La vengeance dans la peau
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 14/09/2007 (Bourne to be wild
Matt Damon ? Présent. Paul Greengrass ? Présent. Bon, ok, ne perdons pas de temps, il est urgent de boucler la trilogie Jason Bourne avant que les gens perdent le fil de l'histoire. Allez hop, on y va.
Jason (Matt Damon) est près de cerner les dernières bribes manquantes de son passé. Résolu à venger sa douce amie assassinée et à faire la lumière sur sa propre identité, il traque sans relâche les obscurs faiseurs de tueurs qui agissent dans les recoins les plus secrets du gouvernement américain...
Autant prévenir les audacieux : aller voir ce film sans avoir vu les deux premiers est une aussi bonne idée que de prendre la série Lost en cours de route. Le début est même tellement abrupt qu'on peut se demander si le projectionniste n'a pas purement lancé la deuxième bobine par erreur. Heureusement, le réalisateur a rapidement pitié du spectateur qui ne se tape pas les deux opus précédents en boucle, et lui inocule quelques flashbacks salutaires pour lui rafraîchir la mémoire. Doublés bien entendu de quelques « nouveaux » flashbacks qui rafraîchissent celle de Jason Bourne.
Matt DémonQuestion action, pas de doute, la trilogie Dans la peau assure comme une bête. Le cadreur, toujours privé de trépied pour raisons budgétaires, assume le style « au shaker pas à la cuiller » établi dans l'épisode précédent, qui peut fatiguer les yeux mais reste toujours étonnamment lisible. Bastons sèches, scènes de suspense tendues comme un string de sumo, courses-poursuites nerveuses et réussies (celle qui prend place à Tanger est particulièrement impressionnante, à tel point que cette critique a failli s'appeler Destination Tanger), La vengeance dans la peau délivre de l'adrénaline sans faillir, faisant oublier le manque total d'humour déployé dans les deux heures de métrage. C'est dire si la comparaison James Bond / Jason Bourne s'arrête à leurs initiales (bien que le récent Casino Royale emprunte une voie plus « bournienne » que ses prédécesseurs).
Côté intrigue, les vannes ouvertes sont refermées, les clés manquantes sont retrouvées au fond du sac à main et Jason arrive au terme de son voyage (ré)initiatique. Là où un XIII se fait balader depuis 25 ans et une quinzaine de volumes qui mettent à l'agonie le mystère de base (on annonce cependant la fin pour le mois de novembre, youpi youpla), la trilogie ici présente a l'intelligence de boucler l'histoire en trois films pour ne pas diluer son intérêt. Il n'est pas exclus qu'une suite soit tournée, mais elle ne sera pas située dans la continuité immédiate des trois premiers films.
Jason Bourne, dans son enquête haletante, aura rencontré l'amour et la mort, la frustration et le remords ; il aura affronté ses démons et ceux de la société, confronté des tueurs aussi implacables que lui et gratté l'humanité qui y subsiste, comme au fond de sa propre cervelle. Rien à dire, c'est plutôt intense. Et même si tout les thèmes avaient été abordés dès le premier film, les deux suivants complètent une saga d'espionnage et d'action / introspection qui devrait rester parmi les références du genre.