7/10Amityville 1979/2005

/ Critique - écrit par Lestat, le 23/06/2005
Notre verdict : 7/10 - Amityville, la Maison du Diable (1979) (Fiche technique)

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Une comparaison entre la version de 1979 et celle de 2005

Si le genre correspondant à la maison ou au lieu hanté aura parsemé le cinéma fantastique voire d'horreur, il n'y aurait pourtant que trois films à réellement s'imposer comme références du genre. La Maison du Diable, de Robert Wise, monument de technique dénué d'effets spéciaux, Poltergeist, de Tobe Hooper, qui au contraire joue la surenchère de trucages pour un résultat ne provoquant plus qu'une douce léthargie et Amityville La Maison du Diable, adapté d'un roman à succès de Jay Anson. Premier d'une prolifique franchise de huit épisodes, comme de juste de qualité variable, Amityville subit à son tour la grande mode actuelle des remakes, dont le résultat sera traité dans ces lignes. Mais avant de s'attaquer à cette nouvelle version, rien de tel que de se replonger dans les arcanes de la maison maudite...

112 Ocean Avenue, Amityville

Pour évoquer pleinement Amityville, il convient de se pencher sur sa véritable genèse. C'est à dire non pas le roman de Jay Anson, mais de là où tout est réellement parti : une certaine nuit du 13 novembre 1974. Cette nuit là, Ronald DeFeo Jr entre en trombe dans un bar, proclamant que sa famille a été assassinée. Les personnes dépêchées puis la police découvrirent en effet dans la maison DeFeo six corps, portant des blessures par balles. A l'issue de l'enquête, il s'avèrera que l'auteur de ces meurtres sera Ronald DeFeo Jr lui-même, de son propre aveu motivé par des voix sataniques. Jusqu'ici rien de bien anormal ou même de paranormal, ce sinistre carnage mis à part, DeFeo père et fils étant réputés violents et familiers des conflits. La tuerie du 112 Ocean Avenue n'apparaît que comme une dispute de plus qui se sera cette fois achevée de façon tragique. Quand à l'argument satanique, il s'agissait sûrement d'une ruse d'avocat pour alléger la sentence. Le seul point réellement troublant de cette triste affaire reste qu'il apparaît désormais clair que Ronald DeFeo n'a pas agi seul. L'homme n'étant pas aimé - et n'étant en outre pas d'une intelligence formidable -, les choses auraient été simplifiées en faisant de lui le seul et unique coupable. Le temps passe, et ce fait-divers tragique n'aura pas plus d'incidence, si ce n'est sur le marché de l'immobilier où compte tenu de son histoire, la majestueuse demeure victorienne des DeFeo est vendue bien en dessous de son prix. Deux ans plus tard, en 1976, l'affaire d'Amityville prendra toutefois une nouvelle résonance lorsque la famille Lutz s'installe au 112 Ocean Avenue. Les Lutz s'en enfuiront moins d'un mois plus tard, chassés disent-ils par une présence maléfique et des évènements paranormaux de plus en plus terrifiants...

Mais l'histoire ne prendra réellement son envol qu'en 1978, lorsque Georges Lutz et Kathy Lutz confient toute l'histoire à Jay Anson, qui en tire un roman devenu best-seller : The Amityville Horror : a true story. C'est clairement de cet ouvrage que tout débuta pour de bon. Anson, dicté par George et Kathy, décrit les évènements avec force détails, et le grand public découvre peu à peu le calvaire des Lutz, en proie à des entités encapuchonnées, des odeurs pestilentielles, des murs suintants, des chutes de température...Avec son histoire passée et le témoignage des Lutz, tout est bientôt là pour instaurer une ambiance tout ce qu'il y a de surnaturel autour de la demeure d'Amityville, ce que la morphologie étrange de la maison n'arrange pas, trois étages surmontés de deux fenêtres en quart de lune, tels deux yeux maléfiques qui brillent dans la nuit. Si le "roman" a un beau succès, au point de se faire adapter un an plus tard en 1979 pour le cinéma, il est bientôt controversé par des spécialistes, du paranormal ou non, tentant de démontrer que tout ceci est bidon. Aujourd'hui, nombreux sont ceux s'accordant à dire que l'affaire d'Amityville est effectivement un canular, monté par un George Lutz qui en aurait volontairement fait des tonnes. Toujours habitée, la maison du 112 Ocean Avenue ne semble pas vouloir chasser ses nouveaux propriétaires. Ces derniers ont par ailleurs fait enlever les fameuses fenêtres et intenté un procès aux Lutz, dans l'espoir d'en finir avec les badauds attirés par le parfum de l'Au Delà.

