Banlieue 13 - B13
Cinéma / Critique - écrit par weirdkorn, le 11/11/2004 (Tags : banlieue film david dvd ultimatum district image
L'action a bien lieu (plutôt 13 fois qu'une)
Luc Besson y tient à ses films d'action made in France. Comme à son habitude scénariste et producteur, il a laissé la réalisation au novice Pierre Morel, lui demandant un résultat nerveux et physique. Ce Banlieue 13 (puisque tel est son nom) se devait être un espèce de croisement entre Ong Bak et New York 1997. Au final, il faut chercher assez loin ces références et prendre B13 pour ce qu'il est : un film d'action pur et dur.
Question innovation, il ne faut pas chercher à regarder le scénario, uniquement prétexte à castagner et bondir telle une grenouille sportive d'immeubles en immeubles.
Le gouvernement, sûrement après avoir visionné New York 1997, décide d'emmurer des cités devenues trop incontrôlables. Logiquement, la loi du plus fort s'impose vite et certaines personnes continuent de lutter tant qu'elles peuvent contre cette gangrène des rues. C'est le cas de Leïto (David Belle), tous muscles dehors, prêt à en découdre contre les malfrats qui maltraitent sa soeur et son quartier. Un jour, pas de bol, une bombe nucléaire surveillée par un seul garde (louche tout de même) tombe au sein de la banlieue. On y envoie alors le superflic Damien (Cyril Raffaelli), aux muscles moins saillants, pour récupérer la méchante bombinette avec l'aide de Leïto. Bref, c'est classique, même idiot mais foncièrement rigolo.
L'action est de rigueur et il fallait trouver un tandem efficace, capable d'effectuer toutes leurs cascades eux-mêmes. Sur ce point, David Belle et Cyril Raffaelli sont vraiment impressionnants, à croire que la force de gravité leur est étrangère. Malgré des rôles qui auraient pu être échangés, le policier ayant un accent banlieue plus prononcé que son partenaire, leur jeu est tout à fait correct pour des acteurs sportifs avant tout (fini les excuses les Yamakasis).
C'est bien joli d'être très bon physiquement, encore faut-il que les scènes d'action soient à la hauteur de leur force. C'est effectivement le cas pendant la première moitié du film. Le début de Banlieue 13 est assez énorme, de l'action non-stop sur un rythme effréné, chose assez rare en France et bien loin de ce que les productions Besson nous avaient habituées. Le reste n'est pas de la même trempe, beaucoup moins nerveux et en perte d'intensité. Si tout le film avait pu tenir le rythme de départ, on aurait eu droit à une vraie grosse surprise qui aurait pu devenir un exemple pour tous les films d'action français. Malgré de belles chorégraphies, surtout au début, il manque tout ce qui fait la force des réalisations asiatiques entre les cascades hallucinantes à la Jackie Chan ou de vraies grosses scènes de baston. De plus, on ne compte plus les tant déjà-vu courses poursuites en terrain urbain (Luc, arrête avec ça s'il te plaît).
Même s'il se dégrade sur la fin, Banlieue 13 est un vrai film d'action, sans temps mort. L'atmosphère lugubre et un peu violente séduit et surprend, tout comme la réalisation bien nerveuse. Niveau effets spéciaux, rien d'exceptionnel si ce n'est que la moitié du budget affecté a du être utilisée pour le générique. Le pari est réussi niveau divertissement, il n'en est pas forcément de même pour le reste. A trop vouloir cibler un public jeune et plutôt de banlieue, on nous ressort comme sur les autres productions Besson de gros beat hip-hop (plutôt pas mauvais tout de même), une histoire autour des cités, un humour pas toujours réussi fait de répliques foireuses et des seconds rôles caricaturaux. L'aspect social et profond du récit est complètement ignoré, comme l'on pouvait s'en douter, malgré quelques dialogues moralisateurs autour de la défense des valeurs ou de ses origines.
Il faudra retenir le nom de Pierre Morel comme réalisateur, auteur d'un film bien nerveux et étonnant par sa première partie tournée à cent à l'heure. Le reste est plus difficile à avaler, moins inspiré et pas franchement très recherché. Cela dit, le spectacle est assuré et sans les quelques travers habituels des productions Besson, le résultat aurait pu être bien meilleur. Fans du genre et des films musclés, allez-y.