Les Schtroumpfs - Le film ecchymose de l'été
Cinéma / Critique - écrit par enihprom, le 18/08/2011 (Tags : schtroumpf schtroumpfs film dessin bebe animation blanc
Il y a quelques séries qui, avec beaucoup d'amour, de temps et de travail, arrivent à se hisser au sommet. C'est le cas des Schtroumpfs. Ceci dit, il suffit d'un seul et unique faux-pas pour entacher à jamais la franchise. Et souvent, l'erreur est faite lorsque les ayant-droits, sans doute en manque d'argent, laissent passer des projets qui n'auraient jamais dû voir le jour. Les Schtroumpfs fait partie de cette catégorie. Si l'on devait décrire en une seule phrase ce que représente le film de Raja Gosnell pour la série, ce serait "coup de poignard".
DR.Il est sans doute inutile de s’attarder sur la série des Schtroumpfs, emblème intemporel de la bande dessinée franco-belge. Tout le monde connaît les aventures extraordinaires de ces êtres miniatures de couleur bleue, et on peut affirmer sans trop prendre de risques que tout le monde a lu au moins une fois dans sa vie un album narrant la lutte perpétuelle de la petite communauté face à Gargamel et son chat Azraël. S’il y a bien une chose qu’il ne fallait pas rater concernant les Schtroumpfs, c’est son adaptation cinématographique. Quelques transpositions en dessins animés ont certes été effectuées dans le passé avec plus ou moins de réussite, mais c’est la première fois que l’univers à la fois si enfantin et pourtant si mature des Schtroumpfs se voit transposé sur grand écran avec des acteurs réels (hormis les petits êtres bleus qui sont, bien évidemment, animés par ordinateur). Des acteurs réels ? Eh bien oui, grâce à une pirouette scénaristique de bas étage, quelques Schtroumpfs (dont le Grand Schtroumpf et la Schtroumpfette) vont atterrir en plein New York. Non, ce n’est pas une blague, des Schtroumpfs dans l’une des villes les plus peuplées des Etats-Unis. Chronique d’un assassinat.
Mais qu’est-ce qui s’est passé dans la salle de réunion pour que l’idée d’envoyer les Schtroumpfs à New York vienne sur la table ? C’était l’échec assuré. Ils auraient voulu détruire la série qu’ils n’auraient pas trouvé meilleur moyen. A l’origine de ce désastre, l’un des plus mauvais réalisateurs que l’on puisse trouver sur le marché, Raja Gosnell. Quelques uns des pires déchets cinématographiques figurent sur sa filmographie, à commencer par l’horrible Big Mamma. Autres fautifs, et non des moindres, les quatre scénaristes qui ont été nécessaires à l’élaboration du pseudo scénario qui constitue le film. La plupart d’entre eux ont exercé leur profession sur des purges comme George de la Jungle, Ecole paternelle 2 ou encore (dans une moindre mesure cependant) Shrek 2. De vrais génies dans le domaine en somme. Bref, tout était réuni pour assister à une véritable hécatombe et même la présence de l’excellent Neil Patrick Harris n’y change absolument rien : Les Schtroumpfs est un désastre de bout en bout.
DR.Pour être clair, inutile d’aller voir le film si vous avez moins de sept ans environ pour la simple et bonne raison que l’ "humour" (notez bien les guillemets) utilisé ne se destine qu’à eux et uniquement à eux. Mais on ne peut pas trop blâmer ceux qui sont aux commandes pour ça. Après tout, pourquoi aller chercher dans la subtilité quand on sait que les 95% du public qui iront le voir ne seront pas plus haut que trois pommes, étant donné que les adultes n’assumeront pas le fait d’avoir aimé les Schtroumpfs et d’encore les aimer malgré leur âge plus ou moins avancé. Et c’est d’autant plus désolant qu’il est évident que l’univers imaginé par Peyo se destine aussi bien aux petits qu’aux plus grands. D’ailleurs, ce constat est décuplé à cause de la 3D utilisée, complètement ringarde et inutile, qui ne fait clairement pas honneur aux traits de la bande dessinée. S’ajoute à cela l’incrustation laborieuse des créatures bleues dans les images réelles ainsi qu'un Gargamel vraiment ridicule autant dans son interprétation que dans son costume disponible à trois euros au Lafarfouille du coin, et l’on obtient la destruction pure et simple de tout ce que Peyo a mis tant de temps à élaborer de ses mains.
Mais le pire reste bien entendu le scénario. On n’a pas vu plus manichéen depuis les films de guerre sous l’ère Reagan comme Rambo II. Dégoulinant de bons sentiments américains dont l’odeur rappelle fortement la naphtaline, l’histoire des Schtroumpfs ne bernera que les plus petits et encore, même eux pourront se demander ce qu’est cette aventure dépassée et ultra-classique. Au final, une heure quarante-cinq (ça paraît pas comme ça, mais c’est extrêmement long quand on s’ennuie à mourir) de bêtise et de déjà-vu. Seul intérêt (discutable, certes), la voix de Lorant Deutsch accolée au Schtroumpf à lunettes qui colle plutôt bien au personnage. Par contre, on ne sait pas trop ce que Cœur de Pirate (oui, oui, la chanteuse) vient faire en prêtant sa voix à la Schtroumpfette… Enfin, la phrase d’accroche de l’affiche résume tout : « Qu’est-ce qu’on Schtroumpfe ici ?! ». Quand on est dans la salle, elle prend malheureusement tout son sens…