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4.5/10Showgirls

/ Critique - écrit par riffhifi, le 08/05/2008
Notre verdict : 4.5/10 - Show de vent (Fiche technique)

Tags : film showgirls verhoeven nomi paul drame elizabeth

Le ratage de Paul Verhoeven ? Et si on essayait de voir au-delà des apparences ? A défaut d'y voir un bon film, on pourra peut-être trouver dans Showgirls les clés du cerveau d'un cinéaste trop malin.

Universellement considéré comme LE navet de la filmographie de Paul Verhoeven, Showgirls se situe chronologiquement entre un Basic Instinct magnifiant l'usage de l'érotisme au sein d'un thriller et un Starship Troopers spatial proposant un spectacle pervers et pêchu. Apparemment situé dans la lignée du premier (avec lequel il partage le scénariste Joe Eszterhas), il semblerait pourtant être animé d'une logique comparable à celle du deuxième. Showgirls serait-il plus intelligent qu'il en a l'air ?...

Nomi Malone (Elizabeth Berkley, visage familier pour les spectateurs de Sauvés par le gong) fait du stop sur la route qui mène à Las Vegas. Elle y va pour devenir danseuse, et ignore qu'un long chemin de croix l'attend là-bas, semé de mensonges, de menaces et d'humiliations. D'autant plus qu'elle refuse d'être considérée comme une pute, ce qu'elle est pourtant inévitablement amenée à La tex-mex heat
La tex-mex heat
devenir dans cet univers...

A première vue, le film est raté. En lieu et place du cynisme teinté de provocation qu'on était en droit d'en attendre, Showgirls se répand en lieux communs au cours d'une histoire qui se paie le luxe d'être à la fois prévisible et décousue, sauvée du naufrage par la simple qualité des scènes érotiques que papy Verhoeven dirige avec une vitalité et un sens de la sensualité que personne ne songerait à nier. Les dialogues volent très bas, qu'il s'agisse des blagues graisseuses proférées par « Henrietta, la reine des gros nibards » ou des échanges simplets entre Elizabeth Berkley et Glenn Plummer à propos de leur « philosophie à la mord-moi-le-zob » (sic). L'ensemble de l'intrigue est une version topless de Fame, prétexte d'une série de chorégraphies énergiques mais peu sophistiquées, et le dernier quart d'heure semble tomber comme une natte de cheveux sur une soupe indigeste. Showgirls, ce n'est pas vraiment désagréable à regarder (pour le public masculin, en tout cas), mais ça laisse un goût d'amertume dans la bouche du spectateur habitué à plus de panache de la part d'un réalisateur surdoué.

Mais à y regarder de plus près, une deuxième lecture du film se révèle. Ne parle-t-il pas de Las Vegas, d'un monde de paillettes, creux et inutile, dans lequel le passé Quel imbécile l'a appelée
Quel imbécile l'a appelée
"Berk, laid" ?!
et le présent disparaissent dans un vortex qui aspire les âmes ? De la même manière, Showgirls est saupoudré de paillettes (les nichons), intrinsèquement creux (le scénario, les dialogues) et complètement inutile (il se termine là où il a commencé). Le film épouse son sujet au point de le devenir, dans une pirouette plus insensée encore que celle de Starship Troopers, dont la double lecture pourtant plus évidente échappera néanmoins à pas mal de spectateurs. Et en définitive, Verhoeven ne traite pas tant de Las Vegas que de sa propre expérience à Hollywood, en anticipant son issue de quelques années : venu d'ailleurs, sans passé (aux yeux du public américain), il a tenté au cours des années 90 de faire la danseuse en préservant son âme dans un univers de requins sans scrupules. Le jour où il réalisera qu'il est condamné à y faire la pute (Hollow man, 2000, film honorable mais au titre significatif), il rentrera au bercail (Black Book, film hollandais réalisé en 2006 après quelques années de repos)... Mais l'appel des sirènes le fera replonger prochainement !

Si l'analyse peut laisser dubitatif, une chose reste certaine : au premier degré, le film est assez mauvais. Mais il y a des nichons.