Le 112 Ocean Avenue, Amityville, n'a toujours pas dévoilé ses mystères néanmoins. Il reste des faits étranges, remontant parfois à l'affaire DeFeo elle-même, une "malédiction" entourant la sortie de divers ouvrages sur le sujet, des mediums qui auraient ressenti de fortes perturbations...Sans doute que les Lutz en ont rajouté pour les besoins du sensationnel, mais peut-être s'est-il réellement passé quelque chose durant ces 28 jours de 1976...

"- Ca ne te fait rien, tous ces meurtres ?
- Allons, les maisons n'ont pas de mémoire..."

Tout ceci nous amène en 1979 où la bonne vielle AIP produit l'adaptation officielle du roman de Jay Anson, soit finalement le film inspiré de l'aventure des Lutz. AIP, acronyme d'American International Pictures, est un nom bien connu des amateurs du genre fantastique et horreur : fondé durant les années 50 par deux amoureux du registre que sont Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson, nous retrouvons sous sa bannière des noms aussi incontournables que Mario Bava, Roger Corman, Antonio Marghereti ou Vincent Price, avec des films qui ne le sont pas moins, comme les deux aventures de L'Abominable Dr Phibes, The Last Man on Earth ou encore l'improbable Blacula, le vampire noir de la blaxploitation. C'est également AIP qui assura en son temps la distribution de films que d'aucun trouvèrent à l'époque sans avenir, comme Mad Max. La fin des années 70 marque un petit revirement pour AIP, qui après s'être consacré corps et âme à la série B et aux films pour Drive In s'intéresse à des budgets plus conséquents. C'est ainsi que ce nom devenu prestigieux se retrouve sur le projet d'Amityville. Pour son malheur, car tout en étant un joli succès, Amityville saigne tellement AIP que la compagnie doit fusionner pour survivre. Qu'importe, Arkoff et Nicholson mettent les petits plats dans les grands pour que The Amityville Horror, retitré chez nous d'un opportuniste Amityville La Maison du Diable, soit le mieux charpenté possible. Ainsi dans le rôle de George Lutz, si James Brolin est avant tout un solide second couteau qui arpente le cinéma comme le petit écran, il faut reconnaître une certaine ressemblance physique. Pour Kathy Lutz, le mimétisme de Margot Kidder est moins frappant, mais l'actrice vient en revanche d'interpréter Lois Lane dans le Superman de Richard Donner. C'est Christopher Reeve qui restera dans l'Histoire, mais peut être est-elle restée dans quelques mémoires ? Autre tête connue, le vétéran Rod Steiger endosse la soutane du Père Delanay, qui dans la vraie vie aurait été "giflé" par une entité alors qu'il tentait un exorcisme dans la maison. Rod Steiger est en quelque sorte la caution morale du film, acteur solide de premier plan que l'on retrouve dans Il Etait une fois la Révolution, Lucky Luciano, le Dr Jivago ou encore Sur les Quais. Quant au réalisateur, Stuart Rosenberg, il est tout simplement cohérent avec le projet, ayant avant tout une ferme expérience de la série et du téléfilm. Mais Amityville ne peut être sans sa fameuse maison, qui sera reproduite fidèlement pour pouvoir en exploiter au mieux la dimension maléfique. Un casting confirmé, une reconstitution exemplaire et la mention "ce film est inspiré d'une histoire vraie" feront le reste. Tout est là pour que le résultat soit au minimum efficace.

