Le seigneur des anneaux - Le retour du roi
Cinéma / Critique - écrit par Kassad, le 18/12/2003 (Le retour du grand cinéma
Enfin le dernier tome du Seigneur des anneaux à l'écran. Moment tant attendu depuis 3 ans maintenant. Le retour du roi, le choc entre les troupes de Sauron et Viggo Aragorn Mortensen... Mon premier conseil est le suivant : bien s'installer dans son fauteuil car le film dure plus de trois heures (la version longue directement mise en exploitation ?) et navigue entre émotions et grand spectacle. En ce qui me concerne le contrat est bel et bien rempli au delà même de ce que je pouvais espérer d'une mise en scène, forcément réductrice, d'une oeuvre comme Le Seigneur des anneaux.
Pour ceux qui n'auraient pas suivi (les deux premiers ou le livre), nous retrouvons nos comparses après les batailles du gouffre de Helm et d'Isengard. Le Rohan est sauf, mais pour combien de temps ? Sauron continue de masser ses troupes et part cette fois en guerre contre le Gondor dernier rempart de la terre du milieu.
Sur son chemin se dresse Minas Tirith, la cité des rois du Gondor, actuellement gouvernée par un intendant dont on sent bien qu'il n'a pas l'étoffe d'un roi. Qui pourra réunir le Gondor et le Rohan dans une même coalition pour faire face aux hordes d'Orques déversées par le Mordor ? Loin de tous ces mouvements de troupes : Frodon, Sam et Gollum-Smeagol continuent leur chemin vers le Mordor pour y conduire et y détruire l'anneau qui a une influence toujours plus délétère et grande sur son porteur...
Comme je l'ai déjà dit, Peter Jackson dans ce dernier tome ne déçoit pas. Il réussit à conserver l'esprit du roman de Tolkien même si, forcément, nombres de passages sont transformés, édulcorés, adaptés. Commençons par le point le plus important. La balance entre les batailles gigantesques, mettant en jeu des milliers de figurants, des plans larges de la largeur de tout l'horizon du visible, des hurlements, du sang..., et l'épopée plus intime, mais plus importante des hobbits en route pour la destruction de l'anneau. Cette mise en perspective est très réussie. Il faut noter à ce sujet le jeu exceptionnel d'Elijah Wood qui campe un Frodon dans une lutte exténuante et incessante contre le pouvoir maléfique de l'anneau. Le plus petit et le plus faible, en apparence, de tous les êtres détient en lui la destinée du monde. Alors les hommes ont beau se battre, se montrer vaillants, tout cela n'a de sens que par ce qu'ils ont foi en Frodon. Par ce que le retour du roi c'est surtout le retour des Hommes, le retour de l'honneur chez les Hommes. Souvenez vous, La communeauté de l'anneau commence sur l'idée que les hommes ont failli, ils n'ont pas pu résister à la tentation de conserver l'anneau. Le moment de la rédemption, des vivants et des morts est venu...
Les combats sont eux-aussi réussis. L'alternance entre vue générale et détails - faits d'armes des principaux héros : par exemple l'assaut de Legolas sur un monstre d'une quinzaine de mètres de hauteur - se fait naturellement. Le traitement géométrique et graphique des batailles est superbe. Les divisions carrées, noires de Sauron enfoncées par la déferlante verte des cavaliers du Rohan est un grand moment. On a l'impression d'un fleuve en furie qui arrache tout sur son passage mais qui est en même temps contenu et ralenti par des digues successives jusqu'à se stopper et se transformer en un combat statique. Même traitement pour l'attaque de la Porte Noire, où les hommes encerclés (au sens géométrique du terme) se lancent dans un dernier combat désespéré, pour l'honneur, pour Frodon... Dans l'ensemble je dois dire que j'ai été pris par cette mise en scène grandiose, il y a juste un petit moment de ridicule lors du suicide de l'intendant du Gondor, un peu trop kitsch et qui fait "sortir" du film.
Un autre point positif à mettre au crédit de ce dernier épisode : une fois que tout est terminé, que les armes ont cessé de parler, alors le silence se fait. Chacun se retrouve seul, face à lui même avec ses souvenirs, ses blessures. La vie reprend, mais pas comme avant. Superficiellement rien n'a changé (ce qui est bien illustré par une scène de beuverie dans une taverne hobbit), le danger est éloigné, un but a été atteint... Comment repartir, comment continuer ? Peter Jackson ne solde pas ce problème en deux minutes (comme c'est par exemple fait dans les différents épisodes de La guerre des étoiles) : cela rajoute un supplément d'âme au film que bien des spectateurs qui sont partis une fois l'affaire "pliée" n'ont pas vu. Dommage pour eux...