6.5/10La Momie

/ Critique - écrit par Nicolas, le 04/08/2008
Notre verdict : 6.5/10 - Bandes de sauvage (Fiche technique)

Fini le papier toilette, place à l'ère informatique ! La momie la plus numérique de tous les temps nous explique, à travers la vision de Stephen Sommers, pourquoi les malédictions, c'est le pied...

Au même titre que les vampires ou les loups-garous, les momies dans le septième art ne datent pas d'hier. Le mythe se popularise au début des années trente, grâce au film de Karl Freund lui aussi baptisé La Momie (1932). Boris Karloff y incarne Imhotep, de retour parmi les vivants pour ressusciter sa bien-aimée également momifiée, Anck-es-en-Amon. Un squelette scénaristique que l'on retrouve dans la version contemporaine de Stephen Sommers.

Comme de nombreux films, La Momie fut précédé d'un buzz médiatique ciblant précisément ses effets spéciaux, celui-ci mettant en scène une momie décomposée plus vraie que nature, se mouvant de manière ultra-réaliste (puisqu'interprétée par un acteur bien réel, dont les mouvements furent capturés par ordinateur), et évoluant physiquement tout au long du film pour finalement redevenir humaine. Une prouesse technique, certes, qui accompagna une autre prouesse : extraire Brendan Fraser de sa filmographie très spécialisée, George de la Jungle en tête, et le transformer en héros aux yeux du public. Une opération difficile, plus ou moins réalisée avec succès, qui permettra à l'acteur d'obtenir certains rôles intéressants sans véritablement devenir une valeur sûre.

L'action débute en Egypte, au Caire. Evelyn Carnahan (Rachel Weisz) et son frère Jonathan (John Hannah) découvrent un objet mystérieux qui pourrait les mener tout droit à la cité légendaire d'Hamunaptra, et à son riche trésor. Le seul moyen d'en être sûr est de rencontrer le précédent propriétaire de l'objet, le légionnaire Rick O'Connell (Brendan Fraser), durement emprisonné dans une sordide prison égyptienne. Tous les trois ignorent encore que l'objet les mènera à une cachette abritant la momie d'Imhotep (Arnold Vosloo), victime d'une horrible malédiction...

Pendant la canicule, occupez-vous des mamies. Sinon, elles se vengent.
Pendant la canicule, occupez-vous des mamies.
Sinon, elles se vengent.
"MAMIIIE ! NOOOOOOOOON !"
Peut-on encore faire quelque chose avec le scénario type du revenant moisi avide de sang et de destruction ? Peut-être que oui, en mettant l'accent sur les effets spéciaux, et c'est exactement ce que fait La Momie. Industrial Light & Magic donne vie à la poupée de bandelettes avec une précision d'horloger. Même avec le recul et les progrès effectués depuis 1999, l'exploit est remarquable, tant la raclure égyptienne semble crédible et se reconstitue à merveille sous nos yeux hypnotisés. Pourtant, l'effet visuel ne fait pas tout, et il est intéressant de s'intéresser au mélange de genres qu'a occasionné La Momie, et que les scénaristes ont tenté de reproduire sur le second avec bien moins de réussite.
Car La Momie, c'est à la fois un film d'horreur light, un divertissement d'action honnête, et une comédie bon enfant. Un film d'horreur tout d'abord, misant sur les aspects macabres de son sujet, à savoir une malédiction assez tordue et une série de mises à mort assez atroces (le film introduit le fabuleux scarabée mangeur de chair, dévorant avec de petits bruits très enthousiastes tout morceau de viande se présentant à lui) ; Ainsi font, font, font, les petits mominettes...
Ainsi font, font, font, les petits mominettes...
un film d'action ensuite, opposant la momie Imhotep et ses sbires pas forcément plus vivants à Rick O'Connell et ses amis, au beau milieu d'une Egypte ravagée par les légendaires dix plaies bibliques ( = malédiction tordue) ; enfin, comédie parce que le trait d'humour conféré aux personnages a été tracé au marqueur, dotant Rick O'Connell d'un humour corrosif assez déplacé et Jonathan Carnahan d'un statut de bouffon plutôt efficace. C'est alors avec une certaine délectation que l'on contemple Brendan Fraser déclarer que la mission consiste à « Rescue the damsel in distress, kill the bad guy, save the world. » Ce qui sera le cas.

Bref, un sympathique film très pop corn où l'autodérision est de mise. Brendan Fraser offre une performance très correcte bien qu'un peu sur-jouée à son avatar Rick O'Connell, délivre quelques bons mots et donne de sa personne dans les nombreuses scènes d'action du film. Rachel Weisz et John Hannah excellent également dans leurs rôles de composition, à savoir respectivement la nunuche vaguement lettrée et le faire-valoir comique. La réalisation demeure correcte, soutenue par des effets spéciaux tip-top.