Vendredi 13 - 1980
Cinéma / Critique - écrit par Vincent.L, le 30/04/2006 (Tags : vendredi jason films film camp lake crystal
« Vous êtes tous maudits »
En 1980 sort le premier Vendredi 13. Écrit par Victor Miller et réalisé par Sean S. Cunningham, le producteur, entre autres, de l'impressionnant La dernière maison sur la gauche (remake lointant et terrifiant du La Source d'Ingmar Bergman datant de 1960), Vendredi 13 s'inspire grandement du Halloween de John Carpenter sorti deux ans plus tôt en 1978 et qui rencontra un franc succès auprès du public (47 millions de dollars de recette aux USA).
Plantant l'action de son long métrage dans un camp de vacances nommé Crystal Lake, Sean S. Cunningham nous propose de suivre d'étranges meurtres commis un vendredi 13 sur des adolescents en vacances. Le lieu des crimes de Vendredi 13, le camp de Crystal Lake, entouré de forêt, est certainement l'idée la plus fameuse du film, qui a déterminé son impact sur les "teenagers" américains et qui est un des éléments capitaux qui entraînera l'élaboration de dix suites. Sa tendre familiarité, son aspect libre (de toute autorité parentale, de contraintes scolaires et comportementales), son soleil, sa chaleur et son lac en font un endroit qui procure au spectateur d'immédiates sensations de bien être. Rapidement, la musique stressante d'Harry Manfredini, qui accompagne les meurtres violents et bruts filmés en introspection, participe à l'horreur et à l'angoisse. Comme Les Dents de la Mer de Steven Spielberg, sorti en 1975, Vendredi 13 transforme un lieu de rêves, de jeux et de plaisirs en un véritable enfer où le sang et la mort chantent gaiement. Pour cette raison, le film de Cunningham créa une véritable psychose dans les camps de vacances nord-américains dans les années 1980.
Sociologiquement, ce premier film plante ce qui allait devenir le fonds de commerce de la franchise, à savoir des jeunes découvrant les joies du sexe, de la drogue et transgressant un certain nombre d'interdits puritains spécifiques aux États-Unis. Tous ces éléments apparaissent sous forme de clichés, aussi bien au niveau des protagonistes (stupides et stéréotypés à souhait) que des relations humaines (amours et amitiés sans intensité ni crédibilité). Concernant les morts, caractéristiques des slashers (le Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper datant de 1974 n'y étant pas pour rien), elles manquent cruellement d'ingéniosité, sûrement car elles sont commises par un humain. En effet, ce n'est pas un secret, les meurtres du premier film sont à attribuer à Madame Pamela Voorhees (Betsy Palmer), la mère de Jason Voorhees, qui se venge de la mort de son fils noyé en 1957.
A part pour Kevin Bacon (qui jouait ici son troisième rôle sur grand écran), une introduction des lieux, l'explication de la malédiction liée à la noyade de Jason et une image de fin terrifiante où Jason sort de l'eau du lac (que l'on doit aux effets de maquillage du célèbre Tom Savini), ce Vendredi 13 n'a pas grand intérêt et n'effraye guère plus aujourd'hui. Contrairement à un Halloween ou un La dernière maison sur la gauche, le film de Cunningham souffre d'un trop grand nombre de meurtres en plein jour, tous prévisibles, d'une réalisation tremblante quasi amateure qui ne se justifie pas vraiment et de clichés scénaristiques et horrifiques (le fameux « Vous êtes tous maudits », la musique stridente, les effets sonores...).