7.5/1030 jours de nuit : Violence nocturne

/ Critique - écrit par enihprom, le 22/07/2011
Notre verdict : 7.5/10 - Une bien belle nuit (Fiche technique)

Tags : nuit france code nocturne nocturnes police ville

Sam Raimi livre enfin un bon film d'horreur par l'intermédiaire de sa maison de production, Ghost House Picture. Jadis l’emblème du cinéma d'horreur indépendant grâce à son Evil Dead qui hante encore certaines personnes, le bougre s'était fourvoyé quelques temps avec des productions hollywoodiennes qui ne ressemblaient clairement pas à ses débuts (à l'instar d'un certain Peter Jackson). Heureusement, 30 jours de nuit, avec David Slade aux commandes, vient remettre les pendules à l'heure.

30 jours de nuit : Violence nocturne
DR.S’il y a bien un nom qui fait plaisir à tous les inconditionnels du film d’horreur, à plus forte raison lorsqu’il est crédité en tant que producteur au générique, c’est bien celui de Sam Raimi. Auteur des trois cultissimes et excellentissimes Evil Dead, le monstre sacré du cinéma indépendant attire toujours autant les regards malgré quelques petits égarements ci et là. En effet, ayant bâti sa réputation sur le gore burlesque, quelques fans du bonhomme avaient été déçus de ses dernières réalisations, en particulier les trois Spider-Man, ainsi que les résultats de sa propre maison de production, idéalement baptisée Ghost House Pictures, comme The Grudge ou encore Boogeyman. Mais ceux qui avaient déjà vendu le bonhomme comme étant perverti par les sirènes hollywoodiennes sont incontestablement dans le faux, et Sam Raimi le prouve de la plus belle des manières par l’intermédiaire de 30 jours de nuit, avant-dernier projet labélisé Ghost House Pictures. En proposant l’adaptation de la bande dessinée de Steve Niles et Ben Templesmith à David Slade (le réalisateur de Hard Candy), Sam Raimi opère un « coaching gagnant » puisque 30 jours de nuit lui permet de retrouver une légitimité dans le domaine horrifique, légitimité qu'il avait perdue au fil du temps.

30 jours de nuit : Violence nocturne
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Pourtant, la réussite de ce 30 jours de nuit ne découle pas directement de l’originalité du scénario, pour le moins banal. En Alaska, une petite ville ne va plus connaître que la nuit pendant trente longues journées à cause de sa position géographique. Une horde de vampires, ayant appris la particularité de l’endroit, s’y rend immédiatement pour voir s’ils peuvent se rassasier en chair humaine tout en étant couverts par la discrétion de la nuit. La suite ressemble plus ou moins à la plupart des slashers, c'est-à-dire le massacre en bonne et due forme des pauvres autochtones qui n’ont rien à se reprocher. A la rigueur, le synopsis un peu trop simpliste ne gâche pas le plaisir que procure la réalisation - littéralement somptueuse où chaque plan est conçu dans le but de nous en « mettre plein les mirettes », mais ce qui pose un véritable problème, c’est la notion du temps. Avec un film qui est plongé en permanence dans la pénombre de la nuit, il semble logique que la notion du temps ne soit plus aussi précise qu’à l’accoutumé. Mais au lieu de jouer là-dessus – ce qui aurait globalement renforcé l’oppression -, David Salde s’est obstiné à indiquer les jours sans réelle cohérence. Ainsi, lors de certaines scènes, on ne sait pas du tout ce qui s’est passé pendant une dizaine de jours, comme si le réalisateur s’était aperçu en cours de route qu’il ne pourrait pas faire tenir les trente jours en une heure quarante-cinq de film. Vraiment dommage puisque la crédibilité de l’œuvre en pâtit légèrement alors que les vampires sont une réussite artistique sans commune mesure.

30 jours de nuit : Violence nocturne
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Monstre fabuleux outrageusement mis en image sous toutes les coutures possibles et imaginables (en bien comme en moins bien), les vampires de 30 jours de nuit sont sans aucun doute possible la plus grande réussite du film. Gardant ce qui en fait des créatures redoutables et redoutées - notamment leurs longues dents acérées -, les responsables des effets spéciaux et des maquillages ont réussi à les rendre modernes sans côtoyer le ridicule, chose beaucoup moins aisée qu’il n’y paraît. L’autre écueil brillamment évité est l’humour, généralement assez lourd et pitoyable, de ce type de production. Vraiment glauque et malsaine, l’ambiance générale ne prête pas du tout à rire et se paie même le luxe d’être sérieuse, bien aidée par des acteurs en grande forme. D’ailleurs, lors des « phases psychologiques » du long-métrage (ça, par contre, on n’y échappe pas), la tension est maintenue durant toute la scène, empêchant ainsi de lâcher un quelconque rire malvenue dans des situations pareilles. 30 jours de nuit est donc une bien belle réussite et, accessoirement, une bonne surprise dans le sens où la plupart des mauvaises langues cataloguaient déjà le projet comme futur navet avant même de l’avoir visionné. Photographie impeccable, monstres charismatiques, plans ingénieux et tension crispante accouplés à une violence savamment sont autant de qualités qui font du film de David Slade un incontournable pour tous les fanatiques d’horreur ou les adorateurs du comic éponyme.