6.5/10Coup de foudre à Bollywood

/ Critique - écrit par Kassad, le 28/12/2004
Notre verdict : 6.5/10 - Bluette en bol (Fiche technique)

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Bluette en bol

Les productions cinématographiques offrent, comme les saisons, le spectacle d'un éternel recommencement. Pour les périodes de Noël il faut s'attendre à deux types de films : l'animation pour les enfants, Le Pôle Express, et la comédie sentimentale guimauve pour les parents (l'année dernière c'était Love actually). Pour 2004 vous avez le choix entre le retour de la blonde plantureuse (Bridget Jones 2) ou bien un film indien en provenance directe de la plus grosse de usine de production cinématographique du monde : j'ai nommé Bollywood. L'Inde est une (la seule ?) vraie exception culturelle sur notre terre. La preuve en est que toute les méga-world-company ont du s'adapter et se plier aux coutumes du pays contrairement à ce qui se passe ailleurs où c'est toujours l'inverse qui finit par se produire. De McDo à MTV, même la toute puissante industrie hollywoodienne n'a put s'infiltrer. L'Inde est peut être le dernier îlot (oui je sais en parlant d'un milliard d'habitants l'image de l'îlot est légèrement osée) de résistance véritable aux blockbusters made in USA.

Il faut donc vous attendre à plusieurs chocs culturels en vous rendant à Coup de foudre à Bollywood. Le premier est celui du scénario. Si je voulais être méchant je dirais que là c'est surtout le décalage temporel qui frappe : on se croirait presque devant une pièce de Molière. Vous voyez ce que je veux dire : tout tourne autour de mariages plus ou moins arrangés, plus ou moins forcés et tout finit bien. Donc en gros c'est l'histoire d'une famille indienne de Sandristar qui cherche à caser ses 4 filles à de bons partis. Ils reçoivent la visite d'amis Anglais et américains dont l'un est héritier d'un empire hôtelier et va s'amouracher de Lalita, la fille rebelle et impertinente, sa grande soeur elle va tomber amoureuse de l'autre, un indien, richissime aussi, vivant en plein Londres.

Je ne vous le cache pas c'est surtout l'aspect autoroutier qui ressort du point de vue scénario. Tout est bien balisé, les sorties, la vitesse, tout est contrôlé et annoncé des kilomètres en avance. Vous n'aurez pas de surprises sur le déroulement du voyage et ceux qui n'aiment que les films tordus type Old Boy ou Fight Club reviendront en deuxième semaine. Cependant si c'était pour le transport lui même que l'on partait en voyage on ne verrait pas tant de monde sur les plages de méditerranée en été. Pour Coup de foudre à Bollywood c'est la même chose : ce sont surtout le paysage et le climat qui comptent. Les premières minutes du film vous mettent directement dans l'ambiance. Si le cinéma couleur existe depuis la fin de la seconde guerre mondiale on peut dire que c'est en Inde que cette remarque anodine prend toute sa signification. La première chanson, il faut savoir que le film est un peu comme une comédie musicale avec quelques clips s'insérant entre les scènes, se passe sur un marché et on en prend plein les yeux : du jaune, du safran, du rouge, des voiles pastels qui volent dans tous les sens, des plats, des épices, c'est un tremblement de terre visuel. La scène de danse durant le premier mariage est elle aussi étonante. Qui a dit que le hip hop venait de New-York City ? La BO est un must pour les indian-beat dont elle regorge et dont nous ne sommes pas coutumiers.

Mis à part ces aspects "sensationnels", au sens littéral du terme, deux autres points sont à retenir. Le premier est l'humour, très fin quoiqu'un peu gras par instants, qui donne au film une légèreté bien agréable. Rien n'est jamais finalement bien grave et c'est un bonheur que de pouvoir vivre dans un monde aussi parfait... L'autre point qui ressort est ce sentiment de fierté d'eux même qu'on les Indiens : ils ne se définissent pas par rapport aux autres (les Américains et le monde occidental en gros) mais s'affirment plutôt dans leurs différences. L'Inde est un continent qui s'éveille, et qui aborde la modernité d'un point de vue différent du notre. Ils ne cherchent pas à nous imiter mais tracent leur voie vers le progrès selon leurs propres idées. C'est sensible même dans une comédie sentimentale de Noël.