La Ligue des gentlemen extraordinaires - LXG
Cinéma / Critique - écrit par camite, le 05/10/2003 (Si vous pensez que Le Pacte des Loups est le meilleur film français de tous les temps
Londres, 1899. Le "Phantom", un pur méchant de film de super-héros mène des actions de destruction massive à l'aide d'armes ultra-modernes. L'empire britannique accuse les Allemands, lesquels démentent. Pendant ce temps, au Kenya, l'aventurier retraité Alan Quatermain échappe à un attentat attribué aux hommes du Phantom. Convaincu du danger que représente l'affreux, il accepte la proposition du bien nommé M : rejoindre l'Angleterre afin d'intégrer la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, l'arme ultime du Bien contre le Mal. A ses côtés : Tom Sawyer, Dorian Gray, Mina Harker, le capitaine Nemo, l'homme invisible et le docteur Henry Jekyll...
Difficile de trouver plus hallucinant ou incongru que le postulat de départ de cette Ligue. Le synopsis se suffit à lui-même. Avant les inesquivables réactions snobino-bourgeoiso-blasées condamnant le film sans l'avoir vu à grands coups de "n'importe quoi", "pas cohérent" ou "pas réaliste", signalons qu'à l'origine de La Ligue se trouve une bande dessinée d'Alan Moore, déjà inspirateur graphique et scénaristique du From Hell des frères Hugues. Peu surprenant, dès lors, d'en retrouver l'atmosphère gothique fin XIXe siècle ou encore l'acteur Jason Flemying.
Précisions mises à part, croyez-le ou non mais ça fonctionne du tonnerre, mine de rien. Les fans de Jacques Rivette risquent de ne rien comprendre à l'affaire (de toute façon, à moins de se gourer de salle...) mais pour qui ne craint pas de voir Dorian Gray ou Nemo exécuter de gracieux mouvements d'arts martiaux à la manière de Mark Dacascos dans Le Pacte des Loups, je dis jubilation. On peut d'ailleurs parier que Stephen Norrington (ou son scénariste, ou son producteur...) a vu le film de Christophe Gans, comme l'attesterait la présence de Dan Laustsen à la photographie ou celle, longtemps envisagée, de Monica Bellucci dans le rôle de Mina Harker.
Techniquement, La Ligue assure le spectacle (voir entre autre le costume de Mister Hyde, beaucoup plus réussi que le Hulk de synthèse d'Ang Lee). Les comédiens correspondent tous parfaitement à leurs rôles (un peu comme dans Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, dans lequel devait jouer Stuart Townsend, ici Dorian Gray). En terme d'écriture, James Robinson glisse régulièrement de savoureuses références à l'histoire des différents personnages ou au contexte culturel de leur époque. Les puristes de l'oeuvre originale (soit quelque chose comme deux personnes en France) regretteront l'ajout de Tom Sawyer, absent de la BD mais américain. D'autant que celui-ci emporte une sacrée partie du morceau à la fin (mais bon, chut). Pour autant, pas de quoi se priver d'un blockbuster incroyablement divertissant, jouissif et décomplexé.