3.5/10La dernière légion

/ Critique - écrit par Nicolas, le 20/09/2007
Notre verdict : 3.5/10 - Légionellose (Fiche technique)

476 après JC, à Rome. Encore adolescent, Romulus Auguste (Thomas Sangster) est couronné César de l'empire romain. C'est justement le moment que choisit Odoacre, roi des Goths, pour trahir l'empereur et s'emparer de la capitale. Malgré sa garde personnelle, menée par le commandant Aurélius (Colin Firth), le jeune Romulus est emprisonné avec son précepteur, l'énigmatique Ambrosinus (Ben Kingsley), sur l'île de Capri. L'empire agonise, et tout repose sur Aurélius : rendre à Rome son souverain, et retrouver la dernière légion de l'empire encore en activité...

Un manque de galanterie évident
Un manque de galanterie évident
Prenez un péplum de notre temps, Gladiator, Kingdom of Heaven, Troie, un machin de ce genre, retirez quelques zéros au budget total du film et au nombre de figurants, rajoutez un réalisateur un peu à la ramasse, quelques têtes vaguement connues du grand public, agitez un peu, et vous voilà devant La Dernière Légion, super-production anglaise, américaine, française, tunisienne, italienne, et slovaque (ça ne s'invente pas) ! « Mais ne serait-ce pas le petit blondinet de Love Actually ? » « Oh, regarde, c'est Marc Darcy de Bridget Jones ! » « Et ça, pince-moi je rêve, c'est Miss Monde 1994 ! » Jolie petite vitrine qui devait suffire à promouvoir le film, certes, ce qui tend à accentuer le désarroi à la sortie de salles. Bon, admettons que ça se passe pendant la Rome antique, qu'il y ait une épée magique forgée pour Jules César himself. Déjà, à part Colin Firth (Marc Darcy), faut pas pousser, l'intégralité des « légionnaires » composant l'armée romaine font plus penser à des rescapés d'un mauvais film de Michael Bay, un sérieux décalage quand on découvre les gueules de psychopathes invétérés que sont les méchants goths, à classer dans la catégorie « Braveheart » (et d'ailleurs, l'un d'eux a son nom au générique du film de Mel Gibson). Bon, ensuite, adjoindre le jeu approximatif d'une ex-miss reconvertie à 80% dans la comédie romantique bollywoodienne et en faire l'atout charme parfaitement inutile inhérent au genre était déjà une bonne grosse bourde. Mais pourquoi avoir également désigné comme réalisateur le pas très imaginatif Doug Lefler ? Un autre metteur en scène aurait peut-être réussi à masquer la pauvreté des batailles et les concessions faites au budget. Mais pas Doug !
"Un kilomètre à pieeeed, ça uuuseuh, ça uuuseuh..."
Tout sent le réchauffé, le manque de compétence et d'idées, avec pour seule contrepartie une bonne volonté évidente et un sens du lyrique qui ne transparaît que par petites touches dans le scénario. Oh, le sujet qui fâche ! Le scénario ! Je vous tairai la fin, plutôt bidonnante, et ne m'attarderai que sur le vide interstellaire de l'histoire, croisement plutôt nauséabond entre mysticisme (l'épée magique, rigolade entre les rigolades) et fiction historique bidon (d'où le bidonnant, vous suivez ?), qui évite soigneusement toute forme d'intensité, qu'elle soit dramatique, narrative, ou même sexuelle (car le cinéma indien interdit à ses actrices de s'exhiber sur grand écran, même pour les bisous m'a-t-on dit).

Un péplum à deux sous, handicapé certainement par le manque de moyens et un nombre de choix artistiques plutôt décevants. Le film se laisse voir comme un divertissement de bas étage qui passerait à la télé, et il n'y a nul doute que quelqu'un déboursant le prix du ticket se sentira volé, escroqué, meurtri dans sa chair et son âme. Enfin je crois. En tout cas, pourvu que ce soit vraiment la dernière.