Michael Clayton
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 22/10/2007 (Tags : michael clayton film cinema thriller clooney gilroy
La clé, c'est de ne pas en faire des tonnes : néanmoins, la sobriété ne sauve pas complètement ce film parfois confus...
George Clooney, depuis maintenant quelques années, a quitté le statut d'acteur beau gosse pour série télé et l'a troqué contre celui, plus intéressant, d'acteur / producteur / réalisateur de film allant du divertissement de qualité à l'œuvre férocement engagée. Pas toujours très subtiles (Good night and good luck et son parallèle entre le maccarthysme de jadis et l'administration Bush d'aujourd'hui), ces productions ne manquent pas pour autant de saveur ni de pertinence.
Michael Clayton (George Clooney) travaille depuis 17 ans pour un cabinet juridique dont il est l'ange gardien : il sait trouver le spécialiste pour chaque situation de crise, et reste dans l'ombre sans se soucier de ce que les affaires deviennent. Mais lorsque son collègue et ami Arthur Edens (Tom Wilkinson) se met à péter les plombs, Clayton commence à s'interroger sur la moralité des ses actions, et sur celle de son employeur...
"T'as pas l'air en forme, tu veux que je te
prête ma moustache ? - Non, je veux de
la teinture pour mes cheveux..."Le George acteur, c'est une constante : qu'il soit charmeur ou bougon, déguisé en Batman ou affublé d'une barbe, qu'il soit gangster en cavale ou producteur radio, il reste le même individu au regard sombre, qui semble toujours être un peu ailleurs tout en étant clairement là où il est. Et si ce n'est pas clair, revoyez un de ses films, vous comprendrez. Donc fort de cette constante, et jouant à fond sur la persona de son acteur principal (et producteur, avec Steven Soderbergh, Anthony Minghella et Sydney Pollack), Tony Gilroy se lance dans la réalisation pour la première fois après plus de quinze ans passés à écrire des scénarios (on lui doit ceux des trois Jason Bourne, mais aussi L'avocat du diable, Armageddon, Dolores Claiborne et L'échange).
Du coup, Gilroy ne se fait pas trop de souci pour le scénario, et s'attache surtout à fignoler la réalisation. Tout en gardant la sobriété nécessaire à ce type de sujet ultra-sérieux, il s'adonne à l'expérimentation avec un talent certain, notamment lors de certains plans-séquences très forts. Mais le long de ses expérimentations, il oublie parfois de raconter l'histoire efficacement. Au cours de la première heure, on se surprend même à bâiller en attendant de comprendre les tenants et les aboutissants, quand on ne reste pas carrément perplexe devant certaines maladresses de narration. Heureusement, la deuxième partie est mieux menée, et les scènes deviennent assez fortes à partir du moment où George reprend les choses en main.
Œuvre engagée ? Peut-être, mais comme il ne s'agit pas directement de faits réels (Gilroy s'est inspiré, sur le principe, d'un procès intenté à General Motors dans les années 70), il est difficile d'y voir une charge contre une entité particulière ; les thèmes abordés l'ont déjà été plusieurs fois dans le passé, de façon au moins aussi efficace (Révélations de Michael Mann), et le style de cette intrigue farcie aux avocats rappelle furieusement les romans de John Grisham et leurs adaptations. Reste que Clooney a la classe, comme d'habitude, et que Tony Gilroy promet d'être un réalisateur intéressant s'il corrige certains travers qui nuisent à la lisibilité de son œuvre...
Une fois n'est pas coutume, on saluera le changement d'affiche opéré pour la sortie française, celle de la sortie US étant particulièrement laide (démonstration).