Et efficace, Amityville l'est. Et efficace, Amityville devait l'être. Car reconnaissons-le, Amityville s'enfonce très profondément dans les clichés du genre. Portes qui claquent, frissons d'air froid, écoulement d'eau souillée... Pour ne rien arranger, le film inaugure la série des lieux hantés car construit sur une terre indienne où n'est pas enterré que du pemmican. A cela s'ajoute un aspect religieux devenu dur à avaler. Ainsi dans Amityville nous voyons se dérouler des scènes qui aujourd'hui apparaissent bien désuètes : où faut-il placer ce beau crucifix ? Quand doit passer le prêtre qui bénira la maison ? Des scènes qui datent terriblement, mais qui gagnent à être replacées dans leurs contextes. Ce n'est jamais que la fin des années 70 et au cinéma, l'Exorciste vient de sortir. Nous sommes donc ici moins dans un film tendant à servir une bonne parole pieuse que dans une oeuvre se basant sur un axe très traditionnel, celui de la religion comme rempart contre le maléfique ou le surnaturel. Tradition, réalisme et efficacité, les maîtres mots d'Amityville. Tradition par son déroulement on ne peut plus classique. Réalisme car reprenant l'histoire des Lutz dans les grandes lignes, à quelques changements près pour plus de frissons. Efficacité, car Amityville est avant tout un grand film d'ambiance aux acteurs tous excellents. Porté par un thème étrange aux voix enfantines, Amityville s'emploie à nous faire suivre différents tableaux, autant d'étapes décrivant une force maléfique montant en puissance. George et ses sautes d'humeur, devenant petit à petit la réincarnation de Ronald DeFeo, l'attaque des mouches, l'amie imaginaire de la fille des Lutz, l'effrayante possession du médium...Une plongée crescendo dans une horreur à l'ancienne, s'achevant de façon apocalyptique alors que les Lutz sont littéralement chassés par la maison. Cette personnification de la maison ne fait d'ailleurs aucun doute et c'est sans doute là le grand avantage d'Amityville, faire de son sujet un personnage à part entière. Se dressant, rougeoyante dans la nuit, le regard brillant de ses deux fenêtres, la maison maudite dégage une aura phénoménale, aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur, où ses murs se font pesants, semblant écraser ses occupants. La réalisation sobre de Stuart Rosenberg fait ici merveille, rendant parfaitement l'atmosphère incertaine et jouant le non-dit avec brio. L'introduction est en cela exemplaire de suggestion, montrant le massacre des DeFeo par un plan fixe extérieur, face à la maison, où l'on ne voit que les détonations illuminer subitement les fenêtres. Le meurtre des DeFeo n'est d'ailleurs jamais montré clairement, ses autres allusions se faisant sous forme de flash-back qui assaillent soudain le spectateur, alors que les Lutz visitent la maison pour la première fois. Un effet qui a ses limites, mais qui donne une certaine force à ce qui ne serait alors que de simples scènes d'exposition. Finalement, le début du film est peut être le meilleur résumé de son ambiance particulière, jouant sur une peur qui n'est jamais réellement visible. Le fantôme le plus identifiable est symbolisé par un fauteuil se basculant tout seul et lorsque tout se déchaîne et que le moment est venu de dévoiler l'entité néfaste dans toute sa splendeur, nous n'avons que la vision dérangeante d'un énorme cochon perché devant une fenêtre, furtive apparition à la limite du subliminal. La fin du film est à son image, s'écorchant sur l'écueil d'un ultime cliché mais nous laissant en plein mystère sur un ultime plan de la maison, débarrassée de ses intrus et majestueuse de sa victoire sous la pluie battante. Un dénouement que l'on est en droit de trouver bâclé et qui peut surprendre par son aspect expéditif. Amityville est tout comme sa source d'inspiration, nous n'en connaîtrons jamais le fin mot.

D'Amityville, il ne reste à présent que des légendes urbaines, et du film, des successeurs. Trois suites basées sur la maison, qui aura le privilège de devenir une icône représentative du cinéma d'horreur, à l'instar des grandes figures du slasher. D'ailleurs, comme Freddy, Jason et les Dents de la Mer, Amityville eut droit à son épisode en 3D. Les autres suites, déviant du sujet principal, s'axent autour d'un objet rescapé et comme de bien entendu, hanté. On retiendra la préquelle poisseuse qu'est Amityville 2 de l'Italien Damiano Damiani (El Chuncho ), ou encore Amityville la Maison des Poupées, sympathique sans être renversant. Comme dit précédemment, le film original fut un joli succès, et inspira bien d'autres classiques de l'horreur. Comment ne pas penser à Shining, alors que George Lutz défonce une porte à coup de hache. Amityville n'est hélas pas un classique indémodable, la faute à ses clichés et sa part de religieux, mais tout dépassé fut-il, il fait partie de ces films angulaires du cinéma fantastique et d'horreur.

