9/10Fantômes contre fantômes

/ Critique - écrit par riffhifi, le 28/06/2007
Notre verdict : 9/10 - Jackson five (Fiche technique)

Tags : fantomes film peter jackson contre films fantastique

Jackson five

Après avoir repoussé les limites du gore avec ses splatter movies Bad Taste, les Feebles et Braindead, Peter Jackson montra en 1995 qu'il pouvait naviguer dans un cinéma plus traditionnel avec autant de brio : Créatures célestes est donc remarqué de Robert Zemeckis, qui propose au réalisateur de revenir au fantastique pur en écrivant un épisode de la série TV Les contes de la crypte. Jackson, frustré par son scénario refusé d'un film de Freddy, décide de se lâcher et rédige avec sa femme Fran Walsh un script tellement touffu que Zemeckis lui propose d'oublier le format 25 minutes et d'en faire un long métrage pour le cinéma.
Ce sera le premier long métrage américain de Peter Jackson et, comme on le sait, loin d'être le dernier...

Frank Bannister (Michael J. Fox) est exorciste : contre une rémunération grassouillette, il vient chasser les esprits qui s'amusent à hanter votre maison. Escroquerie ? Oui et non. Car si Frank a effectivement le don de voir les fantômes, il est également de mèche avec trois d'entre eux pour arnaquer le client. Un jeu bien inoffensif... jusqu'au jour où Frank se découvre une nouvelle capacité : celle de voir la Mort au moment où elle frappe ses victimes !

Frank et ses amis d'outre-tombe
Frank et ses amis d'outre-tombe
De ce postulat déjà vicieux, échafaudé par le couple néo-zélandais alors qu'il allait chercher du lait à l'épicerie (anecdote inutile mais véridique), il y avait moyen de tirer un SOS fantômes à la sauce gore, qui aurait déjà ravi l'amateur moyen de Braindead. Mais Peter Jackson ne s'arrête pas en si bon chemin : intéressé par la comédie, mais également par l'intrigue policière qui traverse le film, il mêle les genres avec un bonheur qu'on ne retrouve nulle part ailleurs dans sa filmographie. Thriller, comédie burlesque et fantastique  démonstratif (les effets spéciaux constituent un galop d'essai extrêmement concluant pour la firme WETA) se télescopent avec harmonie, donnant au film un équilibre parfait entre spectacle et intrigue, divertissement et réflexion sincère sur la mort et ses répercussions sur les vivants.

Fidèle (il le restera) à sa Nouvelle-Zélande natale, Peter Jackson réunit donc chez lui un casting de semi-stars hétéroclite mais réjouissant : Michael J. Fox (entre Retour vers le futur et Spin City) en medium malhonnête et angoissé, Jeffrey Combs (l'anti-héros psychopathe de la série des Re-animator) en agent du FBI complètement cinoque, Dee Wallace-Stone (la maman de la famille dans E.T.) en quadragénaire séquestrée par sa mère, et R. Lee Ermey (le sergent-instructeur de Full Metal Jacket) dans une savoureuse autoparodie du rôle qui l'a rendu célèbre. Sans oublier John Astin (le Gomez de la Famille Addams des années 60) en cowboy fantôme excessivement décati. Ce casting, il se fera un plaisir de le plonger dans l'ère des effets spéciaux modernes, sorte de répétition du Seigneur des Anneaux et de King Kong : ainsi, certains acteurs ne partagent pas un seul plan lors du tournage, les fantômes étant intégralement filmés sur fond vert... L'équipe technique opère un travail monstrueux, répétant des mouvements de caméra à l'identique à plusieurs mois d'intervalle, pour satisfaire les exigences de Peter Jackson en termes de découpage. Le résultat est irréprochable.

Sans être le film le plus accessible de son auteur, Fantômes contre fantômes (titre français faiblard pour traduire l'intraduisible Frighteners - littéralement les Effrayeurs) remporte l'adhésion des amateurs de comédie fantastique et de cinéma gothique, aidé en partie par une musique somptueuse signée Danny Elfman. Celui-ci, qui sortait de la bande originale de Mission: Impossible, a pris un plaisir évident à revenir à son genre cinématographique de prédilection : l'humour macabre.

Ayons une pensée reconnaissante pour Robert Zemeckis, qui a su libérer Peter Jackson du carcan des Contes de la crypte pour laisser exploser la créativité du jovial barbu...