Neuilly sa mère !
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 17/08/2009 (Tags : mere neuilly sami film charles cinema comedie
Malgré les apparences, ce film initié par Djamel Bensalah ne joue pas la carte de la provoc mais celle de l'humour tendre et pacifiant, qui fonctionne plutôt bien grâce à un casting sympathique.
Il y a dix ans, un film au titre improbable permettait à Jamel Debbouze de passer du petit au grand écran. Le ciel, les oiseaux et... ta mère était également une porte d'entrée pour un autre Djamel (à l'orthographe différente) : Bensalah, que l'on retrouva par la suite aux commandes du Raid (2002), Il était une fois dans l'Oued (2005) et Big City (2007). Aujourd'hui, Neuilly... sa mère affiche un titre triplement trompeur : il ne s'agit pas d'une suite du métrage précédemment cité, ni d'un film "de" Djamel Bensalah puisqu'il n'en est que producteur et partiellement scénariste
(la réalisation est assuré par Gabriel Julien-Laferrière, qui saute le pas après avoir été assistant pendant vingt ans, notamment pour Claire Denis et Leos Carax), et le choc des cultures annoncé n'a pas de quoi faire blêmir les censeurs d'un bord ni de l'autre. Une fois ces fausses pistes balayées, le film s'avère formaté mais plutôt agréable, et ne souffre pas des clichés qu'il brasse pourtant avec insouciance.
Sami Benboudaoud (Samy Seghir, découvert dans Big City) habite à Chalon, dans la cité Maurice Ravel. Son père (Ramzy, inattendu) est mort le jour de la coupe du monde 1998, ce qui a définitivement fâché Sami avec le football et Zinedine Zidane. Il a désormais quatorze ans, et forme avec deux potes un trio black-blanc-beur qui n'est pas sans évoquer une version junior de celui de La Haine. Lorsque sa mère lui annonce qu'elle part travailler sur un bateau et qu'il va devoir habiter chez sa tante Djamila (Rachida Brakni), son monde s'écroule. Cette dernière habite à Neuilly en compagnie de son mari Stanislas (Denis Podalydès), de son beau-fils Charles (Jérémy Denisty, venu lui aussi de Big City) et de sa belle-fille Caroline (Chloé Coulloud). L'intégration sera difficile...
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Neuilly sa mère n'a rien d'un anti-Petit Nicolas. On trouve d'ailleurs au générique de nombreuses similitudes avec celui de l'adaptation à venir (Valérie Lemercier, François-Xavier Demaison, Michel Galabru, Kad d'un côté et Olivier de l'autre)... La différence majeure, c'est l'appartenance
du jeune héros à une cité (gentillette), et l'exploration du potentiel comique que recèle la confrontation avec la population neuilléenne. Quelques ressorts massifs viennent aider le scénario : le petit musulman est hébergé par un gros exploitant de porc, son cousin est un fan de Chirac et Sarkozy (idéal pour générer quelques répliques bien drôles et déclinables à l'infini par les spectateurs : « ma cuisine, tu l'aimes ou tu la quittes », « si tu finis pas tes haricots, t'es un loser, t'es Balladur ! »), l'adorable voisine joue du violon alors que Sami ne connaît que le rap... Les stéréotypes sont pourtant utilisés avec une grâce qui évite à la fois la démagogie lourdingue et la leçon de morale à deux balles. Si rien n'est vraiment surprenant, on s'attache pourtant sans problème aux personnages, grâce aux dialogues et à l'interprétation.
Une comédie familiale, sans une parcelle de méchanceté ou de cynisme, prônant simplement l'ouverture d'esprit et la tolérance. A défaut de révolutionner quoi que ce soit, le film a le mérite d'être rafraîchissant et visible par un très large public.