6.5/10Domino

/ Critique - écrit par Lestat, le 27/11/2005
Notre verdict : 6.5/10 - Paf ! (Fiche technique)

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Elle s'appelle Domino Harvey. Fille d'acteur décédé, de mère à beau parti, mannequin qui s'ennuie puis chasseur de prime. Elle s'appelle Domino Harvey, et ceci est son histoire. Ou presque...

Il était une fois, au Pays des Yeux, un grand cataclysme qui sans crier gare pointa à l'horizon. Oh, ce n'était pas le premier, et les courageux habitants avaient déjà, par le passé, affronté les terrifiants sbires du sinistre Michael Bay, dont ils digéreraient à peine les assauts. Depuis, tout semblait calme, et dans l'Orient lointain, le seigneur Takashi Miike lui même semblait disposé à exporter des films visuellement assagis. Mais cette accalmie ne faisait que cacher une menace bien plus terrible, dont le nom fait désormais frissonner tous les habitants du Pays des Yeux : Tony Scott !

Sur le papier, Domino ressemble effectivement à un film. Des acteurs, un réalisateur doué, de la musique...Même un scénario, aussi presque vrai que complètement affligeant. A l'écran, Domino est un magma d'images et de sensations, porté par des expérimentations et un montage furieux. Autant ne pas le cacher, la plus grande réussite de Domino est esthétique. Le propos, la biographie, le réalisme, voir même le bon goût, tout ou presque se trouve enfoui sous une méchante claque visuelle mêlant noir et blanc, filtre, saturation, split-screen, rembobinage...Le film est comme sa bande annonce, rythme compris. Plein les mirettes, plein les oreilles, Domino laisse presque sur les rotules, joyeux foutoir en forme de flashback géant qui part dans tout les sens. Tout à la fois intense, illisible, violent, grotesque, attachant, lassant et répulsif, le film s'éparpille dans une histoire aussi bordélique que sa forme, mêlant révolution afghane, Mafia, télé-réalité, faux braquage, deux stars déchues de Beverly Hills, symbolique mystico-religieuse et j'en passe, un trop plein qui allié à son visuel disjoncté fait de Domino un objet aussi décoiffant que presque indigeste, doublé d'une biographie où l'on se moque complètement de ce qui se passe. Car le film perd autant qu'il gagne de sa conception furibarde, désamorçant sous des tonnes d'artifices pompeux des scènes qui auraient pu être excellentes si plus sèches. Parfois hilarant, à l'image de cet inénarrable Jerry Springer Show qui tourne au pugilat, parfois pathos, souvent rendu trop artificiel par les folies conceptuelles de Tony Scott, Domino ne touche à la grâce et à l'émotion qu'à sa toute fin, passant d'une fusillade désespérément irregardable à une conclusion terriblement humaine. Pari perdu ? Peut être pas. Domino est un film lancé à cent à l'heure, nous présentant l'histoire romancée d'une jeune femme qui vivait à cent à l'heure. Si l'on en croit Tony Scott, Domino Harvey, décédée en 2005, eut une vie trépidante et dans un sens, Domino dans sa forme capte ce train de vie insensé, tellement difficile à cerner, mais qui, somme toute, déchaîne la fascination. Un film pas comme les autres pour une femme pas comme les autres. Concept englobant toute la réussite et tout le ratage de Domino.

A mi-chemin entre le chef d'oeuvre et le navet du mois, film partant autant dans les hauteurs que se sabordant lui-même, Domino est une expérience à vivre pour se forger sa propre opinion. D'un point de vue purement sensitif, Domino est une bombe qui met dans un état d'excitation assez incroyable. D'un point de vue cinématographique, malgré un casting fort et la maîtrise indéniable de Scott, le débat est désormais ouvert...