Un quart de siècle plus tard...

2005. Les grands noms de l'horreur passent peu à peu à la moulinette des remakes. Tobe Hooper, qui a toutes les peines du monde à sortir un film potable, ouvre la voie en voyant son Massacre à la Tronçonneuse passer entre les mains d'un Michael Bay devenu producteur. Le pire est évitée, le remake tient largement la route. Puis c'est l'escalade : Romero y passe aussi, son Dawn of the Dead se transformant en une Armée des Morts sans intérêt particulier. Carpenter tombe à son tour dans le panier de crabe, confiant son Assaut aux bons soins de Jean François Richet qui fait ce qu'il peut avec. Aimable amuse-bouche en attendant le remake de Fog (grmbl). Maestro Argento lui même est sollicité, voila qu'on veut refaire Suspiria, alors que son petit dernier, Il Cartaio, est péniblement distribué en direct to video. La liste est longue. Les fans ont beau crier au sacrilège, la vague ne s'arrête pas, empirant au passage l'overdose de films de fantômes asiatiques, eux aussi refaits et franchisés. Dans ce contexte peu propice à l'originalité, il s'est trouvé quelqu'un pour se dire que tiens, ça serait bien de faire un remake d'Amityville.

C'est reparti pour un tour, comme en...1979 ? Non, comme en 2003. En effet, cette nouvelle mouture d'Amityville est conçue quasiment de la même façon que celle de Massacre à la Tronçonneuse : produite par Michael Bay, écrite par Scott Kosar (TCM 2003 donc, mais aussi The Machinist) et mise en scène par Andrew Douglas, à la base "simple" clippeur comme le fut Marcus Nispel. Au casting, nous retrouvons l'ex-chasseur de vampires Ryan Reynolds (Blade Trinity) en George Lutz et dans le rôle de sa concubine, Melissa George, craquante blondinette échappée de la série Alias. L'histoire ne change pas trop, à quelques rajouts près. Disons-le tout net, ce remake en lui-même n'est pas spécialement mauvais, mais souffre d'orientations très malvenues.

Le film débute plutôt bien, nous présentant la nuit fatale des DeFeo en une introduction nerveuse et stroboscopique. Si la lisibilité fait parfois défaut, cette entrée en matière presque hystérique est indéniablement à ramener parmi les bons points. Passé ceci, le traditionnel "un an plus tard" nous emmènes chez les Lutz, dont chaque membre est présenté au cours de scènes d'exposition. Des personnages majoritairement plus travaillés que dans le film de Rosenberg, qui avait tendance à oublier quelques uns de ses protagonistes, notamment le petit frère. Oubli réparé ici, sans oublier la greffe d'un enfant adolescent pour lier le tout et injecter un peu de conflit interne. A partir de là, l'histoire suivra son court : les Lutz visitent la maison du 141 (!) Ocean Avenue, s'informent de son tragique passé, s'y installent et vivent bientôt des phénomènes paranormaux, ainsi que le changement psychologique de George. Et là c'est le drame. En effet, ce remake d'Amityville a la désastreuse idée de prendre à contre-pied le modus operandi son original en faisant le choix de tout montrer. Tout montrer, c'est entre autre dévoiler Jodie, l'amie imaginaire de la petite fille Lutz, totalement invisible et donc ambiguë dans le film de 79, visible dès le début sous toutes les coutures dans celui-ci. Le suspens et l'atmosphère en prennent un coup, sans parler de la désagréable impression de s'infliger au choix une Echine du Diable du pauvre ou un énième ersatz de Sixième Sens. Car en bon recycleur de son modèle, cet Amityville ne tente pas l'originalité. Et c'est l'oeil morne que l'on regarde ces ombres qui détalent, que l'on constate un peu peiné des tentatives éculées pour faire sursauter, à base d'apparitions qui ne surprendront personne ayant regardé un film de fantôme depuis Shyamalan ou la vague d'ectoplasmes asiatiques post-Ring. Tout ou presque parait déjà vu, que ce soit dans Sixième Sens, Shining ou Apparences. Mais pourquoi diable ce qui était déjà cliché marchait en 79 et plus en 2005 ? Comme dit précédemment, le film de Rosenberg se sauvait de lui-même par son ambiance prenante, résidant principalement dans la suggestion et l'atmosphère de son lieu principal. Ici ce n'est plus le cas. Amityville 2005 n'a aucune force et comble de tout, la maison au physique si atypique n'est pas exploitée à sa juste mesure. Quelques plans, dont un assez joli en contre-plongée, alors que les nuages passent au dessus, et c'est tout. La maison "n'existe" pas comme dans l'original, et c'est très dommage de négliger ainsi ce qui était l'atout le plus fort de la franchise. Que reste-il à se mettre sous la dent alors ? Des choses, que l'on se rassure.

