clandestin qui zone autour de la frontière texane en faisant des petits boulots. Lorsque le mystérieux Booth (Jeff Fahey) lui propose d'assassiner le sénateur fasciste John McLaughlin (Robert De Niro), c'est le début d'une spirale de violence, de sexe et de tacos.

A l'image de Planète terreur, Machete joue à fond la carte de l'excès, du gore rigolard, de la provoc gratuite et de l'action qui envoie du guacamole. Machete coupe quatre têtes d'un seul geste, fait du rappel avec les intestins de ses victimes... Autour de lui, les femmes craquent et les hommes meurent, car il est l'archétype du héros invincible, honorable et irrésistible. La logique nanar renverse tout sur son passage : certains raccourcis narratifs honteux peuvent laisser pantois, ainsi que la gratuité de certaines scènes de nudité ou de violence, mais la bonne humeur ambiante, les gags et l'enthousiasme de Rodriguez emportent
comme toujours l'adhésion des amateurs d'action décomplexée à la sauce tex-mex. Voir le Sonny Crockett de 2 flics à Miami en milicien sadique, la people dégénérée Lindsay Lohan en junkie salope ou ce balourd de Steven Seagal en caïd adepte du katana (bel exercice d'autodérision, quasiment inédit pour l'acteur) désamorce tous les reproches que l'on pourrait adresser au film. Visuellement, le rendu "crade" et chaudement contrasté renvoie là encore à Planète Terreur, avec la même maîtrise de la mise en scène ; on se demande bien quelle part a eu le coréalisateur Ethan Maniquis, affecté jusqu'ici au montage des films de Robert Rodriguez.

Truculent, peuplé de tronches chères au scénariste-réalisateur-producteur-monteur-compositeur-cuisinier en chef (Cheech Marin ! Tom Savini !), Machete comblera les attentes des amateurs, en attendant une suite d'ores et déjà annoncée. Une nouvelle carrière s'ouvre-t-elle pour Danny Trejo, à 66 ans ?...