Die Hard 4 : retour en enfer
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 04/07/2007 (Tags : die hard film retour enfer mcclane john
Die hardware
La mode est au come-back tardif. Prochainement, Harrison Ford sera vu à nouveau sous le chapeau d'Indiana Jones, et il y a six mois Sylvester Stallone ressuscitait brillamment cette vieille ganache de Rocky Balboa. Aujourd'hui c'est au tour de Bruce Willis, qui endosse pour la quatrième fois le rôle de John McClane, douze ans après le précédent épisode. La presse semble unanime : le film est bon. Peut-on penser le contraire ? On peut, on peut...
McClane, divorcé et en froid avec sa fille Lucy, écope d'une mission nulle : escorter le pirate informatique Matt Farrell jusqu'aux fédéraux qui doivent l'interroger. Malheureusement, Farrell est impliqué malgré lui dans une opération de terrorisme qui le dépasse, et plusieurs centaines de sbires déchaînés veulent lui faire la peau.
Respire ou meurs dur, JohnLa première vraie déception vient de ce triste constat : John McClane n'est pas le héros du film. D'un point de vue narratif, on pourrait parfaitement se passer de sa présence, car le seul personnage qui comprenne quoi que ce soit aux évènements est cet insupportable morpion de génie informatique, interprété par Justin "Je ne sais pas fermer la bouche car je suis jeune" Long. McClane fait office de garde du corps pour le freluquet, à grand renfort de bastons musclées et de cascades explosives, avec une efficacité certaine mais une propension au ridicule (« Si je saute de ma voiture lancée à pleine vitesse, je suis sûr qu'elle va décoller et percuter cet hélicoptère ») qui n'aide pas vraiment à rentrer émotionnellement dans le film.
L'émotion, parlons-en : ce qui rendait les trois premiers épisodes attachants était essentiellement la personnalité de McClane / Willis : frondeur, déprimé, casse-cou à contre-cœur. Ici, il est réduit à une silhouette surpuissante, exécutant sans sourciller des prouesses insensées que Spider-man lui-même refuserait d'exécuter, et obéissant docilement aux ordres de ses supérieurs. Heureusement, le dialogue le gratifie de quelques-unes de ces vannes cordiales auxquelles il nous a habitué, notamment dans une scène qui bénéficie également de la présence hilarante de Kevin Smith.
Troisième reproche, et pas le moindre : si les adversaires immédiats du héros sont d'une brutalité et d'un professionnalisme irréprochable (notamment un impressionnant Yamakasi français), le chef des vilains en revanche est aussi transparent qu'un verre en cristal lavé au Paic citron, et ne véhicule pas une miette de la menace ou du charisme qui transpiraient de Alan Rickman et Jeremy Irons. Son organisation criminelle, bien qu'ambitieuse, laisse finalement plutôt indifférent en raison du peu de menace physique immédiate qu'elle fait peser sur les honnêtes gens de New York. Dans les deux premiers films, une poignée d'otages étaient à la merci des terroristes ; dans le troisième, New York était frappé de plusieurs explosions massives. Ici, on en veut à votre carte de crédit. Les seules personnes qui meurent dur sont donc les ennemis de McClane, qui auraient mieux fait de rester couchés.
Privé de l'inventivité, du suspense et de la gouaille des précédents opus, Die Hard 4 compense par une action non-stop et une intrigue jeuniste qui justifie pleinement le reproche adressé à McClane : « vous êtes une montre à remontoir à l'ère du numérique ». Rocky a su gérer son entrée dans le 21ème siècle, McClane l'a joué au racolage. Stallone : 1 - Willis : 0. En cas de Die Hard 5, merci de contacter John McTiernan. En attendant, Indiana Jones est demandé à l'accueil...