5/10Sex and the City 2

/ Critique - écrit par Nicolas, le 31/05/2010
Notre verdict : 5/10 - A bout d'habits (Fiche technique)

Tags : city sex film cinema carrie jessica parker

Un deuxième épisode plutôt inutile, produit pour montrer de l'argent et en rapporter. Bien que le scénario soit culturellement inexistant, l'humour reste tout de même bien présent.

Epouses et mères. Deux rôles bien définis qui ne sont pas pourtant pas si faciles à vivre au quotidien, Carrie et ses grandes amies commencent à s'en apercevoir. Alors que la vie de couple les démoralise un peu plus chaque jour, Samantha leur offre l'opportunité de partir tous frais payés dans le plus luxueux hôtel du moyen orient. L'occasion de vivre de nouvelles aventures...


Sex and the City, le premier film, semblait avoir porté un point final à la série et aux pérégrinations des héroïnes, devenues toutes plus ou moins casées - Carrie s'étant même fendue d'un mariage avec son Mr Big. Oui, nous pensions en avoir terminé, mais il faut croire que le filon pouvait encore être exploité, qu'il y avait encore quelque chose à dire. On se demandait même ce que le film pourrait contenir d'original, par anticipation ; et avec le recul, en l'ayant visionné, on se demande encore ce qu'il contient effectivement. Pour relancer la machine, les quatre scénaristes ont simplement greffé sur chacune des héroïnes une nouvelle problématique un peu légère censée les remettre en question et devenir le point de départ d'une nouvelle aventure. Samantha se bat contre la ménopause, Charlotte s'arrache les cheveux devant l'insupportable comportement de ses filles, Miranda cherche le bon équilibre entre vie de famille et boulot, et Carrie... Carrie, elle, vient de fêter ses deux ans de mariage et commence à regretter le célibat et la vie de paillettes, alors que Big chausse les pantoufles et regarde la télévision au lit. Pas de quoi faire un fil conducteur, et dans la première heure, le film ressemble davantage à un patchwork de scènes qu'à autre chose. Puis, en plein milieu, un voyage de rêve leur tombe dessus, l'occasion de se faire un petit carnaval de vêtements chics en plein Moyen-Orient. Autant cette opportunité semble sortir de nulle part, autant les « péripéties » que les quatre nanas subiront sur place ne semblent pas avoir été non plus le fruit d'une grande réflexion. Ce qui nous amène à dire que tout n'est qu'un énorme prétexte à prolonger la vie de Carrie et ses amies auprès du public, que chaque scène a été pensée indépendamment des autres pour amuser et distraire sans recherche d'une quelconque cohérence avec le reste du film ou la série, ou peu s'en faut. L'essentiel de la communication tient sur ce point : venez entre copines pour vous divertir, pas pour vous prendre la tête. Un peu comme les héroïnes.

L'autre élément de discussion pourrait être introduit en comparant les affiches des deux films. D'un côté, il y a deux ans, c'était titre rose pailletée sur fond noir avec les quatre personnages principaux tout en bas ; aujourd'hui, c'est argent étincelant avec paysage de rêve, robe de haute couture, et Carrie sur toute l'affiche. Sex and the City 2 se dote d'un budget grossi de 30 millions de dollars par rapport à son prédécesseur (95 contre 65 millions) et entend bien en faire étalage. Outre le déplacement à Abu Dhabi, reproduit dans les dunes du Maroc, les filles ne cesseront de défiler dans les accoutrements les plus extravagants qu'elles pourront trouver, même en plein désert. Si la série, évidemment moins bien pourvue, savait être mode sans pour autant être de mauvais goût, le film souhaite tellement en montrer que cal en devient indigeste. Bien sûr, la première classe aérienne des compagnies de grande classe, et les chambres à 22.000$ font rêver, il est difficile d'imaginer pouvoir trouver mieux pour des vacances. Mais tout cela reste contemplatif, ne sert pas vraiment à construire quelque chose si ce n'est à regarder avec un plaisir coupable les new-yorkaises se prélasser au frais de la princesse - ou plutôt du Cheik dans le cas présent.
Maintenant, en tant que sortie du dimanche, en groupe d'amies, Sex and the City 2 n'est pas un mauvais divertissement. Sa propension à briser les tabous capte notre attention, son humour parfois un peu trash nous amuse. Une polémique s'est déjà formée autour de la mise en dérision des mœurs musulmanes et du comportement très libertin d'une des héroïnes (je vous laisse deviner laquelle), et il est vrai qu'il peut être facile de s'en offusquer, tellement cette problématique semble être traitée par-dessus la jambe. La plupart des gags font néanmoins mouche, selon sa propre réceptivité, et il n'y a pas de doute qu'une fan inconditionnelle de la série s'amusera des tourments de Carrie et ses amis - et cela, même s'il pensera en fin de bobine que tout cela semble très vain.

Très superficiel, voilà ce qu'est devenu Sex and the City. Les situations n'ont aucun intérêt intellectuel, les filles se pavanent en robes de haute couture, flirtant sans arrêt avec le mauvais goût, et l'argent investi dans le film suinte dans chaque scène ou presque. Reste un divertissement assez honnête s'il est pris au premier degré, pas trop mal mis en image par Michael Patrick King, qui trahit un peu l'esprit de la série en cherchant à pérenniser une franchise juteuse.