Le Roi Arthur
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 04/08/2004 (
Serait-il devenu tendance, à l'image de Troie, de ramener sur terre l'immense foule de littéraires conquis par les récits fantaisistes des légendes passées ? Il faut le croire, étant donné le nombre de millions de dollars voués à reconstituer la pure vérité de chez pure vérité, l'Histoire avec un grand H, celle qui a été retrouvée au travers d'années de fouilles archéologiques et au prix d'un travail passionné et méticuleux. Les faits, seulement les faits. Promis, juré, craché, filmé. Pas la peine donc de réviser votre Boorman ou votre Disney, ce qui va vous être présenté fera dans l'inédit. Ou tout du moins, c'est ce qu'on espère nous faire avaler...
Après une dernière mission couronnée de succès, Arthur (Clive Owen) et ses chevaliers sont sur le point de s'affranchir de l'armée romaine et de goûter aux joies de la liberté. Mais l'église ne consentira à les laisser partir qu'après une ultime mission : organiser le sauvetage d'une importante famille romaine catholique, au-delà du mur d'Hadrien, et les ramener en sécurité. Les saxons avancent chaque jour, Arthur sait que le danger est grand. Mais il n'a pas le choix. Si lui et ses hommes veulent redevenir libres, ils doivent de nouveau combattre....
Ils manient l'épée comme personne, ils tirent à l'arc au-delà des portées conventionnelles, ils affichent de jolies gueules d'amour, et ils ne perdent jamais. Lancelot, Galahad, Bors, Tristan, Gauvain, Dagonet, les preux chevaliers du roi Arthur ! Enfin, « roi », c'est vite dit. Plutôt « commandant », dans l'armée romaine. Car, pour les gentils pontes qui ont écrit le scénario, il était impensable de re-sucer une nouvelle fois le mythe en y changeant trois quatre détails par ci par là. Non, autant tout changer, revenir aux sources, à la genèse très terre-à-terre de l'histoire d'Arthur et de ses potes. Oh, il y a tout de même des repères : Arthur a sa table ronde ; et Arthur a son Excalibur. Par contre, pour la suite, il faut penser à s'accrocher : Arthur commande sa petite troupe en Bretagne, et affronte les saxons ; Merlin se terre dans la forêt avec sa tribu bretonne ; Guenièvre tire à l'arc et n'est guère plus qu'une nana un peu culottée sans grand intérêt intellectuel. Evidemment ça perd un peu de matière chevaleresque et de fantaisie, mais puisqu'on nous dit que c'est la véritable histoire, autant passer l'éponge... un temps. En tout cas, la légende avait au moins pour elle l'avantage d'être intéressante et un brin hors des sentiers battus du conte historique pile poil véridique. L'Histoire, elle, n'est rien de plus que le récit d'un groupe d'hommes qui bataillent contre un autre groupe d'hommes, à en croire le joli petit scénario que l'on a bien voulu nous pondre. Il y a bien quelques tentatives de fond, du travail un peu désordonné pour donner consistance et spirit au calvaire de Arthur et ses chevaliers. Tombent parfois des valeurs de liberté, d'appartenance, de peuple, de tolérance, de religion, de doux mots vite écrasés par le sabot d'un cheval ou balayés par le sourire Steradent de Lancelot. Tant pis, alors il faudra batailler. Caméra à l'épaule. L'un des plus mauvais choix qui existent pour filmer un affrontement de troupes, lorsque l'expérience fait défaut. Lancelot et Arthur font des petits tours sur eux-mêmes en donnant de l'épée, je crois... Attendez... Oui, ils sont vivants, ouf. Satanée caméra qui ferait passer Michael Bay pour une statue grecque. Heureusement, ce n'est pas le nombre de batailles qui va occuper les deux heures de pellicule. Pourtant, les saxons ne demandent que ça. Leur chef : un mormon dépressif sous calmants. Son but : raser la Bretagne, c'est dit, il s'y met aujourd'hui. Coup de grâce, Hans Zimmer déçoit, peut-être trop peu inspiré par Real Arthur (ça se comprendrait), en livrant une Bande Originale presque totalement insignifiante.
Oubliez Avalon, Camelot, le Graal et, si possible, remplacez mentalement les noms d'Arthur, Lancelot, Guenièvre par d'autres. Voilà, vous obtenez un sympathique petit film d'histoire lorgnant goulûment sur un Gladiator, l'esprit chevaleresque et le souffle épique en moins. Pas grand-chose de nouveau sous le soleil d'août, en somme...