La guerre des mondes - 1953
Cinéma / Critique - écrit par Filipe, le 18/03/2003 (La Guerre du Temps
Mars dépérit. Ses habitants, contraints de s'exiler pour leur propre survie, choisissent avec une certaine autorité notre bonne vieille Terre pour leur asile précipité. Et rien de tel que de réduire à néant la très modeste civilisation humaine afin de disposer de davantage d'espace et de confort.
La Guerre des Mondes est le titre du plus célèbre roman de science-fiction de H.G.Wells, adapté avec beaucoup de libertés au cinéma en 1953 par Byron Haskin. Ce film est devenu un grand classique du genre, son scénario ayant été surexploité au cours de l'avènement du cinéma de science-fiction au coeur du siècle dernier. Des vaisseaux éclaireurs, puis les offensives extraterrestres, la réaction tardive et inefficace d'une armée complètement dépassée par les évènements, et puis finalement une étonnante happy end. Il n'y a aucune surprise, la réalisation n'est d'aucune saveur.
On pourrait presque mimer et imaginer ce qui serait dit au cours des scènes suivantes. On pourrait presque s'impatienter tant ce film pourrait sembler caricatural. Etant donné le contexte de Guerre Froide, il n'est jamais question de l'Union Soviétique lors du défilé des villes meurtries. On assimile vite le rouge des communistes à celui qui caractérise l'Envahisseur. Les armées chinoises n'ont pas résisté bien longtemps. Et l'ultime et seul vrai rempart de notre magnifique civilisation est la bien valeureuse armée américaine.
Ainsi donc, La Guerre des Mondes serait un film de valeurs ? C'est sans compter la présentation plus que valorisante de l'arme nucléaire. C'est sans compter les discours invraisemblables qui élèvent les religions judéo-chrétiennes plus haut que ne se situe leur paradis. D'ailleurs, les seuls bâtiments qui subsistent dans un monde devenu apocalyptique après avoir subi une véritable troisième guerre mondiale sont bel et bien les églises. Et que dire enfin du statut de la femme que le film entend mettre en avant ?
Finalement, on a l'impression de visionner un remake du Mars Attacks de Tim Burton, film qui était une caricature grandiloquente de ces mêmes films anciens. Certaines répliques sont parfaitement inattendues, à la manière de ce prêtre qui imagine que les Martiens sont nécessairement plus proches de Dieu, étant des êtres plus intelligents que nous. Avec de tels dialogues, les héros ne sont aucunement charismatiques, le couple-phare du film, un professeur et l'une de ses anciennes élèves, ne nous offrant pas même un baiser final. Les effets spéciaux, qui constituaient jadis de véritables prouesses techniques, apportent ses n-ièmes rides à une oeuvre qu'il vaut mieux ranger précieusement pour ne redécouvrir que dans quelques siècles.
Quelques titres-phares du même genre, ceux-ci à découvrir sans attendre :
- Le Jour où la Terre s'arrêta (1951), un film américain de Robert Wise, avec Michael Rennie et Patricia Neal
- La Chose d'un autre monde (1951), un film franco-américain de Christian Niby, avec James Arness, Kenneth Tobey et Margaret Sheridan
- Le Météore de la nuit (1953), un film américain de Jack Arnold, avec Richard Carlson, Barbara Rush et Charles Drake
- Le Choc des Mondes (1951), un film américain de Rudolph Mate, avec Richard Derr, Barbara Rush et Peter Hanson