Rocky III - L'oeil du tigre
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 11/08/2010 (Tags : rocky stallone film sylvester balboa cinema lang
Premier véritable Stallone movie, L'œil du tigre est à sa manière un jalon de l'histoire du cinéma : imagerie culte, musique culte... Rocky Balboa quitte les eaux du drame sportif pour entrer de plain-pied dans le domaine du spectacle surdimensionné.
Avec Rocky en 1976, Sylvester Stallone devenait une de ces personnalités cinématographiques avec lesquelles il faut compter : nominé la même année pour l'Oscar du meilleur scénario et celui du meilleur acteur, il suivait en cela les pas de... Charlie Chaplin et Orson Welles ! Au cours des quelques années suivantes, sa carrière stagne un peu, quand elle ne caresse pas tout simplement le plancher (La taverne de l'enfer se trimbale la réputation d'être un des pires films de tous les
Encore un incroyable Hulktemps). Pourtant, il accumule une certaine expérience dans différents domaines (il signe quatre scénarios et deux réalisations), et en 1982, c'est le début de l'âge d'or pour Sly : en deux films, il passe du statut de comédien à celui de star, devenant une sorte d'icône d'une nouvelle génération de films d'action. Si le deuxième de ces films (Rambo - First Blood) est un drame humain que ses suites se chargeront de changer en bourrinage surréaliste, le premier (Rocky III : l'œil du tigre) façonne la formule qui servira de matrice à bon nombre de ses succès à venir : le héros incarné par Stallone est droit, juste et surtout méga-musclé, son adversaire est violent et dangereux, et le premier punira le deuxième à l'issue d'un affrontement final qui lui vaudra les applaudissements du public. Cet héroïsme manichéen, absent des deux premiers épisodes de Rocky, sera pérennisé par la suite dans Rambo II & III, Rocky IV, Cobra, etc.
La saga Rocky a toujours été le miroir du parcours de Sylvester Stallone ; il les a d'ailleurs tous scénarisés, et a dirigé lui-même quatre des six films (ce qui représente la moitié de sa carrière de réalisateur à ce jour !). Ce troisième épisode montre donc un Rocky Balboa catapulté champion du monde, transformé par le succès en bête de foire vendu aux médias (les plans utilisés incluent malicieusement des extraits d'une cérémonie des Oscars et d'un épisode du Muppet Show, montrant donc Stallone lui-même et non son personnage). Tandis qu'il parade devant les caméras, notamment pour un combat mémorable organisé dans le cadre d'une œuvre de charité (son adversaire Thunderlips est incarné par le pittoresque catcheur moustachu Hulk Hogan), un boxeur colérique appelé
Tu m'as menti ! Tu n'as aucun
lien de parenté avec Fritz et Jack !Clubber Lang remporte victoire sur victoire, et brigue une rencontre que l'entraîneur de Balboa (Mickey, toujours joué par le merveilleux râleur Burgess Meredith) refuse de peur que son poulain se fasse massacrer. Mais la confrontation est inévitable...
L'interprète du menaçant Clubber, l'acteur noir Mr. T, dégage une personnalité si forte pour sa première apparition à l'écran (si l'on oublie son passage anecdotique dans Blues Brothers) qu'il devient dès l'an suivant l'une des vedettes de la série L'agence tous risques, où il joue le rôle de Barracuda créé pour lui. Sa présence inimitable, étoffée d'une logorrhée vindicative et accompagnée d'une musique cultissime (la chanson Eye of the Tiger de Survivor a été nommée à l'Oscar), font probablement de ce film le plus emblématique des Rocky : davantage de paillettes que dans les deux premiers ou le cinquième, moins d'excès délirants que dans le ridicule quatrième, Rocky III trouve un équilibre entre intrigue (Paulie et Adrienne sont toutefois relégués au second plan, au profit des relations entre Balboa et son ancien adversaire Apollo Creed) et spectacle (trois combats complets sont montrés à l'écran, là où le reste de la série cultive les ellipses). Sly est au top de sa forme physique (il semble plus jeune que dans les deux premiers films, et arbore une musculature exemplaire), et entame là une période d'extrême popularité qui durera une quinzaine d'années...