Seven Swords
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 01/12/2005 (Tags : seven tsui hark swords film films jeux
Tsui Hark est une figure emblématique du cinéma asiatique, généralement cantonné en occident aux sorties direct-to-dvd, à moins qu'une légende médiatique soit de la partie (un Van Damme par exemple, n'oublions pas Double Team). Fort heureusement, le cinéma d'épée chinois a le vent en poupe grâce aux oeuvres très accessible de Ang Lee (Tigre & Dragon) et Zhang Yimou (Hero, Le Secret des Poignards Volants), et c'est donc avec un certain plaisir que Hark renoue avec les salles obscures françaises, pour l'adaptation du roman "Les sept Epées de la montagne Tian. De la fantaisie, certes, mais mené par un maître du cinéma d'action...
Au XVIIème siècle, l'empereur Ching a interdit la pratique des arts martiaux, maintenant sanctionnée par la mort. Ravage et son armée, des mercenaires attirés par l'argent rasent un à un les villages rebelles avec la bénédiction de l'empereur. Pour mettre fin au génocide, Fu, Zhiban, et Wu, marchent jusqu'au Mont Céleste pour y quérir de l'aide. Maître Ombre Brillante les accueille et consent à leur apporter son aide. Il dépêche au village ses disciples, de grands épéistes légendaires...
Si l'on peut affirmer que Seven Swords appartient au genre mythique du Wu Xia Pian, entendez les films fantaisistes d'épées chinois, le classer aux côtés des films de Ang Lee ou de Yimou deviendrait vite inconvenant. Tout est question d'intentions. Là où Tigre & Dragon et Hero prône l'exubérance, les combats sur-chorégraphiés gorgés de techniques martiales improbables, et le joli ralenti un peu niais, Tsui Hark entend se montrer plus direct, plus terre à terre. Oui, Seven Swords s'affirme moins fantasque que ses prédécesseurs, toutefois sans brises les codes et stéréotypes du genre. Ainsi, cinq épéistes légendaires s'allient avec deux paysans rompus aux arts martiaux pour défendre un village barbarisé par trois cents soldats sanguinaires, à grands renforts d'acrobaties aériennes et de prouesses martiales esthétiques. Il n'y a qu'à examiner les épées des protagonistes : toutes portent un nom et disposent d'une caractéristique très spécifique qui nous ramène dans le domaine de l'imaginaire (Transcendante s'aimante au point de déplacer des boulets de canon, Chimère produit des sons stridents à chacun de ses déplacements). Le synopsis, relativement simpliste, annonce la couleur : l'intrigue est maigre, plutôt convenue, et malgré sa durée importante, Seven Swords fait dans la facilité quand il s'agit de parler de ses personnages. On se demande presque où passent toutes ces minutes. Peut-être dans les quelques débuts de romances avortées. L'oeil attentif et éclairé verra dans le montage un peu décousu la résultante d'une suppression d'un certain nombre de scènes expliquant ces défauts de narration : car il faut dire, qu'à la base, le film dépassait très largement les trois heures de temps. Aussi, Tsui Hark met l'accent sur l'image brutale, désaturée, et sur le charisme très flegmatique des personnages pour porter le film sur sa longueur, sans oublier d'apporter son lot de combats épiques agréables à l'oeil, quoique parfois un peu confus et sous-développés (résultante montage).
Un Wu Xian Pian lorgnant un peu sur les Sept Samourais, sans pourtant chercher à s'y comparer. Les nombreuses coupes plombent un peu le récit, compensées par de bonnes interprétations, des jolis chorégraphies moins fantaisistes qu'à l'accoutumée (mais un peu quand même), et le petit côté Heroic Fantasy bienvenue. Une réussite, pour peu que l'on ne soit pas allergique au genre.