OSS 117 - Le Caire nid d'espions
Cinéma / Critique - écrit par Vincent.L, le 19/04/2006 (Tags : oss film nid jean caire espions dujardin
Une grande parodie française
La France peut-elle concurrencer les maîtres américains de la comédie parodique, tels les Zucker Abrahams Zucker ou encore Mel Brooks? Comme les Nuls ont pu le montrer avec La cité de la peur il y a plus de dix ans ou Kad et Olivier il y a trois ans avec Mais qui a tué Paméla Rose?, le pays du coq n'a rien à envier aux autres. OSS 117, formidable surprise au comique absurde et décalé, le prouve une fois encore.
Avec le très en vogue Jean Dujardin en tête d'affiche, les producteurs du film s'assurent d'attirer un grand nombre de curieux. Assis devant une avalanche de gags délirants et des visuels qui rappellent brillamment les films et séries des années 1950 à 1970, les spectateurs ne peuvent qu'être éblouis par tant de réussite esthétique et humoristique. L'acteur d'Il ne faut jurer... de rien! et d'Un gars, une fille propose un festival d'attitudes, de mimiques et postures inspirées. En le voyant si à l'aise dans son rôle, si prompt à s'incruster et s'effacer derrière le personnage qu'il interprète, on se surprend à penser à un mélange de Jean-Paul Belmondo, Jim Carrey et Sean Connery. Dans sa prestation d'agent secret aux tendances divinement stupides, Jean Dujardin est exquis. Ses paroles souvent absurdes font mouche quasiment à chaque fois et les quiproquos dans lesquels il se fourgue sont si bien amenés que l'on s'esclaffe fréquemment. Mené à une cadence soutenue tout le long du film, on applaudit cette admirable performance rythmique pour une oeuvre comique sur grand écran.
En 1h40, OSS 117 ne se perd pas en détails inutiles. Michel Hazanavicius, le réalisateur de Derrick contre Superman et de Le grand détournement- La classe américaine, se plaît à mettre en scène une imagerie volontairement ringarde et décalée. Le scénario classique d'espionnage est placé en retrait. A son écriture, Jean-François Halin, connu pour ses travaux au sein des équipes des Guignols de l'info et de 7 jours au Groland, ne fait pas dans la dentelle. Souvent politiquement incorrect, OSS 117 aurait tout pour offenser les homosexuels et les musulmans s'il n'affichait pas dès ses premières minutes un second degré permanent. Volontairement bourré de clichés colonialistes et misogynes, le fameux espion français OSS 117 livre des blagues sacrements corsées sur l'Islam et exprime très patriotiquement ses valeurs de « bonne vieille France ». Ces gags sont hilarants, le scénariste se moquant évidemment largement de son personnage principal.
Dans quelques scènes, les dialogues d'OSS 117 atteignent des niveaux d'absurdité absolument géniaux. La discussion entre les différents gérants d'entreprise en Egypte devrait ainsi marquer les esprits pour longtemps. Si l'on rajoute à toutes ces qualités le charme de Bérénice Bejo et d'Aure Atika en petites tenues, cette parodie a de grandes chances de s'imposer comme la réussite du genre de l'année. De son côté, Jean Dujardin confirme qu'il est en train, sans prétentions et tranquillement, de marquer l'histoire et le renouveau de l'humour français au cinéma.