6/10Sherlock Holmes - La femme en vert

/ Critique - écrit par Filipe, le 23/11/2005
Notre verdict : 6/10 - La femme en gris (Fiche technique)

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Pour enquêter sur une série de meurtres de jeunes femmes, Scotland Yard fait une nouvelle fois appel à l'inusable Sherlock Holmes. Les victimes n'ont rien en commun, si ce n'est qu'elles ont toutes été retrouvées amputées de leur index droit. Le célèbre détective londonien, violoniste à ses heures, soupçonne presque aussitôt l'infâme Professeur Moriarty, son ennemi de toujours, d'être à l'origine de ces crimes odieux.

Réalisé aux alentours de 1946 par un certain Roy William Neill, La Femme en vert (The Woman in green, à l'origine) fait suite à une longue série de films muets ou parlants, mettant en scène le plus célèbre habitant de Baker Street. Sir Arthur Conan Doyle a beau lui avoir dédié une soixantaine de nouvelles et de romans pour répondre aux demandes incessantes de son public, près de deux cent soixante films lui ont été consacrés à ce jour : ce qui fait de Sherlock Holmes le personnage le plus souvent porté sur grand écran depuis la création du cinéma (il devancerait ainsi Dracula, Frankenstein et même Jésus-Christ). Même si ces films ne sont pas toujours restés fidèles aux aventures et aux personnages créés par Conan Doyle (et La Femme en vert fait partie de ceux-là), le théâtre et le cinéma ont permis d'étoffer le personnage et ont largement contribué à son triomphe aux quatre coins du monde. Imaginez donc : la casquette à double visière, le manteau écossais et la pipe recourbée sont autant de détails inventés par de simples metteurs en scène. Même le célèbre "Elémentaire, mon cher Watson" est à mettre à l'actif des auteurs qui ont ensuite tenté de perpétuer le mythe "Sherlock Holmes" à la mort de son créateur, c'est dire (je veux parler d'Adrian Conan Doyle et de John Dickson Carr, entre autres).

D'entrée de jeu, La Femme en vert (un titre est ô combien surprenant pour un film en noir et blanc) a de nombreux mérites. L'un d'eux est de nous présenter des interprètes relativement crédibles, en particulier Basil Rathbone, qui est à ce jour et sans nul doute l'une des meilleures incarnations du détective, et Henry Daniell. Ce dernier s'est également révélé être l'un des "Professeur Moriarty" les plus conformes à l'original. En revanche, je passerai sous silence la prestation de Nigel Bruce, qui transforme le Docteur Watson en un personnage d'un grotesque... Heureusement, la structure du film demeure assez classique : une cliente se rend à Baker Street pour faire appel aux services du détective ; Holmes mène l'enquête et recueille les indices qui serviront à ses déductions finales. La première rencontre, toute en sous-entendus, entre Sherlock Holmes et le Professeur Moriarty est particulièrement bien orchestrée. Enfin, le thème de l'hypnotisme est finalement abordé par le bon bout, et donne lieu à des situations tout à fait pertinentes : la première séquence d'hypnotisme passant presque inaperçue ; la seconde, tendant à ridiculiser le Docteur Watson ; et la troisième, mettant aux prises Sherlock Holmes et son adversaire du jour.

Le niveau de ces déductions demeure néanmoins assez peu élevé. On ne peut pas dire que le détective fasse véritablement preuve de génie ce coup-ci. La résolution de l'énigme semble davantage le fruit du hasard, ce qui ne manquera pas de décevoir les adeptes d'enquêtes policières. Il ne s'agit pas là de l'adaptation d'une histoire originale, mais bien d'une libre exploitation des personnages créés par Conan Doyle : on reconnaît bien l'épisode de l'attentat visant à éliminer Sherlock Holmes décrit dans La Maison vide (celui-ci survient dans un tout autre contexte si l'on s'en réfère aux écrits de l'irlandais). Autre provocation : cet épisode-ci ne crédite pas le Professeur Moriarty d'une fin à la hauteur du personnage imaginé par Conan Doyle. Enfin, bien que relativement court, le film ne dissimule pas bien longtemps ses quelques défauts de vieillesse, parmi lesquels l'ultra théâtralité caractérisant le jeu de certains de ses acteurs.

Néanmoins, ce dernier élément, ainsi que l'extrême pudeur avec laquelle ont été réalisées les scènes d'amour et de violence, donnent à la version originale de La Femme en vert ce charme si indescriptible que la plupart des films anciens ont en commun. Bien qu'il ne s'agisse là que d'une adaptation parmi tant d'autres, je vous recommande le visionnage de cette dernière. Et puis, il s'agit là d'une occasion à bas coût de diversifier votre vidéothèque.