Rien que pour vos cheveux
Cinéma / Critique - écrit par knackimax, le 09/09/2008 (Tags : zohan pour sandler adam film with mess
Le meilleur pour les fans d'Adam Sandler (qui sont rares) et l'humour pur pour les autres sur fond de conflit Israëlo-Palestinien. Le pire du tout avec un message qui décoiffe.
Zohan est la star de son pays. Il sait tout faire mais alors vraiment tout. Pour ne vous donner qu'un exemple ou deux de ses talents, il est capable d'ar
rêter une balle de revolver avec les dents comme d'attraper un poisson lancé dans les airs avec la seule force pure de ses muscles fessiers. Autant dire qu'il est capable du meilleur comme du pire, une vraie star sans bornes quoi. En bon Israélien qu'il est, il se dédie corps et âme à la guerre qui l'oppose aux voisins palestiniens. Mais voilà, Zohan en a marre de la reconnaissance sans borne qui anime sa machine à tuer pour sauver son peuple. Tel un messie, il feint sa mort pour faire quelque chose de plus grand dans sa vie : devenir coiffeur. Laissant ainsi la gloire à son Némésis palestinien, le Fantôme, il part pour New York pour danser le disco et vivre son rêve. Une petite coupe Avalon plus tard, le voilà travaillant dans un salon de coiffure palestinien dans l'équivalent de la rue des rosiers du Lower east side. Son identité secrète : Scrappy Coco.
Adam Sandler est un monstre, lui aussi capable du meilleur comme du pire. Il signe ici son trentième film en un peu moins de vingt ans et confirme une fois de plus sa capacité à
aller plus loin. Si on peut dire que Mr Happy Madison (Boîte de production née de la contraction des titres de ses deux premiers succès Billy Madison et Happy Gilmore) est un habitué des comédies légères et grasses, on peut lui découvrir un nouveau fond sous-jacent à ses dernières frasques. Si Spanglish était encore un peu trop sérieux et mou pour atteindre l'équilibre, Amour et Amnésie valait déjà le coup d'œil amusé pour sa fraicheur et le ton décalé mais pas trop que l'on avait du mal a imaginer venant du grand guignol. Quand Chuck rencontre Larry était enfin la pierre angulaire responsable de la mutation d'Adam Sandler vers la belle chrysalide qu'il devait devenir : le Zohan.
« Je veux le cheveux mais j'ai peur »
Comprenez par là que sur l'échelle d'Adam Sandler, ce film est un pur bijou non seulement parce qu'il correspond au meilleur de son génie comique mais aussi parce que le message du film est des plus engagés. C'est d'ailleurs une fois de plus
la puissance de la comédie qui permet d'aborder le sujet aussi directement avec autant d'efficacité. Le conflit Israëlo-Palestinien devient une cour de recréation géante que se partagent deux factions aussi drôles l'une que l'autre. Les blagues fusent, les insultes sont teintées d'un amour peu évident comme celui entre deux colocataires qui aiment se détester à l'image d'un conflit trop long à expliquer. De plus son personnage évolue. Il ne se contente plus de l'image du neuneu de service malgré une stupidité éternelle, magique et sans bornes. Adam Sandler devient enfin une sorte de chevalier blanc à l'humour pur et à la coupe de cheveux intégriste.
Si on prend une échelle un peu plus classique, le film a des faiblesses, mais vous passerez un bon moment ne serait ce que pour l'intégrité de son désir jusqu'au-boutiste et ses facultés zygomatiques pures et dures. Pour ne pas heurter votre
sensibilité si toutefois il vous reste des principes moraux fondamentaux, évitez de vous rendre dans la salle sans connaissance de cause. Si les actions dont la description va suivre vous rebutent d'avance, n'y pensez même pas. Les larmes de joie que je retenais en moi depuis si longtemps sont sorties de leur retraite anticipée dans les situations suivantes : Zohan qui mixe dans une soirée disco avec ses couilles après avoir transformé le DJ en bretzel humain, Zohan qui remercie ses clientes du quatrième âge au salon de coiffure en les prenant violemment dans l'arrière-boutique, le foot avec le chat pour faire la fête, le léchage de shampoing sexuel après massage du cuir chevelu (toujours avec les couilles malheureusement). Mais il y a aussi des choses plus softs comme l'uppercut du pied, le Fantôme et ses rêves de vendeur de chaussure, Adam Sandler avec une coupe des années 80, le retour fracassant du Disco... Donc certes de la lourdeur, infinie et perdue mais du bonheur aussi, leger et retrouvé.
La liste de la famille s'agrandit également avec la présence de Mariah Carey et de Chris Rock au côté des complices de toujours tels Rob Schneider, Steve Buscemi, John Turturro ou encore John McEnroe, ainsi que le récent collègue homo sous les traits du très bon Kevin James. Au delà des cameos, nous accueillons avec joie la très belle Emmanuelle Chriqui dont la présence illumine l'écran des mille feux de sa beauté céleste.
Adam Sandler reste donc fidèle à ses origines, mais se permet la grandeur là où elle n'est communément pas censée exister. Dans un monde de prétextes, il choisit le pire, pour nous donner le meilleur. C'est au moins assez admirable pour être souligné sans pour autant crier nécessairement au génie. Pour son public (petit et obscur en France) ce sera l'apothéose, et pour les autres une façon de rentrer dans son histoire sans trop de haine et peut-être même avec un peu d'amour. Une main vous est tendue, frappez-là de votre joue, vous recevrez l'autre dans la gueule et ça vous fera du bien.