Love Actually
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 14/12/2003 (Tags : love actually film amour films noel grant
Comme chaque moyen d'expression existant sur cette terre, le cinéma nous dépeint généralement la société humaine dans ses aspects les plus noirs et les plus dégoûtants qu'elle pourrait afficher. Terroristes extrémistes voués à je ne sais quelle cause destructrice et sanglante, étudiants coincés sur une île déserte pour s'entretuer avec toute la haine et la violence que cela implique, catastrophes humanitaires, guerres, meurtres, malveillance, égoïsme, le dictionnaire en est intarissable. Car, au large de toute valeur jugée un tant soit peu précieuse, le mal et le mauvais sens rôdent ; et la souffrance se distingue certainement comme l'unique sentiment commun qui régit notre monde.
Mais ce ne sera pourtant pas le sujet du présent article, malgré cette introduction déconcertante. Car la philosophie assumée par Love Actually y est profondément opposée, ceci dès les premières minutes. Vrai, la cacophonie perpétuelle de l'opinion publique soutient que le monde n'est qu'un vaste dépotoir dégoulinant de méchancetés et d'absurdités, et que la principale caractéristique de l'être humain en est certainement la haine qu'il peut vouer à son prochain. Mais en chaque chose existe l'amour. Aucune logique, aucun frein, l'amour est partout et frappe n'importe qui n'importe quand, submerge toutes les barrières, s'en va un jour pour en revenir un prochain encore plus fort. Ce que Love Actually va argumenter au travers d'une poignée de destinées heurtées à l'amour, qui vont se rencontrer, se quitter, se chamailler, et par-dessus tout, s'aimer.
Il ne s'agit pas de voir Love Actually comme un ersatz de comédie romantique complètement stéréotypée, mais comme l'aboutissement suprême du genre qui assume totalement ce qu'il est, rempli à en éclater des clichés habituels pour en devenir totalement exhaustif. Certains appellent ça guimauve ? Nous appellerons donc ça guimauve puissance dix, chaque petite rivière scénaristique se rejoignant en un colossale fleuve sentimental, et passant outre toutes les résistances pouvant se dresser sur son chemin. Car il est probable que chacun puisse se retrouver dans telle ou telle histoire, en être touché, se surprendre à en rêver, et à rejoindre le message global pourtant à la limite du puéril : l'amour, c'est beau.
Certes, on ne peut pas affirmer que tout le monde sortira de la salle encore extasié par une originalité finalement absente, ou par la crédibilité et le sérieux insufflé à l'ensemble, mais au fond, cela a-t-il une importance ? Le cinéma a pour but premier de divertir. Et c'est ce qu'il fait, non pas par le spectacle visuel, ni par la profondeur de sa problématique, mais en démontrant que les choses les plus simples sont certainement les plus belles, d'une façon, et aussi celles qui peuvent faire le plus souffrir, d'une autre. Et, appelons cela un hasard, il aura fallu que l'intrigue s'édifie sur les quelques semaines avant noël, et que la sortie du film soit programmée un 10 décembre. Magie de Noël, quand tu nous tiens...
Et si le film nous gagne à sa cause par le simple sentiment de bonheur qu'il nous procure, la note infligée se justifie néanmoins par le fouillis relatif perpétré par toutes ces petites histoires, qui, esseulées, sont finalement très superficielles. Certaines laissent même parfois un sentiment d'inachèvement, ou se font écraser par une autre nettement plus communicative. Tout logiquement, la romance de Hugh Grant et sa secrétaire un peu ronde passent au premier plan, secondé par Liam Neesson et son fils sentimentalement précoce, et par Colin Firth le mari désabusé attiré par une jolie Portugaise.
Un sacré tas de petites histoires d'amour souvent très simplifiées, qui évoluent tout au long des deux heures pour s'achever en un véritable feu d'artifice de bons sentiments, affirmant haut et fort que l'amour est le plus fort, et qu'il est souvent à l'origine de véritables folies. Notons les apparitions de Denise Richards, Monica Potter, Shannon Elisabeth, Rowan Atkinson, dans des rôles plus ou moins importants et parfois même déconcertants.
Ce qui fait de Love Actually « l'ultime comédie romantique » comme l'énonce si bien l'affiche, gavée des classiques du genre par la pluralité de son intrigue, mais d'une telle sincérité dans ses motivations qu'il est impossible de ne pas être touché par un message aussi optimiste, à défaut d'être crédible. Certainement pas une leçon de vie, mais une poignante lettre d'amour qui mérite les faveurs de ceux qui aiment, même s'ils restent parfois dans l'ombre.