Top 5 des moments les plus WTF de James Bond

/ Dossier - écrit par Hugo Ruher, le 15/01/2013

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On le sait, depuis le changement de casting en faveur de Daniel Craig, notre cher James Bond est devenu plus sombre, plus humain, plus réaliste. Une évolution la plupart du temps considérée comme logique au XXIème siècle, pour s’éloigner de l’image désuète encore associée à 007. Il faut dire qu’avant que le blondinet ne nous fasse une dépression, Bond c’était autre chose et il savait mettre les bouchées doubles quand le spectacle l’exigeait. Ce que d’autres films ne se seraient jamais permis, James Bond n’a pas hésité une seconde et nous a ainsi gratifiés de quelques moments grandioses que l’on pourrait qualifier de WTF.

Qu’est-ce qu’un moment WTF me demanderez-vous chers Krinautes ? Et bien c’est une scène totalement exagérée et absurde qui, dans un réflexe épidermique, nous fait relever un sourcil (ou deux) bien au-dessus de la limite autorisée, et qui provoque la prononciation d’un « what the f*** » aussi spontanée que ne le serait celle d’un « atchoum » ou un « oh non pourquoi  Ashton Kutcher joue-t-il dans ce film ? » Cette expression nous viendrait du XIXème siècle, précisément en 1849, lorsque Charles Baudelaire cherchant l’inspiration au cœur d’un illustre bar à opium aurait rêvé d’un homme avec les cheveux en forme de banane, juché sur une planche en bois, en train de sauter par-dessus un énorme requin. Baudelaire se serait alors exclamé : « putain c’est bon, donnez-moi encore du vin et du haschisch. Oh j’ai trouvé mon titre ! ».

Alors on a beau dire, il a bien la classe Daniel en Bond qui souffre et à qui la vie ne fait pas de cadeau, mais ses illustres prédécesseurs nous ont permis de connaître quantité de scènes WTF. Tant qu’il est impossible de les citer dans ces lignes, nous allons alors nous contenter de lister les 5 pires (ou meilleures c’est selon) scènes de James Bond, les scènes les plus abusées de 50 ans de filmographie.

5 – Fast and furious – Mission to Venice

Au cours des films, les aventures de l’espion nous ont fourni pas mal de courses-poursuites avec, bien sûr des voitures, mais aussi des motos, des skis, des voitures de golf de l’espace, un tank et même à pied (et oui). Mais par peur de se répéter, les auteurs ont justement cherché à varier au maximum ces différents moyens de locomotion, et c’est pourquoi on se retrouve dans Moonraker avec une course-poursuite en gondoles vénitiennes. Mais attention, pas la gondole de papi, où on suit tranquillement le cours de l’eau en écoutant le gondolier chanter du Umberto Tozzi. James Bond oblige, nous avons droit à une vraie gondole tunée qui va plus vite qu’un jet-ski. Dans la onzième aventure de 007, c’est Roger Moore qui s’y colle et il n’hésite pas à dévaster les gondoles traditionnelles qui se mettraient en travers de sa route.

Le spectateur médusé n’a bien sûr pas le temps d’admirer les superbes rues animées de Venise et se contente de regarder cette poursuite hallucinante qui, c’est bien dommage, ne fut qu’un exploit unique et dès le film suivant, les traditionnelles voitures reviennent. On versera donc une larme en pensant aux potentiels WTF qu’aurait provoqués un Bond sur trottinette, sur lévrier ou en skate.

4 – Konnichiwa, my name is Bond… san. James Bond san

Tout l’art d’un espion est de parvenir à créer de toute pièce une couverture crédible et à savoir, tel un caméléon, se fondre dans son environnement pour passer inaperçu aux yeux des méchants. Je suis d’ailleurs en train de me demander ce que serait le méchant si on faisait un film avec des caméléons mais là n’est pas la question. Nous allons plutôt parler d’un des meilleurs James Bond : On ne vit que deux fois avec un Sean Connery au top de sa forme, mais aussi un des plus WTF.

Pour se mettre un peu dans le bain pour ceux qui ne l’auraient pas vu, James Bond feint sa mort dans la première scène, avec les funérailles, les larmes et tout le truc… avant de renaître au fond d’un sous-marin parce que c’était un piège ! Le fait qu’on l’ait vu se prendre une dizaine de balles, pisser le sang, tomber 30 mètres sous la mer n’y fait rien, c’était bel et bien une ruse… bref.

