Joue-la comme Beckham
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 09/12/2002 (Tags : film beckham comme jess gurinder chadha cinema
Qui a dit que le football était un sport réservé aux mâles poilus ne trouvant rien de mieux que de s'exhiber sur un terrain verdoyant en jetant son maillot dans une foule en délire ? Joue-la Comme Beckham remet les pendules à l'heure, ou tout du moins fait honneur à un sport snobé par la télévision : le football féminin. Pour une comédie, certes, puisque le personnage principal, Jess, s'écartèle entre le ballon rond qu'elle adore, et ses parents un peu arriérés.
Londres. Alors que sa soeur Pinky prépare anxieusement ses fiançailles, Jess (Parminder K. Nagra) ne pense qu'à une seule chose : le football, et plus particulièrement son idole, David Beckham. Mais ses parents, d'une famille indienne très respectueuse des traditions, ne l'entendent pas de cette oreille, et font tout pour la convertir en une jeune fille de bonne famille comme ils en rêveraient. Jusqu'au jour où Jules (Keira Knightley), attaquante d'une équipe féminine de Londres, repère le fabuleux talent de la jeune Indienne et lui propose d'intégrer la formation...
La bande-annonce ne cherchait pas à dissimuler quoi que ce soit d'autre : Jess veut jouer au foot, mais ses parents ne veulent pas. Fil conducteur bien maigre, qui va nous permettre de suivre l'évolution de la jeune fille au sein d'une équipe locale, et tout cela en évitant que les parents apprennent la vérité. Constant, le film l'est : c'est à peu près toujours « Jess fait du foot en cachette de ses parents », puis « les parents découvrent le pot aux roses et se lamentent », et enfin « Jess est sur le point d'abandonner, mais en fait non », un schéma reproduit trois ou quatre fois en 1h50 (!) Comédie oblige, le happy end cravaté est de rigueur, et réussit le quasi-miracle de tout concilier en quelques minutes. Bon, on s'attendait plus ou moins à tout ça (sauf peut-être la durée), alors personne ne se pendra de surprise, les yeux calcinés par autant de rayonnement imaginatif. Mais qu'on ne se méprenne pas, Joue-La Comme Beckham, s'il ne parvient jamais à s'écarter de la route déjà tracée de la petite comédie, ne tombe pas dans une niaiserie éliminatoire. Il paraissait impensable de ne pas doter le film de valeurs moralistes sur la prise en main de son destin, l'amitié/l'amour, tout ça, mais la part du gâteau reste assez minoritaire, même si le service est renouvelé régulièrement. Et si on écarte les deux premières minutes (un match de foot de l'Angleterre avec Parminder incrustée, assez laid à voir), la réalisation de Gurinder Chada s'en sort honorablement, appréciation également valable pour la paire de têtes d'affiche Parminder K. Nagra (dont c'est la première apparition) et Keira Nightley (pour l'anecdote, elle joue la suivante d'Amidala dans La Menace Fantôme, celle qui lui sert de doublure).
Joue-La Comme Beckham se sort moyennement de cette partie difficile, due certainement à une stratégie trop classique et peu agressive, malgré une équipe correcte et un entraîneur compétent (les amateurs de métaphores se régalent). Les situations comiques s'enchaînent avec la même saveur, et prêtent rarement à sourire. Moyen moyen.