9/10Eternal sunshine of the spotless mind

/ Critique - écrit par Kassad, le 11/10/2004
Notre verdict : 9/10 - Tout simplement éternel (Fiche technique)

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Tout simplement éternel

A quoi pouvait on s'attendre de la collaboration de Charlie Kaufman, scénariste de l'étrange Dans la peau de John Malkovich, et de Michel Gondry, célèbre clippeur devant l'éternel (notamment du remarqué Human Behavior de l'album Debut). Bien malin qui aurait pu le deviner... Si vous ajoutez à cette équation la présence de stars blockbustériennes type Jim Carrey, Kate Winslet, Kirsten Dunst et Elijah Wood, je comprends que la confusion vous gagne encore un peu plus quant au résultat de cette association. C'est bien un film étonant auquel il faut vous attendre puisqu'il s'agit d'une sorte de 5x2 version Nord-américaine. L'histoire à rebours d'un amour en commençant par la rupture.

Joël vient de se faire larguer par sa Clémentine. Et pas qu'un peu : songez que cette dernière a eu recours à une technologie toute récente pour effacer Joël de sa mémoire. La voilà prête pour recommencer une nouvelle vie. Joël ne supporte pas cette décision et décide de lui rendre la pareille en effaçant lui aussi Clémentine de sa mémoire. Mais au cours de ce processus il commence à regretter son choix. Débute alors pour lui l'ultime combat qui lui permettra de conserver ce qui lui est le plus cher.

Je suis sûr qu'après avoir vu ce film vous vous demanderez si le Jim Carrey que vous y avez aperçu est le même que celui de Bruce tout-puissant. Plus de grimaces ni de jeu caricatural, c'est une interprétation toute en finesse qu'il nous livre là, un ton au dessus du prémonitoire Truman Show. C'est la première pépite d'un film qui en compte beaucoup. Les autres acteurs sont eux aussi bons mais un ton en dessous c'est sûr (on notera tout de même l'hilarante composition de Mark Ruffalo en scientifique allumé de base, lui aussi à mille lieux du calamiteux In the cut).

La destruction des souvenirs commence du plus récent pour aller au plus ancien. C'est donc une histoire d'amour à l'envers, où rien ne nous est épargné, qui se déroule devant nos yeux. Cette disparition progressive prend l'allure d'une course contre la mort, car on sent bien que Joël, d'une certaine manière, meurt au fur et à mesure que la machine traque dans son cerveau la présence de Clémentine. Cela donne un aspect poignant à voir leurs premiers moments, qui deviennent les derniers instants qui restent dans sa mémoire, partir en charpie sous les assauts de la machine.

Ne vous attendez surtout pas à un déferlement d'effets spéciaux. Ce ne sont pas là que résident les joyaux de ce film, mais dans l'évocation toute bête des petits objets qui forment le quotidien et de quelles sont leurs places dans nos mémoires. Ce traitement d'une histoire d'amour sort vraiment de l'ordinaire et émeut par son caractère tragique. Il en résulte une oeuvre à la fois poétique et philosophique en ce sens qu'elle vous fera réfléchir sur votre identité, votre rapport aux autres et à l'amour.

Je dois dire que ce qui m'a le plus frappé dans ce film est sa fin. Ni gnangnan, ni désespérée, elle est un appel au courage et à la volonté. Si 5x2 termine sur un constat d'échec, Eternal Sunshine of the spotless mind est lui un vibrant appel à la détermination. Certaines choses valent tous les efforts, et même plus, même si vous savez que tout ne sera pas rose et parfait. Et si c'était à refaire ? J'y retournerais sans hésiter.