Ce n’était pas le moment WTF, parce qu'un peu plus tard, il bute trois chasseurs aériens en pilotant un petit hélicoptère démontable (composé par Q qui a apparemment fait un stage de formation en Suède) qui tire des fusées et lâche des mines… bref.

MAIS ce n’était pas le moment WTF! Encore un peu plus tard, James Bond doit se faire tout petit et passer pour… un Japonais. Et ninja bien-sûr, sinon ce n'est pas crédible. Affublé d’un maquillage destiné à le faire passer pour un asiatique (c’est-à-dire du crayon noir au coin des yeux pour faire bridé), James Bond passe deux semaines dans un camp d’entraînement afin de se mesurer à l’art ancestral des ninjas. Art qu’il arrive bien sûr à maîtriser parfaitement en quelques jours au milieu des joyeusetés que lui proposent les petites Japonaises. Bien-sûr, cela est facilité par le fait que Bond est déjà très sensibilisé à la culture japonaise : il prononce quelques mots avec son accent scottish et connaît la température idéale du saké, si ça c’est pas une preuve !


Difficile à croire mais une des deux personnes sur la photo n'est pas asiatique.

3 – C’est un avion ! Non, c’est un Superman ! C’est un anglais en costume !

On a un peu perdu ça avec les plus récents opus mais auparavant, James Bond, c’était avant tout des scènes d’ouverture particulièrement spectaculaires, à base d’exploits incroyables réalisées par notre espion. On pourrait citer ici la poursuite en ski dans L’espion qui m’aimait ou l’attaque en avion contre Blofeld dans Rien que pour vos yeux mais nous allons plutôt revenir un peu à Moonraker qui est définitivement bien WTF.

Dans l’épisode précédent, L’espion qui m’aimait, nous faisions la connaissance de Requin, un homme d’environ 2m30, avec la force d’un bœuf et des bras de la taille d’un des pieds de la Tour Eiffel. Ce charmant personnage a la particularité d’avoir une mâchoire en acier capable de découper un monospace en deux bouchées, ce qui en fait un sacré adversaire en plus de pouvoir lui ouvrir certaines portes dans le BTP. A la fin du film, il est jeté dans une fosse à requins (lol) mais apparemment c'est lui qui avait le plus faim et il les dévore avant de se faire lui-même manger. C’est donc avec joie qu’on le retrouve dès la première scène de Moonraker.

Nous sommes alors dans un avion et Roger Moore est toujours aussi flegmatique avant de voir que Requin l’a suivi. Je vous passe les détails mais Bond balance le comparse de Requin de l’avion avant d’être lui-même poussé au-dehors par le colosse. Mais si les deux méchants ont un parachute, Bond, lui, fait de la chute libre depuis peut-être 8000 mètres d’altitude. Que faire ? me demanderez-vous.

Et bien accrochez-vous bien parce que Bond fait un petit piqué et rattrape le premier homme. Il lui arrache son parachute toujours fermé et le met sur son dos. Requin arrive derrière et rattrape Bond malgré la facilité de ce dernier à se mouvoir dans les airs comme un Peter Pan. Je rappelle que toute cette scène se joue sans avoir déplié les parachutes. Requin échoue et Bond finit par ouvrir le sien, laissant son ennemi s’écraser par terre (sur un cirque d’ailleurs je sais pas pourquoi) car son propre parachute n’a finalement pas voulu s’ouvrir.

C’était donc plutôt surréaliste mais en plus, Requin continue à poursuivre Bond durant le reste du film, sans même une épaule démise, ce qui aurait pu être relativement acceptable, même de la part d’un géant, lorsqu’on tombe d’un avion en vol. Cette scène répond parfaitement à la définition d’un moment WTF : c’est insensé, c’est spectaculaire et au bout d’un moment, toute notion de réalisme a totalement disparu, laissant place à la fameuse phrase qui se faufile silencieusement hors de nos lèvres.

