Bienvenue à Zombieland
Cinéma / Critique - écrit par Lestat, le 12/12/2009 (Tags : film zombieland bienvenue comedie blu zombies films
Et si la fin du monde, c'était marrant ? Rythmé, bardé d'idées visuelles croquignolettes, ponctué par les constats ironiques du héros, le film contient bien quelques instants pathos vite désamorcés mais ne se départit jamais de sa bonne humeur.
Genre mordu jusqu'à l'os par quarante ans d'influence romerienne, le film de zombie avait connu en 2003 une petite bouffée d'oxygène par le biais de Shaun of the Dead, digression jouissive ayant trouvé la juste alchimie entre comédie, chronique douce/amère et déférence sans pour autant tomber dans la parodie. Sympathique ironie du sort, comme Zombie en son temps, le film a fini par engendré un mini-courant rigolo, baptisé un peu par défaut comme celui du sous-Shaun of the Dead. Parce qu'il n'engendre pas la sinistrose, le bien nommé Bienvenue à Zombieland y fut dont logiquement placé... quand bien même il se rapproche davantage, origines oblige, des errances comic-book d'un Retour des Morts Vivants que de l'espèce de distanciation flegmatique typiquement british des hurluberlus Edgar Wright et Simon Pegg.
Règle numéro 4 : Attacher sa ceinture
Le cinéma d'horreur a évolué depuis ses origines, et comme de juste, les films de morts-vivants d'aujourd'hui ne sont plus nécessairement les mêmes que ceux des années 60. Construit comme une sorte de version relax de Je suis une légende, ce qui ne manque pas de saveur lorsque l'on se souvient de l'influence de Matheson sur le zombie moderne, Bienvenue à Zombieland, avec ses zombies sous speed et ses ralentis frimeurs, se pose assez logiquement comme le contrechamp impoli de L'Armée des Morts. D'aucun diront que cela pendait au nez de Zack Snyder, cinéaste somme toute pas désagréable mais dont la lourdeur formelle n'appelait qu'à être tournée en dérision. Road-movie boîteux virant à la quête absurde du Twinkie perdu, Bienvenue à Zombieland nous présente pour sa part un duo sympathique en les personnes de Colombus, jeune ado complexé (mais débrouillard) aux règles de survie bien établies et Tallahassee, grande-gueule tonitruante bien décidé à exploser tous les non-morts présents sur sa route (voire sur les bas-côtés). Duo complété bientôt de deux jeunes filles -bandits de grand chemin. Un concept plutôt ludique qui n'est pourtant exploité, non sans une sympathique outrance, qu'aux extrémités du récit. Car les pérégrinations de ce quatuor restent bien le vrai propos de Bienvenue à Zombieland et c'est en cela que le film se rapproche finalement le plus de Shaun of the Dead, l'autoproclamée "comédie romantique avec des zombies". Et c'est alors, en lieu et place du défouloir attendu, que nous observons Colombus, nerd inadapté dont la caractérisation échappe à la plupart des clichés, retrouver sa place dans le monde, fusse-t-il rasé par la mort qui marche. De là, le personnage de Tallahassee, flingueur sans peur campé par un Woody Harrelson presque mythique, trouve une nouvelle justification, en servant à Colombus de tremplin pour assumer sa propre personnalité plutôt que de miroir fantasmé.
Règle numéro 2 : Toujours double dose
Pour autant, Bienvenue à Zombieland ne cherche pas vraiment à quitter les terres du divertissement amusant. Rythmé, bardé d'idées visuelles croquignolettes, ponctué par les constats ironiques de Colombus, Bienvenue à Zombieland contient bien quelques instants pathos vite désamorcés mais ne se départit jamais de sa bonne humeur. Très influencé par le domaine du jeu-vidéo (Dead Rising et Left 4 Dead en tête) voire du cartoon, le film finit par se fendre d'un dernier acte mémorable où toute la troupe démastique du mort vivant par grappes de 15 dans un parc d'attraction déserté. Une pépite qui, associée à d'autres - la première fille de Colombus, l'apparition ahurissante de Bill Murray...-, achève de faire de Bienvenue à Zombieland, un délicieux patchwork, frais, humble et aux protagonistes attachants. Le bonheur tient parfois à peu de chose.