Bancs publics (Versailles rive droite)
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 10/07/2009 (Bruno Podalydès clôt sa trilogie versaillaise par un film choral agréable et léger, un plateau de tranches de vie où chacun est invité à picorer selon ses préférences.
Après Versailles rive gauche en 1992 et Dieu seul me voit (Versailles-Chantiers) en 1998, la filmographie des frères Podalydès (Denis et Bruno au scénario et devant la caméra, Bruno seul derrière) manquait d'une rive droite pour créer l'équilibre. C'est désormais chose faite, avec l'aide d'un casting vertigineux qui
Chantal Lauby, Florence Muller, Emeline Bayartévoque celui du Musée haut musée bas sorti l'an dernier. Pourtant, à y regarder de plus près, seuls les noms de Josiane Balasko, Pierre Arditi, Patrick Ligardes et Samir Guesmi apparaissent dans les deux génériques.
Les gens qui voient de travers pourront se dire que le film à sketches est bon pour les impotents du bulbe, ou que l'approche théâtrale des Podalydès s'adresse aux littéraires ventripotents. Mais c'est une absurdité, car à la vérité il n'a pour but notoire que de divertir quelques temps les spectateurs réceptifs aux tranches de vie finement observées.
Chez les Podalydès, on se bécote peu sur les bancs publics, et nul ne se dit de « je t'aime » pathétique. La rupture rend loquace, en revanche, et tous les protagonistes ont des petites gueules bien sympathiques : des enfants turbulents aux vénérables messieurs joueurs de backgammon (Claude Rich et Michel Aumont), des passants honnêtes (Florence Muller, pivot du film sous le nom de Lucie) aux deux malappris (Elie Semoun et Jean-Noël Brouté)... On regrette que certains ne fassent vraiment qu'un passage-éclair, justifiant à peine leur présence
Elie Semoun, Isabelle Candelierau générique : Thierry Lhermitte, Julie Depardieu ont tout juste le temps de montrer leur museau avant de disparaître du film.
Le papier bleu d'azur que revêtira la chambre à coucher se trouve au BricoDream tenu par un chef d'équipe dirigiste interprété par Bruno Podalydès lui-même ; son équipe de bras cassés hétéroclites est composée de Denis Podalydès, Samir Guesmi, Patrick Ligardes, Olivier Gourmet et Laure Calamy. La boutique de bricolage, visitée entre autres par Bruno Solo, Michael Lonsdale, Benoît Poelvoorde et Catherine Deneuve, est un des trois décors principaux du film, avec le bureau de Lucie peuplé par Chantal Lauby, Josiane Balasko, Michel Vuillermoz, Pierre Arditi et Hippolyte Girardot, et le square traversé par Vincent Elbaz, Nicole Garcia, Mathieu Amalric, Chiara Mastroianni, Emmanuelle Devos, Didier Bourdon et la sainte famille machin. L'aspect résolument théâtral de ce découpage en trois actes est appuyé par le côté très écrit des dialogues, que les acteurs délivrent scrupuleusement. Chacun est dans son rôle, il n'est pas question d'utiliser à contre-emploi les comédiens en présence, qui exécutent chacun leur performance habituelle avec spontanéité : Elbaz en éternel ado, Eric Elmosnino en pleine répétition de son rôle de Gainsbourg, Bourdon en beauf bedonnant... Il est
Denis Podalydès, Bruno Podalydès, Samir Guesmid'ailleurs presque surprenant que ce dernier n'ait pas été confronté à ses deux compère Inconnus Bernard Campan et Pascal Légitimus, tous deux présents dans le film de façon séparée.
« C'est bon de glander »
Le film est drôle sans se forcer, ne raconte rien de précis (il y a bien un début et une fin, avec l'histoire de « L'homme seul », mais pas vraiment de milieu), et ne prête à personne de propos réellement venimeux. Mais l'ambiance est sereine, cocasse, traversée de quelques trips surréalistes comme la machine à café géante ou la séquence de menuiserie filmée comme un épisode d'Urgences... Quand les mois auront passé, quand le ciel se couvrira de gros nuages lourds, on s'apercevra peut-être émus que c'est devant ces fameux bancs qu'on aura vécu le meilleur morceau du mois de juillet.