Modern Love
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 07/03/2008 (Tags : love modern prime video amazon saison amour
Une comédie romantique à l'ancienne, qui est donc loin de mériter son appellation de "Modern". Restent de beaux numéros d'acteurs et trices.
La comédie romantique est un genre aux codes bien identifiés, généralement mieux maîtrisé par les anglo-saxons que par les frenchies. Manifestement investi de l'idée qu'il pouvait réaliser un équivalent hexagonal de Tout le monde dit I love you ou de Love actually, Stéphane Kazandjian reprend le mot "love" et décide de le rendre "modern". En quoi est-il moderne ? On se le demande un peu, au vu de l'enfilade de clichés éculés que constitue le film...
Eric (Pierre François Martin-Laval) est un écrivain angoissé, auteur du scénario gnangnan de la comédie musicale Modern Love, dans laquelle deux tourtereaux synthétiques (Alexandra Lamy et Stéphane Rousseau) s'aiment en poussant la chansonnette. Mais dans la vraie vie, Eric a bien du mal à choisir entre son ex (Clotilde Courau) et son actuelle (Mélanie Bernier). De son côté, Elsa (Bérénice Bejo) cherche l'homme parfait, qu'elle trouve en la personne d'un collègue... forcément homo (Stéphane Debac).
Dire que les situations sont déjà vues serait un doux euphémisme. Kazandjian le sait sans doute, au point qu'il donne à ses personnages la conscience d'être les
Love dans Parisprotagonistes d'un film. Qu'il s'agisse des personnages du film ou de ceux de l'intrafilm (Lamy et Rousseau dans Modern Love, le film dans le film, vous suivez ?), les remarques du style « c'est comme dans un film » ou « je trouve qu'on fait un beau couple de cinéma » sont légion. Cette complicité un peu forcée sauve-t-elle un scénario cousu de grosse ficelle blanche ? Pas vraiment. Au contraire, elle donne l'impression que le scénariste-réalisateur a honte de son genre, et qu'il s'excuse de ne pas avoir réussi à en faire autre chose qu'un produit déjà vu mille fois. Dans le même ordre d'idée, on se demander à quoi peut bien servir cette idée de film dans le film, simple prétexte à mettre en scène des numéros musicaux sans revendiquer une vraie volonté de proposer une comédie musicale (« non mais là c'est pas mon film, c'est le film dans le film, c'est pour se moquer... »).
Love dans un toastSi le résultat parvient à distraire sans trop de problème, c'est incontestablement grâce aux acteurs, au premier rang desquels l'adorable Bérénice Bejo incarne une jeune femme au caractère très attachant, et l'ex-Robin des Bois Pef s'éloigne un peu de la naïveté traditionnelle de ses rôles. Stéphane Rousseau et Alexandra Lamy, baignant forcément dans la caricature, ont la chance d'hériter des séquences musicales plutôt sympathiques (bien que vite oubliées), et le casting de personnages secondaires est particulièrement efficace : Clotilde Courau en ex-copine destructrice, Kad Merad en pote ostéopathe ou encore Stéphane Debac en « homme parfait » prouvent que le cinéma français possède un vivier de talents qui méritent mieux qu'une galerie de clichés pour s'exprimer.