Spanglish
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 08/03/2005 (Tags : spanglish langue anglais espagnol etats francais pays
Adam Sandler amorce dans Punch-Drunk Love, James L. Brook lui donne l'occasion de confirmer ce qu'il y a à confirmer. Passons sur les comédies « hénaurmes », monsieur Saturday Night Live veut maintenant du rôle, et du vrai. Spanglish, à la fois jeu de mot astucieux mais aussi véritable dialecte latino-américain, sera le théâtre de son deuxième coup d'essai dans la catégorie « comédie sentimentale », si l'on peut se permettre de qualifier le film ainsi...
Flor (Paz Vega) émigre en compagnie de sa fille Christina vers les Etats-Unis. Intégrées dans les quartiers latino de Los Angeles, elles passent six ans sans histoires, jusqu'au jour où Flor se rend compte que, pour le bien-être de sa fille, elle a tout intérêt à lui consacrer plus de temps et d'attention. C'est ainsi qu'elle se met à la recherche d'un travail moins absorbant, qu'elle trouvera en tant que gouvernante au sein de la famille Clasky. Seule difficulté : Flor ne parle pas un mot d'anglais....
A la manière d'une nounou d'enfer, on pourrait s'attendre au schéma maintenant assimilé de l'employé intégré à la famille, trait d'union entre les parents et les enfants, personnalité si distincte qu'elle mettrait en relief les travers du cocon et les pousserait à se rendre meilleurs. La bande-annonce semblait alors annoncer une comédie dans sa plus pure tradition, basée sur l'intégration et le choc de cultures, mais il est curieux de constater que rien de tout cela ne se vérifiera. Non, James L. Brook, le réalisateur de Pour le Pire et Pour le Meilleur (c'est marqué sur l'affiche) préfère s'intéresser à quelque chose d'autre, de plus abstrait, de moins descriptible. En tout cas, en version longue, puisque l'on dépasse nettement les deux heures. Les raisons d'une telle durée ? Aucune idée, mais quelle qu'en soit la logique, elle nous pèsera sur les épaules. On commence gentiment dans la comédie, sans chercher du côté de l'innovation, pour finir par se répandre dans le mélo un peu désordonné. L'élément qui marque le tournant décisif : Flor, notre jolie gouvernante mexicaine, se met en tête d'apprendre l'anglais pour mettre fin aux problèmes de communication. Et par la même, à ce qui donnait à Spanglish un peu d'intérêt. Ensuite, naufrage de larmes, perte d'identité, et démêlés familiaux, dans leurs formes les plus conventionnelles et les plus lourdes à supporter. Pas étonnant que l'on se retrouve à dépasser les deux heures, quand on décide de maximiser temporellement chaque scène. Un gros dégraissage n'aurait pas été de trop, assurément, pour la bonne tenue de l'ensemble. Curieux également de constater que le choix d'Adam Sandler, argument de poids quand on supposait Spanglish tenir de la comédie, ne fut motivé que par un souhait presque manifeste d'avoir en guise de père un visage sentimentalement un peu attardé et désespérément « à l'ouest ». Un gros contraste avec la mère, Téa Léoni, qui nous livre une composition poids lourd d'une hystérique indélicate, pendant que Paz Vega, souriante ou énervée, au choix, s'amende honorablement de son rôle relativement peu profond.
Un petit « choc des cultures » pas très bien placé sur l'échelle de Richter, qui débouche sur un « choc familial » pas mieux placé. En somme, rien de plus qu'une calme petite comédie (avec un petit c) teintée de romance plutôt pauvre et de quelques réflexions sur l'intégration et l'identité de soi.