Speed Racer
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 24/06/2008 (Tags : wachowski racer speed film cinema avis vitesse
Un film pour enfants en bas âge, qui risque néanmoins de leur endommager durablement le cerveau et les tympans. La farandole des bouses de l'été a trouvé son porte-drapeau.
Les frères Wachowski resteront probablement les auteurs de deux seuls films : Bound, thriller vicieux parfumé au lesbianisme voluptueux ; et Matrix premier du nom, qui fut le point de départ d'une nouvelle génération de films d'action, recyclant intelligemment les thèmes et les techniques existants en un melting-pot original. Les deux suites réalisées par la fratrie ne firent que noyer le concept dans un océan de prétentions philosophiques à deux ronds et de vacarme guerrier assourdissant. Aujourd'hui, ils offrent au monde (qui n'en demandait pas tant) l'adaptation d'un dessin animé japonais des années 60 appelé Speed Racer. Une idée complètement incongrue, pire (hélas) que celle de porter à l'écran l'Inspecteur Gadget (on rappelle aux innocents que la chose s'est malheureusement produite deux fois). Le résultat est au-delà de toute "espérance".
Speed Racer (Emile Hirsch) porte un nom et un prénom qui incitent à devenir coureur automobile. D'autant que son grand frère Rex l'était aussi, avant de mourir mystérieusement au cours d'un rallye. Mais le talent du jeune homme saura-t-il
"On a hésité à le tourner en noir et blanc,
et puis on s'est dit... naaaaan."résister à l'appel du très vilain businessman Royalton (Roger Allam), qui veut l'arracher à son popa (John Goodman) et à sa moman (Susan Sarandon) ? Il lui faudra le soutien du mystérieux Racer X (Matthew Fox), dont l'identité est inconnue malgré... rah non, faut pas spoiler mais bon, c'est si évident que le suspense ne tient pas une demi-seconde à l'écran. Le reste n'est que courses multicolores générées à 97% par ordinateur. On doute même que le film ait nécessité l'emploi du moindre cascadeur.
« Le plus important, c'est le pouvoir, et la taille illimitée du portefeuille »
Au cours des premières minutes, on espère. On espère que le visuel synthétique du film finisse par séduire, avec son petit côté Charlie et la chocolaterie de Tim Burton. On espère que les inventions visuelles des frères Wachowski dépasseront le trip régressif qu'elles servent avec ferveur. On espère que les scènes de courses frénétiques maintiendront l'attention en éveil, malgré leur nature complètement irréaliste. Mais au bout d'un quart d'heure, un constat s'impose : le film n'est qu'une version live pyrotechnique d'un dessin animé du dimanche matin,
Matthew Fox n'aime pas qu'on
l'accoste sur le chemin de la piscineétiré sur 2h15 pour le simple plaisir de torturer les spectateurs qui ont dépassé l'âge de 7 ans. Ceux qui ont la chance d'appartenir à la classe d'âge adéquate seront simplement lobotomisés, et prêts à subir les prochaines décennies de fécalité hollywoodienne inepte.
Rien, dans cette confiture d'images et de sons kaléidoscopique, ne vient racheter la bêtise sans nom du scénario, l'unidimensionnalité atterrante des personnages (la palme revenant au champion de la fadeur Emile Hirsch, qui doit pourtant affronter l'allure de gland de Matthew Fox en X-man de Franprix) ou la puérilité des gags liés au petit frère de Speed (et à son copain le chimpanzé, nom d'une pipe ! vous y croyez, vous ? en 2008 !). John Goodman et Susan Sarandon cachetonnent dans leur rôle de couple, auquel on n'essaie même pas de nous faire croire une seule seconde. Et au bout d'une heure de cette punition interminable, on ne souhaite finalement qu'une chose : que la Mort vienne nous emporter dans son manteau de brume et de velours, loin de la salle de cinéma maudite qui nous inflige un tel calvaire. Michel Vaillant à côté, c'est du Bergman.