Doomsday
Cinéma / Critique - écrit par Lestat, le 07/04/2008 (Tags : doomsday superman batman johns comics film justice
Los Angeles est tombé en 2013. New York l'a suivi dans sa chute en 2019. Londres a été décimée en 28 jours. Privée de produits pétrolifères, l'Australie est un chaos sauvage. 2035, voici venir Glasgow et son virus mortel, prêt à jeter la mort sur l'Ecosse toute entière... Y a pas à dire, le futur, ça fait pas envie.
Los Angeles est tombé en 2013. New York l'a suivi dans sa chute en 2019, après un premier coup rude en 1997. Londres a été décimée en 28 jours. Privée de produits pétrolifères, l'Australie est un chaos sauvage. 2035, voici venir Glasgow et son virus mortel, prêt à jeter la mort sur l'Ecosse toute entière... Y a pas à dire, le futur, ça fait pas envie.
Alors que le genre post-apocalyptique glissait tranquillement vers la torpeur en attendant le quatrième volet de Mad Max, Doomsday arrive à point nommé pour réveiller le punk vociférant dans son buggy tubulaire qui se cache en chacun de nous ! Réalisé par Neil Marshall, qui avec son Evil Dead lycanthrope (Dog Soldiers) avait déjà prouvé un sympathique côté bisseux, Doomsday est un coup de fun rafraîchissant dont le sens du divertissement renvoie, dans un style différent, aux premiers films de Stephen Sommers. De la série B intègre, sans prétention, misant tout sur le capital plaisir.
Sans se préoccuper de son scénario et dans un accès de régression proprement jouissif, DJ Marshall mixe sans sourciller tout ce qui a été fait en la matière depuis vingt ans, des plus hautes références (Mad Max 1, 2, 3 , New York 1997, 28 jours plus tard) aux pires croûtes (le Beowulf de Lambert. Si.) en passant par quelques incunables comme Absolom 2022 (yeah !) ou les sous-madmax italien comme Les Prédateurs du Futur. De ce patchwork au rythme tourbillonnant surgit alors une anti-héroïne iconique à la Snake Plissken, des punks plus bariolés les uns que les autres, des véhicules rapiécés, du cannibalisme de bon aloi, du médiéval de carnaval et une épidémie aux effets caca-beurk renvoyant aux pustules de Planet Terror.
Partant de là, on pourrait presque regretter que Neil Marshall n'ait pas poussé le vice jusqu'à affubler ses punks de surnoms croquignolets, voire à titrer son film d'un apophtegme bien senti, genre 2035 après la chute de Glasgow. Pour autant, le réalisateur ne donne pas dans le catalogue. Si les références sont là, elles sont tout entières mises au service du projet. Pas de second degré rigolard ou de cynisme ici, Doomsday est peut-être l'hommage le plus sincère, généreux et authentique que l'on ait vu en cette période de nostalgie exacerbée. Si le film semble avoir été tourné par un gamin de douze ans qui mélange tout ce qu'il a aimé avec plus ou moins de bonheur, il a néanmoins pour lui des personnages bien trempés, un fil conducteur solide et une certaine beauté formelle contrastant agréablement avec son aspect foutraque. Incontestablement ludique mais souvent sombre, gentiment gore et doté d’un final à l’anarchie réjouissante, Doomsday gère sa dualité avec brio, n'oubliant pas de forger une certaine gravité entre deux tours de grand huit.
A la manière des bande-annonces racoleuses de l'ancien temps, résumons Doomsday comme il se doit : Horreur ! Suspense ! Aventures ! Action ! Car il y a de tout dans Doomsday, du Carpenter, du Romero, du Michael Bay, du Stephen King, du Alien, un méchoui humain sur fond de Siouxsie and the Banshees et des punks en kilt qui dansent le french cancan. Avec au moins trois films en un, Doomsday nous venge avec panache d'un Grindhouse bancal et honteusement coupé en deux. Ceux qui ne peuvent le voir en salle, ce qui permet d'apprécier son joli scope, peuvent d'ores et déjà préparer la sortie DVD en aménageant dans leur collection un trou entre George Miller et Umberto Lenzi... et en profiterons pour ranger Waterworld.