La guerre des mondes - 2005
Cinéma / Critique - écrit par Filipe, le 08/07/2005 (
La Guerre des Mondes de Steven Spielberg est la deuxième adaptation sur grand écran du célèbre roman du même nom, écrit en 1898 par Herbert George Wells. En 1954, Byron Haskin y allait de sa propre vision du chef d'oeuvre. Gene Barry et Ann Robinson en étaient les principales vedettes (et figurent au générique de la nouvelle production, en guise de clin d'oeil). Le film marque également la seconde collaboration du réalisateur Steven Spielberg et de l'acteur Tom Cruise, trois ans après la mise en images d'une nouvelle de Philip K. Dick, Minority Report. Une chance pour l'acteur américain, puisque l'idée de cette nouvelle adaptation traîne dans la tête du réalisateur depuis près de dix ans, à ce qu'on dit. La sortie du film Independance Day, réalisé en 1996 par Roland Emmerich, l'ayant incité à reporter le projet.
Contrairement à H.G. Wells, qui situe l'action de son récit à la fin du dix-neuvième siècle, Spielberg établit celle de son long-métrage aux alentours du vingt-et-unième, mais conserve bien entendu son fil conducteur : une invasion extra-terrestre, mettant en péril la survie de l'espèce humaine, et en particulier celle de Ray Ferrier et de ses deux enfants, dont il semble s'être désintéressé jusque là. L'occasion est idéale pour tenter de raffermir les liens qui les unissent.
J'avais quelques appréhensions à l'idée de visionner ce film : chaque fois que j'ai pris en main le livre de H.G. Wells, je n'ai été en mesure d'atteindre son dénouement. Et pourtant, malgré les lacunes évidentes du récit (soyons cléments, rappelons qu'il s'agit là de l'un des tous premiers ouvrages de science-fiction de l'Histoire de la littérature), je suis sorti de la salle les bras ballants, terrassé par l'émotion, éprouvé par tant d'audace et de réalisme. Je ne m'attendais pas à un tel remue-ménage et un tel remue-méninges : c'est LE film catastrophe par excellence, qui respecte parfaitement le genre et ses conventions. Tantôt terrifiant, tantôt fascinant, tantôt émouvant. Filmé de près, caméra à l'épaule : rien de tel pour nous entraîner au coeur de l'action et nous y maintenir en un tournemain. Spielberg l'a compris et a su se remettre en cause. Et quelle escalade... L'intrigue se resserre peu à peu autour du trio et l'on ne peut que pressentir les menaces qui pèsent sur eux en dehors du champ. L'héroïsme y est bien peu de chose. Aucun peuple, ni aucune armée, n'est mis en avant. On y trouve même matière à réflexion, en particulier au sujet de l'accès aux armes à feu et au choix des armes en cas de crise. D'autres n'hésiteront pas à faire quelques rapprochements avec l'après-11 septembre. Bardé d'effets spéciaux, le film est d'une technicité irréprochable. Visuellement parfait, il offre un incroyable dépaysement, à qui ne le déconsidèrera pas pour son contenu mais saura se contenter de son allure.
Car bien sûr, l'intrigue n'en demeure pas moins réduite à sa plus simple expression. Je vous l'accorde, certains passages, pêchant par naïveté, prêteront à sourire (je laisse à d'autres le soin d'analyser cette référence pour le moins saugrenue à une période bien précise de l'Histoire française). Il est également regrettable que le dénouement du film ait à ce point été expédié. Mais une fois ces données en tête, il n'y a pas à tergiverser. Ce film n'existe que sur grand écran. J'ai senti mon coeur battre au rythme du carnage. Les puristes objecteront que si tel n'avait pas été le cas, je n'aurais été en mesure de vous faire part de mes impressions. Soit. Tout comme celui de Byron Haskin, le film de Steven Spielberg est un témoin de son temps, et ce à maints égards. Un film comme seuls les américains savent en faire à l'heure actuelle.