2 – Tu m’vois, tu m’vois plus

Que serait un dossier consacré aux moments WTF de James Bond sans une partie sur les gadgets de Q ? C’est aussi quelque chose qui manque aujourd’hui, on est loin de la mallette multi-usage, du pistolet démontable de Scaramanga, de la cigarette explosive et des différentes options disponibles sur les voitures.

Nous allons justement parler des fameuses voitures de Bond, et plus particulièrement de celle que conduit Pierce Brosnan dans Meurs un autre jour. Elle dispose de tous les gadgets des épisodes précédents, c’est-à-dire les missiles, le siège éjectable, les fumigènes, le petit support pour le gobelet et la liaison vidéo pour mater MTV. Mais en plus, elle a une particularité bien utile, celle de pouvoir se rendre invisible à volonté.

On imagine déjà l’étendue du potentiel d’une telle invention et Bond l’a bien compris car il profite d’être dans son nouveau jouet pour espionner les douch… les installations des méchants. Vu tous les gadgets présents dans les films précédents, on aurait pu croire que les réalisateurs, par peur de tomber dans la surenchère, se seraient calmés sur les fonctionnalités des voitures, mais non. Merci le MI-6 et le gouvernement anglais de faire des restrictions sur les dépenses sociales pour pouvoir concurrencer la Batmobile.

1 – Le réel ne suffit pas

Chers lecteurs qui avaient tenu jusqu’au bout de ce long dossier, votre patience sera récompensée avec le numéro 1 des moments les plus abusés de James Bond. Et ceux qui auraient triché en passant directement à ce point, honte sur vous, relisez depuis le début et revenez. C’est bon ? Ok on y va.

En 1995, GoldenEye a voulu moderniser la série en la rendant plus spectaculaire, plus vitaminée et plus orientée action, ce qui fut facilité par les progrès des effets spéciaux. L’intrigue y est plutôt complexe et l’ensemble est très divertissant car la production n’a voulu reculer devant rien pour rendre son bébé le plus explosif possible, et dans les dix premières minutes, le pari est déjà réussi. Mais passons les détails et intéressons-nous directement à la scène en question, je vais essayer d’être le plus clair possible car c’est un peu complexe.

Bond s’échappe d’une base ennemie et tombe sur un avion en train de s’élancer pour décoller. Poursuivi par les troupes russes en moto, il court après l’avion et rentre dans le cockpit. Il a à peine le temps de tuer le pilote et de lancer les essuie-glaces qu’il est éjecté hors de l’appareil, lequel continue à foncer tout droit, sans pilote. Tiens, rajoutons-nous un peu d’enjeu dramatique, disons… une falaise à pic au bout de laquelle l’avion ne manquera pas de s’écraser.

Heureusement, Bond trouve une moto (entre-temps, tous les ennemis devaient être en train de recharger leurs armes ou de regarder un arc-en-ciel) et il entreprend de poursuivre l’avion sur son deux-roues. Là c’était la partie réaliste.

Ensuite, l’avion tombe à pic dans le vide, la moto aussi, et donc 007 qui saute de l’engin et tombe en chute libre. « Heureusement que j’ai déjà fait ça dans Moonraker » se dit-il en se remémorant ses stage de vol au pays imaginaire. Il tombe donc en piqué vers l’avion, arrive à monter dedans en s’accrochant aux cordages, se met au poste de pilotage et…. Oh non la manette est bloquée ! Malgré toutes ses prouesses, James va s’écras… ah ben non ça y est, il a redressé l’avion et décolle, loin des Russes, tout en faisant un petit looping pour la forme.

Juste pour cette scène, le film vaut vraiment le coup et ce n’est ici pas un murmure qui sort de  notre bouche, mais bien un grand et sonore « WHAT THE F*** !!! ». C’est tellement improbable et abusé que durant toute la scène on se dit : « mais non il va pas le faire, il va pas oser, mais si… non…. AAh mais si ! ».

Avec la nouvelle orientation des films James Bond, on n’est pas prêts d’avoir de telles moments à nouveau et certains louerons cette évolution qui ne peut qu’être bénéfique au personnage et à la licence mais franchement, Super-James, tu vas nous manquer. On pensera à toi à chaque fois qu’on verra Daniel Craig courir après un méchant alors qu’il aurait pu tout simplement monter sur un immeuble, s’accrocher à un hélicoptère et redescendre directement sur le fuyard.