En effet, outre une poignée de clins d'oeil de-ci de-là, à l'Exorciste, notamment, ainsi que la relecture parfois étrange de certaines scènes cultes, comme celle de la baby-sitter piégée dans une penderie (baby-sitter passant d'un film à l'autre de frêle adolescente à poitrinaire jeune femme), Amityville sauve les meubles quand il se sépare totalement de ses matériaux de bases. Nous avons ainsi droit à quelques scènes inédites qui s'avèrent efficaces. On retiendra un repas de famille tendu, alors que George Lutz tombe dans la folie, ou encore un passage intéressant, où la fille Lutz, motivée par l'insaisissable Jodie, se promène sur le toit de la maison. Et surtout, un dernier acte onirique et crasseux, riche en flash gores certes inoffensifs mais amenant enfin l'ambiance et la solidité qui faisaient jusqu'alors défaut. Mais le plus gros avantage reste sans aucun doute le traitement accordé à George Lutz, qui s'impose comme personnage central de l'intrigue. Contrairement au film de Rosenberg, la possession/folie de George est ici bien mieux exploitée, d'une manière plus violente, plus explicite aussi et paradoxalement plus jouissive lorsqu'il impose de sadiques punitions. Ici, George se transforme vraiment en fou furieux, ce qui fait plutôt plaisir à voir. Si Ryan Reynolds n'est pas le meilleur acteur du monde, il se montre convainquant dans cette phase, et finalement ça suffit amplement. Un peu regrettable que le dénouement soit si classique, venant de Scott Kosar, on était en droit de s'attendre à quelque chose de plus sombre et perturbant, dans la lignée de la formidable pirouette finale de Massacre à la Tronçonneuse 2003. Sans parler d'une scène finale émouvante qui vire soudain au grotesque, du fait d'un dernier artifice qui tombe lamentablement à plat.

Final en queue de poisson pour un remake une fois de plus à l'intérêt discutable. Il se laisse regarder sans déplaisir, mais s'avère victime de son parti pris outrageusement explicite. On retiendra l'introduction tendue, les personnages mieux exploités, le final sympathique, une poignée de scène non dénuées d'un certain esthétisme, réalisateur-clippeur oblige et, il faut bien le dire, une volonté louable de documentation, le film présentant notamment le véritable visage de Ronald DeFeo lors d'une scène se déroulant aux archives, ce que ne faisait pas l'original. Michael Bay et ses poulains limitent la casse, mais n'empochent au final qu'un semi ratage qui se rattrape comme il peut.

Ce remake engendrera-t-il une nouvelle franchise ? Relancera-t-il la Amityville-mania, au grand dam des propriétaires actuels du 112 Ocean Avenue ? Les anecdotes de tournage ont eu tôt fait d'abonder, Ryan Reynolds et Melissa George témoignant de lumières vacillantes ou d'objets disparaissant dans la grande maison reconstituée pour ressembler à l'originale. Peut être rien de plus que des caprices de promotion. Quoi qu'il en soit, la vieille demeure s'est refermée sur ses mystères. C'est bien ce qui fait tout son charme...