Mesrine - 1ère partie : L'instinct de mort
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 23/10/2008 (Tags : mesrine code jean france film jacques francois
Vincent Cassel habite le rôle de Jacques Mesrine, bandit violent attiré par la lumière des projecteurs. Mais Jean-François Richet use trop de l'ellipse pour offrir un regard vraiment intéressant sur un personnage qui prête pourtant le flanc au débat.
Absent des écrans depuis son incursion aux Etats-Unis pour le remake d'Assaut, Jean-François Richet revient en force cette année, avec non pas un, mais deux films consacrés au célèbre braqueur Jacques Mesrine. Le projet est dans l'air depuis 2001, et Vincent Cassel a failli laisser place dans le rôle-titre à Benoît Magimel ou Vincent Elbaz (qui s'est rattrapé avec Le dernier gang). Inspiré des différents livres écrits par Mesrine lui-même et ses biographes (L'instinct de mort, Coupable d'être innocent...), tourné en neuf mois d'affilée, le diptyque retrace en deux temps sa montée en popularité et ses coups d'éclats médiatiques... L'instinct
de mort sort cette semaine, et la suite arrive le mois prochain sous le titre L'ennemi public n°1.
Revenant d'Algérie en 1959, Jacques Mesrine (Vincent Cassel) choisit de suivre son ami Paul (Gilles Lellouche) dans ses activités de cambriolage plutôt que de travailler honnêtement comme ses parents le voudraient. Après avoir exécuté quelques coups pour l'inquiétant Guido (Gérard Depardieu), le jeune homme se retrouve une première fois en prison. Mais rien ne saura jamais assagir ce chien fou, avide de liberté et de popularité, capable des pires violences pour faire respecter sa notion toute personnelle de l'honneur.
Dès l'ouverture, Richet annonce la couleur par un panneau : on ne peut offrir de la vie d'un homme qu'une vision forcément biaisée, incomplète, partiellement fausse et soumise en l'occurrence aux lois de l'adaptation cinématographique. Cette déclaration, le réalisateur l'illustre de façon inventive quoique peu finaude, en montant un générique de début à l'aide d'un split-screen qui présente différentes prises des mêmes plans ; Cassel est montré retirant ses lunettes de la main gauche et de la main droite au même moment, etc. La vérité est floue, sujette à interprétation... Si besoin était d'insister sur ce postulat, la présence répétée de miroirs au cours du film rappellera au spectateur que la vision des choses dépend de l'endroit où l'on se place... Une idée de réalisation parmi d'autres, dans un film
Roy Dupuis a plus de gueule
ici que dans la série Nikitaqui est loin d'en manquer et se révèle parfois à la limite du tape-à-l'œil. De toute évidence, le but est de proposer un polar nerveux, efficace, violent (certaines scènes sont d'une cruauté à faire grincer des dents) et habité de quelques formules-choc susceptibles d'être reprises par les fans (« Dehors ou mort », « Personne me tue tant que je l'ai pas décidé »...).
Pourtant, la question qui flottait à l'annonce du film reste curieusement en suspens : Mesrine y est-il glorifié ou présenté comme un bougre de salopard psychotique ? Ni le réalisateur ni l'acteur ne semblent capables d'opter pour un point de vue clair à ce sujet, s'il faut en croire leurs récentes interviews. Si la première partie du film n'hésite pas à montrer le personnage dangereusement impulsif, allant jusqu'à d'inquiétants emportements avec sa première femme, la deuxième semble occulter plusieurs éléments pour se concentrer sur le côté « Bonnie & Clyde » de son couple avec Jeanne Schneider (Cécile De France), suivi d'une approche « Robin des Bois au Canada » qui rend le bonhomme forcément sympathique. Les ellipses, que leur objectif soit ou non de présenter les évènements sous un certain angle, finissent par s'avérer un peu perturbantes dans leur volonté d'éviter des épisodes importants, simplement traités par le mépris. Quid de la première arrestation de Mesrine, du départ de sa femme ? L'impression régulière de sauter du coq à l'âne empêche l'immersion complète dans un thriller qui jouit pourtant d'une belle énergie et d'une interprétation sans faille (notamment Depardieu, impérial et massif en parrain mère-poule mais sadique). Mais on déplore ce sentiment de survol qui habite le film, et surtout une fin complètement abrupte et insatisfaisante, qui donne l'impression que la deuxième partie va arriver juste après un entracte... alors qu'il faudra l'attendre un mois !