Gang de requins
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 18/10/2004 (Tags : film requins gang animation fenetre livres requin
Big Chiffe
La riposte Dreamworks ne se sera pas vraiment fait attendre. Et l'initiative avait, d'une certaine façon, tout pour plaire. Imaginez, un trip à la Nemo par les créateurs de Shrek ! Et Hans Zimmer aux percussions, de surcroît, qui se colle à une tâche légèrement en aparté de ses précédents succès (hip hop, rnb, etc). Sans parler du casting-voix à tomber par terre. Bref, un joli dossier sur lequel il était bon de parier, bourré de référence, pourtant largement en retrait de la scène de l'animation contemporaine...
Don Lino, requin respecté et grand parrain de la mafia des océans, s'apprête à passer la main à ses deux fils. Le premier, Franky, est un tueur implacable digne héritier de son père ; le second, Lenny, ne supporte pas l'idée de devoir faire du mal à qui que ce soit. Alors que l'aîné cherche à décoincer son frère, il tombe tout deux sur Oscar, sur le point d'être mis à mal par les deux gros bras de son employeur. Par un heureux coup du hasard, une ancre étalera Franky un instant avant que celui-ci ne dévore le pauvre petit poisson, qui voit rapidement un moyen d'en prendre parti : crier sur tout les récifs, cadavre de requin à l'appui, qu'aucun squale des océans ne peut rivaliser avec lui...
Si le Monde de Nemo faisait dans la douce guimauve de haute technologie dopée à l'inventivité made in Pixarienne, l'alternative Dreamworks se la joue parodie bariolée à tendances un peu agaçantes. Son concept : pousser encore plus loin celui de Nemo en transformant l'océan en un vaste assimilé de New York, sans oublier d'y inclure toutes les petites excentricités que l'on pourrait y associer. Ce qui n'aura vraisemblablement pas rempli des cahiers, à en croire le relativement pauvre univers synthétisé sur les écrans. Pire, son héros à nageoires se retrouve calqué sur le Will Smith des mauvais jours, un moulin à paroles caché sous le nom d'Oscar, dont le plus grand rêve est de porter des lunettes noires avec une casquette fashion et un gros collier de 10 kilos. Le genre de trip bancal qui aurait pu mettre Gang de Requins sur la touche en même pas une mi-temps. Fort heureusement, tout n'est pas aussi aigre-doux. Car, même s'ils ont des hauts et des bas sur l'échelle alimentaire, la familia des requins façon Parrain à de quoi plaire à défaut de faire peur. Le vice est même poussé jusqu'à donner des airs de ressemblance entre la marionnette et le doubleur, évident pour certains (Robert De Niro en parrain, Will Smith, Martin Scorsese), beaucoup moins pour d'autres (Renée Zellweger, Jack Black, Angelina Jolie). Un clin d'oeil plutôt sympa, sorte d'attire l'oeil pour un produit qui cherche avant tout à attirer un public, conscient de ne pas avoir les épaules (et surtout pas le scénario miracle) pour rivaliser sur la scène numérique. D'abord avec Pixar, évidemment, mais surtout avec les productions issues du même moule (les Shrek).
Un divertissement tout public en forme d'huître refermant parfois quelques petites perles pas abominables pour deux sous, néanmoins pas suffisantes pour justifier un tel gâchis de place. L'aspect technique, s'il reste correct, et l'histoire, très tournée parodie, se montre en deçà de tout ce qui a pu se faire jusqu'à présent dans le monde de l'animation assistée par ordinateur, à se demander si le même département était vraiment à l'origine de Shrek...
P.S. : Les plus attentifs reconnaîtront la voix d'Eric Judor (du duo Eric & Ramzy) attribuée au héros du film, qui n'hésite même pas à coller de temps en temps quelques unes de ses propres répliques de film (Tour Montparnasse Infernale).